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L’art au service du Processus de paix en Colombie

Maria Bernal, Gabriela Rozo et Lorenzo Villegas, Bogotá  

 

En 2016, la Colombie a connu un tournant fondamental pour son développement avec l’aboutissement du processus de paix.  Après 50 ans de conflit armé, les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie) et l’Etat, ont signé un accord de paix qui prévoit une réintégration des ex-militants et une réparation aux victimes, porteuses d’un espoir de reconstruction des tissus sociaux en Colombie.  Pour accompagner et pour guider ce processus de guérison dans lequel des milliers de Colombiens sont impliqués,  l’art apporte  sa contribution à l’unification et à l’éducation.

 Tous les styles, les genres, les danses, sont acceptés dans ce projet, en donnant une grande diversité dans laquelle tout le monde peut trouver sa place. Ce sujet pose deux questions.  Comment l’art peut-il aider dans ce processus très important de guérison et de reconstruction, après un conflit armé de plus de 50 ans ? Et comment peut-on à travers l’art, créer une mémoire et pardonner ?

 

Source:    http://agenciadenoticias.unal.edu.co/detalle/article/el-arte-en-colombia-tambien-reflexiona-sobre-el-posconflicto.html

 

Tout d’abord, pour qu’un processus de paix et de reconstruction des tissus sociaux réussisse, il est primordial de ne pas oublier. Il faut pouvoir pardonner, ne pas rester dans le passé, vivre sans ressentiments,  il faut être tolérant et respectueux mais sans toutefois oublier. Pour la mémoire, l’art est le meilleur outil car il permet de rappeler des sujets sensibles de différentes manières, plus délicates et plus visuelles, mais qui transmettent également un  message  très important : celui du pardon, de la mémoire, et de la cicatrisation.

Prenons des exemples. Celui de « Guernica » de Pablo Picasso, dans lequel  le peintre représente une scène de violence extrême de la guerre civile espagnole. C’est l’une des œuvres les plus reconnues, utilisée comme outil pour la mémoire collective. C’est aussi le cas de « Masacre en Colombia » de Fernando Botero.

Outre son rôle d’outil au service de la mémoire, l’art agit sur la transformation des individus. En effet,  les artistes s’impliquent énormément dans la représentation plus ou moins stylisée qu’ils donnent des évènements. Beaucoup d’apprentissages sont  transmis par ce moyen en imprégnant les personnes, qui ne peuvent rester totalement insensibles à l’art.

On peut aussi considérer cet art comme un miroir de ce que nous sommes, ceci peut, parfois,  être un révélateur puisqu’il nous permet de voir réellement,  qui on est ou ce que l’on représente. A l’inverse, l’art peut aussi être mal perçu, car si les œuvres sont réalisées par des artistes qui n’ont pas réellement vécu la guerre, mais qui utilisent leur voix,  leurs opinions, leurs points de vue pour la représenter et se mettre à la place des vraies victimes, cela peut créer de la confusion. Sans le vouloir, ces artistes peuvent déformer la mémoire ou mélanger les faits, les sentiments et les opinions. Au final, les œuvres ne feront pas l’unanimité.

Dans une société en paix qui n’est pas trop marquée par la violence et le conflit, l’art peut déplacer des montagnes et produire des changements importants. Quand on parle d’un sujet comme la guerre, la violence, les atteintes à la vie humaine, il est souvent difficile de trouver les mots ou les façons de communiquer, mais le côté artistique offre une palette de genres, de manières de communiquer. Par exemple, il est possible d’utiliser des euphémismes pour que d’une certaine manière, l’on puisse délivrer un message qui produira un fort impact sur la société.

Mais dans une société soumise depuis longtemps à la violence, l’art perd sa force. Néanmoins le plus important consiste à transmettre aux générations futures, l’histoire, l’acceptation et le respect pour la culture.  Si cet objectif est atteint, c’est alors un grand pas vers la paix. En effet, les individus deviennent des citoyens plus tolérants, avec des idéaux et opinions qui peuvent se confronter sans avoir recours aux armes ou à la violence.

Un genre de théâtre appelé Théâtre Oppressé, est un art populaire, dépouillé des techniques les plus professionnelles et du langage élitiste, réservés aux spécialistes et aux initiés. Il donne cependant tous les outils nécessaires pour faire un théâtre où tous peuvent transmettre des messages, chercher des remèdes  aux sujets qui leur ont causé une douleur, ou bien tout simplement donner la possibilité d’entrer dans le monde de l’art pour connaître et pour expérimenter. A travers cette démarche, il s’agit de pourfendre l’idée que l’art est réservé uniquement à l’élite sociale. L’art peut et doit être populaire, et n’importe qui,  n’importe où doit pouvoir y avoir accès.

La « reconnaissance de l’autre » est aussi un point crucial qui aide au processus de pardon et de réconciliation, puisqu’elle peut faire en sorte que les auteurs des crimes expriment une opinion, présentent des excuses et fassent un pas en avant dans leur vie,  puisqu’ils font aussi partie du processus de réintégration et de reconstruction sociale dans lequel tout le pays est engagé. Dans le long processus d’instauration de la paix, de nombreux projets ont été réalisés, qui mettent en scène les victimes et les auteurs des crimes, car ils sont les acteurs clés de la réussite du processus de réconciliation. Ce sont en effet les personnes qui en connaissent le plus sur le sujet. Elles sont celles qui ont le plus besoin ce processus de paix puisque elles ont été les plus affectées par le conflit. Pour elles, l’art prend une grande importance dans leurs vies et dans le processus de guérison. C’est par exemple le cas des « Mères de Soacha », un groupe de mères dont les fils ont disparu durant l’époque des faux positifs (assassinats par  l’armée nationale colombienne de civils innocents, dans le but de les faire passer pour des guérilleros morts au combat). Ces femmes ont créé une pièce au  théâtre Tramaluna, où elles ont mis en scène leur terrible vécu, comme un thérapie, pour surmonter ces épisodes traumatisant qui ont épuisé  le pays et les familles.

Étant donné que l’art est un domaine qui a besoin d’un financement assez important, le maire de Bogota, Enrique Peñalosa, a débloqué un budget conséquent au service de la culture, pour promouvoir la création artistique chez les plus jeunes et les personnes engagées, et favoriser la réconciliation pendant les processus de paix.  De nombreuses bourses ont été accordées pour des écoles et des projets culturels et artistiques. Cependant, les zones plus affectées par le conflit, c’est-à-dire les zones rurales sont largement restées à l’écart du dispositif, faute de moyens suffisants pour permettre la réalisation des initiatives locales.  Il reste encore beaucoup à faire pour faire parvenir l’art dans les coins les plus éloignés des grandes métropoles.

On peut finalement s’interroger sur l’art, tel que la musique, le cinéma, le théâtre, la peinture (entre autres), et sa capacité à promouvoir la paix. Ce moyen n’est-il pas en réalité utopique et naïf ? Néanmoins, c’est sans doute la manière la plus innocente et la plus transparente que nous avons tous pour laisser derrière nous un passé de violence et de mort, et aller vers un avenir meilleur, porteur de développement économique, technologique, politique et social. Mais avec un devoir de mémoire, car il ne faut jamais oublier l’histoire du pays, si douloureuse soit-elle, pour qu’elle ne se répète plus.

 

Pour en savoir plus:

http://www.otraescuela.org/festival/to-perdon-y-reconciliacion-.htmlhttp://www.culturarecreacionydeporte.gov.co/es/convocatorias/bogota-le-apuesta-la-reconciliacion-traves-del-arte-y-la-culturahttp://librepensador.uexternado.edu.co/el-arte-un-camino-con-rumbo-a-la-paz/http://www.eltiempo.com/multimedia/especiales/el-arte-como-actor-en-el-proceso-de-paz/15925137/1/index.htmlhttp://proyectoculturalsur.net/el-papel-del-arte-en-la-construccion-de-la-paz/

 

 

 

Durante el año 2016, Colombia marcó un momento fundamental para su desarrollo, el fin del Proceso de Paz. Luego de 50 años de conflicto armado entre las FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) y el Estado, se firmó un acuerdo en el cual habrá una reintegración de los anteriormente militantes y una reparación a las víctimas. Con ello se espera pueda haber una reconstrucción de los tejidos sociales en Colombia. Para acompañar y guiar este proceso de sanación, en el cual miles de colombianos están involucrados, el arte trae una manera diferente de instruir y unir. Todos los estilos, los géneros, los bailes, etc. son aceptados, dando una gran diversidad a este tipo de proyectos donde cualquier persona interesada puede encontrar su lugar.  Una pregunta muy frecuente frente a este tema es, ¿De qué manera el arte puede ayudar a un efectivo proceso de sanación y de reconstrucción de un conflicto armado de más de 50 años? y ¿Cómo se puede crear memoria y perdón por medio del arte?

En primer lugar, es muy importante aclarar que para un proceso de paz y una reconstrucción de los tejidos sociales, lo más importante es no olvidar. Es poder recordar con perdón, con superación, con tolerancia y con respeto. Para la memoria, el arte es la mejor herramienta, permite que muchos temas sensibles o de gran importancia puedan ser recordados de maneras menos fuertes visualmente, pero que igual transmitan el mismo mensaje y que recuerden aquel evento de violencia o conflicto que pudo haber pasado. Esto lo podemos ver con el caso del Guernica, de Pablo Picasso, pintura en la cual el pintor representa una escena de violencia extrema durante la guerra civil española, es una de las obras más reconocidas y está siendo utilizada como herramienta de la memoria. También es el caso de Masacre en Colombia, de Fernando Botero.

Aparte de ser utilizado como esta faceta de utensilio de memoria,  el arte también es considerada como un transformador de individuos ya que muchos aprendizajes podrían ser transmitidos por este medio, llevando a causar cambios en las personas, tanto, que aprecian y son espectadores del arte, pero también para los artistas que se dedican a crear obras y a empaparse de los eventos que representan. También puede ser considerada como un espejo de lo que somos, esto puede en algunos casos ser una ventaja, ya que te deja ver en verdad quién eres o qué es lo que representas, lo que utilizas luego para mostrar la realidad.

 

O puede ser una desventaja, ya que es posible que al usar personajes o casos que las personas no han vivido personalmente, haga que haya una destrucción de esa memoria o una mezcla de los hechos sucedidos y las opiniones. Al hablar sobre un tema como la guerra, la violencia, el daño a la vida humana, muchas veces no se encuentran las palabras o las formas de comunicar, pero el lado artístico permite que haya una manera diferente de decir las cosas y se pueda hacer uso de eufemismos para, de cierto modo, dar un mensaje que pueda llegar a ser muy duro o de gran impacto en la sociedad. En cualquier sociedad donde la violencia y el conflicto no están presentes o no de una manera tan fuerte, el arte simplemente hace grandes cambios.

Pero el estar en una sociedad corroída por la violencia hace que esta pierda su fuerza. Lo más importante de transmitir a las generaciones es el conocimiento, la aceptación y el respeto a la cultura, esto puede llevar a un gran avance en la paz, esto hace ciudadanos más tolerantes, con ideales, que puedan compartir opiniones junto a otras personas, sin tener que acudir a las armas o a la violencia. Un género de teatro llamado el Teatro Oprimido, hace que las técnicas más profesionales y los lenguajes que en muchos casos solo pueden entender los especialistas se hagan a un lado y entregando todas las herramientas necesarias se pueda hacer un teatro donde todos puedan transmitir mensajes, superación a temas que han causado dolor, o incluso solo dar la posibilidad de entrar en el mundo del arte para conocer y experimentar. Esto se extiende a la problemática que muchas personas se plantean, si el arte es únicamente para las personas de altos recursos, pero se debe aclarar que el arte debe ser un arte popular donde cualquier persona, de cualquier lugar y que sin importar sus recursos, pueda acceder.

 

El “reconocimiento del otro” es también una cuestión que ayuda al proceso de perdón y recuperación, ya que puede hacer que los victimarios se expresen dando una opinión, pidiendo perdón y dando un paso adelante en sus vidas, ya que también hacen parte del proceso de reintegración y reconstrucción social al cual todo el país está subyugado. Por ejemplo, en los numerosos proyectos que se han hecho en el país a lo largo de los años que se estuvo haciendo el proceso de paz, las víctimas y los victimarios han sido parte fundamental de su ejecución. Siendo las personas que más conocen del tema, que más necesitan de este proceso ya que son las principalmente afectadas por el conflicto, demuestran que este proceso de sanación por medio del arte tiene una gran importancia y relevancia en sus vidas. Está el caso de las Madres de Soacha, un grupo de madres de personas que fueron desaparecidas durante los falsos positivos. Junto a Tramaluna teatro crearon una obra donde pudieron mostrar la situación y esta ha sido una de las técnicas que han utilizado para sobre llevar estos terribles episodios que carga el país y las familias.

Virus Tropical

Lucas DEVICENTE MACHILLOT, Bogotá 

 

 

Virus Tropical est un film animé colombien réalisé par Santiago Caicedo, sorti en salle le 17 Mai 2018, et inspiré de la BD autobiographique du même nom, écrite par Powerpaola.

Paola naît au sein d’une famille assez conservatrice dans les années 1980, dans la ville de Quito, en Equateur. Son père est un ancien prêtre, sa mère une voyante, et ses sœurs ne sont pas exactement ce que leurs parents espéraient. Elle sera éduquée avec des valeurs très catholiques et traditionnelles, et sa jeunesse sera une constante lutte pour son indépendance et une vie voulue dans un contexte difficile, plein de stéréotypes, mensonges et apparences. Une histoire qui se transforme bientôt en celle de la vie d’une femme latino-américaine, qui apprend à vivre avec l’écoulement du temps, passant d’un caractère doux pendant l’enfance, à une personnalité forte, féminine et intéressante qui se modèle à travers des expériences marquantes, au milieu d’un monde Latino-Américain en pleine évolution.

 

Pour commencer, l’écriture et l’histoire même sont captivantes: le vocabulaire et les expressions nous font connecter très rapidement avec les personnages, et souvent les discussions nous font entrer dans des débats compliqués et profonds, sans transformer aucun des personnages de la vie courante, en philosophes. J’arriverais même à dire que l’auteure du roman graphique transforme le quotidien et la vie simple que l’on vit tous, en quelque chose d’unique et d’importance suffisante pour en faire une œuvre majeure: elle donne une grande valeur à la vie de chacun d’entre nous. L’histoire est aussi bien réussie, en variant moments comiques avec d’autres plutôt angoissants ou tristes. D’autre part, il est vrai que celle-ci devenait trop longue à plusieurs reprises, et souvent l’intrigue prenait une tournure ennuyeuse ou encore même inutile, sans avoir aucun but sentimental ou narratif en plein milieu du long métrage.

Le graphisme, reprenant le style en noir et blanc du livre a un côté original, et rend le travail final encore plus remarquable. Il fait que le film soit un regard encore plus subjectif que ce qu’il aurait été s’il avait été filmé: le dessin nous force à voir le paysage que voit Paola et non celui de quelqu’un qui viendrait visiter sa ville, et nous montre les personnages tels qu’ils le sont à son égard. Pourtant, ces graphiques font que la troisième dimension et l’espace que propose normalement le cinéma soit extrêmement réduit. Il y a quasiment tout le temps des plans de face, qui se limitent à suivre les ordres de la BD. La première scène est la seule exception à ce petit inconvénient: la “caméra” ou regard, effectue un voyage à travers de nombreux endroits, et elle est vraiment agréable à regarder, et donne tout de suite un style spécial au film.

 

Il est également difficile de passer à côté de la musique: elle est excellente. Vraiment. Un pop Rock doux, avec des

paroles qui accompagnent la pensée de Paola, des sons qui éveillent des envies de vivre la vie de son plein gré, et une originalité surprenante. Elle nous plonge bien la tête dans un bain d’émotions, et fait que le film prenne une grande puissance tout au long de sa durée. Franchement rien à redire, c’est peut-être l’aspect du film qui m’a  davantage plu.

 

Finalement, le rendu final est très bien réussi, que ce soit pour les émotions qu’il réveille en nous lors de sa visualisation, ou encore tous les thèmes qui touchent les jeunes acteurs. C’est aussi une ouverture qui permet de s’immerger dans la vie des classes populaires en Colombie. Un bon film pour passer un bon moment en riant, en pleurant et en vivant une belle histoire d’idées adolescentes, de jeunes envies et de pulsions sentimentales.

EPL, le plus petit groupe de guérilleros colombiens

Louis G.K. Ferrand, Bogotá 

 

Preuve du grand nombre d’acteurs présents dans le conflit Colombien, l’EPL représente le plus petit groupe de guérilla marxiste encore actif. Qui est-il ?

 

L’EPL (Ejercito Popular de Liberación) ou armée de libération populaire en Français est aujourd’hui l’un des derniers groupes de guérilla opérant en Colombie. En effet, cette milice compte 152 combattants selon des sources gouvernementales colombiennes et elle est surtout présente dans le Département du « Norte de Santander », une région de Colombie à la frontière du Venezuela. La zone montagneuse où ce mouvement insurrectionnel est implanté s’appelle le Catatumbo, et il se trouve sur la frontière colombo-vénézuélienne ce qui représentait et représente toujours durant l’histoire du mouvement, une solution de repli pour les guérilleros. Cette milice n’est plus que le reliquat du mouvement du même nom qui fut démobilisé à hauteur de 95 % de ses effectifs en 1991. Les démobilisés ont formé le parti politique Esperanza, Paz y Libertad soit en français, Espoir, paix et liberté.

 

 

Ce nouveau parti politique actif surtout dans le département d’antioquia avait une influence importante sur le Sintraingro, qui était le syndicat des travailleurs des bananeraies. Syndicat qui regroupait près de 12 000 membres dans les années 90. En outre, le mouvement parvient à faire élire des conseillers municipaux dans toute la région productrice de bananes de Colombie. Ce qui lui conférait alors une certaine force politique.

 

A l’origine l’armée de libération populaire avait adopté une idéologie fortement marquée à gauche. Ils se revendiquent toujours aujourd’hui comme étant un groupe communiste, marxiste-léniniste mais également fait plus étonnant, comme un groupe hoxhaïste. Cette idéologie est issue de la guerre froide et précisément d’un ancien pays satellite de l’URSS, l’Albanie. Ce courant du socialisme se démarque par le fait qu’il prône une interprétation rigide du marxisme-léninisme dans sa version stalinienne et également par sa volonté de fermeture au monde extérieur. L’actuel EPN est dirigé par Bernardo Gutiérrez depuis 1991. L’on peut voir dans cela une illustration du dernier commandement du groupe qui prône un culte de la personnalité autour du dirigeant.  Il compta lors de son apogée près de 5.200 combattants ce qui lui conférait de facto la troisième place dans les plus grands groupes de guérilla en 1980 après les FARC et l’ELN. L’EPL était principalement financé par des séquestrations, des extorsions et du blanchiment d’argent, dans les régions d’Antioquia, de Caldas, de la Guajira mais surtout dans le Norte de Santander. L’armée de libération populaire fut à l’origine créée en 1965 pour combattre d’abord politiquement l’influence des grandes compagnies bananières, puis elle prit les armes à partir de 1968.

 

Les forces sécessionnistes de l’EPL qui continuèrent le combat contre le gouvernement et aussi contre les différents groupes et acteurs du secteur qu’ils soient paramilitaires ou guérillas ayant des idéologies proches, comme l’ELN, furent, en 1996, désignées comme guérillas rurales par les institutions internationales et le gouvernement de l’époque.

 

Intéressons-nous maintenant plus particulièrement à leur situation actuelle. En 2016, on assiste à un changement de cap idéologique. L’EPL s’est allié avec le groupe criminel « Los Pelusos », spécialiste dans la production de drogues. Fort de cette alliance, l’EPL a su écarter tous les autres groupes criminels dans la région du Norte de Santander et s’imposer comme le premier producteur de substances psychotiques de la zone. Une source de revenus bien rentable qui s’est vue complétée par le racket des émigrants vénézuéliens fuyant leur pays.  En 2017, l’EPL est toujours actif, principalement dans la zone du Catatumbo, zone du nord-est de la région Norte de Santander. L’armée populaire de libération a pu reprendre des zones laissées vacantes par des groupes FARC qui ont signé un traité de paix avec le gouvernement l’année dernière et déposé les armes. Selon la fondation des idées pour la paix en Colombie (FIP), l’EPL est l’un des principaux groupes armés “saboteurs de la paix” dans la région du Catatumbo et la paix n’y sera pas complète tant que l’EPL continuera ses actions, d’autant que d’après des paysans locaux, le groupe “n’acceptera jamais une capitulation”. Pourtant, un message circule actuellement dans la région du Catatumbo mentionnant la volonté des dirigeants du mouvement d’entamer des pourparlers avec le gouvernement.

L’EPL doit-il sa survie au changement de cap idéologique et à son alliance avec les groupes narcotrafiquants qu’il combattait auparavant ?

Le Petro : un Bitcoin Bolivarien ?

Louis G.K. Ferrand, Bogotá 

Cet article a été distingué par le jury 2018 d'étudiants de Sciences Po Poitiers,
 présidé par Valentine Duval, pour ses qualités synthétiques, sa facilité d'accès, et les
 réflexions qu'il suscite. 


(Avec l'aimable autorisation de Madame Dabène, responsable des relations internationales
 de Sc.Po Poitiers)

 

Le 20 février dernier a eu lieu au Venezuela un évènement important à l’échelle des crypto-monnaies. En effet, le président du Venezuela, Nicolas Maduro, annonçait lors d’une conférence de presse ce jour-là, le développement à l’échelle nationale de cette forme novatrice de monnaie : le Petro. Le Venezuela subit depuis fin 2014 une grave crise économique déclenchée par la baisse des cours du pétrole. Certains observateurs parlent d’une inflation de plus de 13000 %, depuis le début de la crise, pour la monnaie nationale, le Bolivar vénézuélien.

 

Pourquoi le Petro a-t-il été créé et quels sont ses effets sur l’économie ?

Cette crypto-monnaie a été créé pour contourner le blocus Américain, Blocus Étasunien qui est une interdiction faite par la cour suprême des Etats Unis, d’acheter et de transférer des actifs financiers vénézuéliens par des citoyens et entreprises américaines. Le Venezuela a donc annoncé le 20 févier dernier, en grande pompe, la prévente de cette monnaie en émettant 100 millions de Petro. 42 autres millions de Petro supplémentaires ont été mis sur le marché en mars. Cette monnaie électronique est indexée sur les cours du pétrole et adossée sur les réserves vénézuéliennes d’hydrocarbures. Son prix de vente était lors de la prévente de 60 dollars l’unité. Cela est possible du fait que les réserves de pétrole brut du pays sont énormes. On pourrait comparer cela au Dollar, avant Bretton Woods (1944), qui était à l’époque indexé sur l’or. Cette monnaie est novatrice du fait qu’elle est la première monnaie électronique à être émise par un pays, à l’échelle d’un pays entier.

Certains diront qu’il s’agit d’un moyen de gagner du temps car le pays est pratiquement en faillite. En effet, on estime la dette du pays à près de 150 milliards de dollars.

 

Avec le Petro, le contournement financier du bloc nord-américain permet au gouvernement Vénézuélien de pouvoir faire rentrer des devises étrangères dans l’économie nationale et ainsi tenter de relancer l’activité économique, minée par l’hyperinflation que subit le Bolivar (ci-contre).

 

Le gouvernement espère lever près de 6 milliards de dollars grâce au financement généré par le Petro. Financement qui permettrait d’engranger des revenus via la hausse des cours actuels et hypothétiques à venir du pétrole. En effet, actuellement les revenus vénézuéliens liés au pétrole sont trop faibles car le Venezuela a perdu une grande part de son accès aux marchés internationaux, ses capacités de production diminuent faute d’entretien des installations, et les prêts accordés par la Chine ont été gagés sur les réserves de pétrole du pays.

Malheureusement pour le gouvernement de Nicolas Maduro, les États-Unis ont réagi à ce contournement et ont rendu illégal, l’achat de Petros par les citoyens américains et entreprises nationales, interdiction valable également pour des investisseurs non Américains.

Et pour les Vénézuéliens, il n’y aura pas non plus de changements dans la vie domestique et quotidienne. Il faudrait pour cela qu’il y ait une confiance nouvelle dans les institutions gouvernementales et principalement dans la/les monnaie(s) émise(s) par le gouvernement. Les vénézuéliens cherchent désespérément à écouler leurs réserves de cash en Bolivars pour des billets en euros, dollars ou monnaies de pays voisins.                

                                                                                          L’équivalent de 20 Dollars US en Bolivars    Source : REDDIT

 

Le Petro représente-t-il, de par son émission par un état, le signe d’un changement majeur à venir : l’avant-garde d’une nouvelle ère financière et économique, celle des crypto-monnaies ? Récemment, le Kremlin annonçait également sa volonté de créer un Crypto-Rouble. C’est sans doute encore loin d’être suffisant pour remettre en cause l’hégémonie du Dollar comme réserve de valeur.

 

Emprisonnées pour fausse couche !

Camille Chavagneux, Bogotá 

 

Aujourd’hui, en 2018, des femmes sont emprisonnées au Salvador parce qu’elles ont avorté ou tout simplement parce qu’elles ont fait une fausse couche. Cela peut paraître incroyable, mais certaines d’entre elles purgent des peines de 30 ans de prison!

 

 

Voici un témoignage de femme, victime de la loi anti-avortement, détenue dans une prison à San Salvador :

« Je m’appelle Teodora del Carmen Vásquez de Saldaña, j’ai 34 ans. Je suis détenue ici depuis le 13 juillet 2007. » Teodora a accouché, au bout de 5 mois de grossesse, d’un enfant mort-né, dans les toilettes, sur son lieu de travail. Mais elle est accusée par la justice d’avoir volontairement avorté. « Comme la police a vu des traces de sang, ils les ont suivies et ont trouvé mon bébé dans la cuvette des toilettes. Ils m’ont accusé de l’avoir tué, c’est pour ça que je me retrouve ici. Malheureusement, ici au Salvador, les choses se passent comme ça. Celles qui sont incarcérées pour ce délit, c’est nous, les gens pauvres. Quand les gens ont de l’argent, ils ne sont pas incarcérés pour quelque chose comme ça. Dans vingt ans, je crois que je serais une vieille dame et j’aurai perdu ceux que j’aime le plus. Il s’agit de mes parents. ».

 

Teodora et des dizaines d’autres femmes ont déposé des recours qui sont en train d’être examinés.

Quand à l’avocat de Teodora, il continue à faire tout ce qu’il peut pour essayer de la faire libérer, mais en vain. Il raconte que si une femme l’appelle en lui disant qu’elle a fait une fausse couche, il lui conseille d’aller directement à la police et d’apporter le bébé mort. La meilleure chose à faire pour une femme pauvre dans ces cas-là, c’est de pendre un sac, de le mettre dedans et de l’apporter directement à la police pour dire : « Regardez, il m’est arrivé ça et je vous amène mon bébé ». Elle ira en prison mais pourra sortir au bout de 3-4 mois. Si une femme va à l’hôpital, elle sera condamnée, parce qu’elle sera accusée d’avoir provoqué l’avortement. C’est malheureusement terrible, inhumain, brutal, il n’y a pas de mot pour qualifier cela dans un monde « civilisé ».

 

Si la loi sur l’avortement est aussi dure au Salvador, c’est aussi à cause de la pression de l’Église catholique, qui est très influente dans le pays. La très grande majorité des fidèles pensent que l’avortement est un péché, que Dieu a donné la vie et ce n’est pas aux gens de décider quand l’interrompre, même en cas de viol ou de danger pour la mère. Le taux de grossesse chez les adolescentes est très élevé au Salvador : une ado sur cinq a déjà été enceinte. La conséquence de la loi qui interdit complètement l’avortement, c’est qu’elles doivent aller jusqu’au bout de leurs grossesses, alors qu’elles ne sont parfois que des enfants.

Libérée en février 2018, Teodora appelle à changer la loi anti-IVG. Elle va maintenant à son tour aider les 27 femmes encore détenues en prison, à cause de fausses couches indésirées par celles-ci.

Comment améliorer la vie des femmes au Salvador ? Une maison associative regroupant plusieurs organisations défendant les droits des femmes organise la résistance contre les lois répressives à leur égard. Aujourd’hui la loi sur l’avortement au Salvador est une forme de torture. Le suicide chez les adolescentes est l’une des principales causes de mortalité chez les jeunes mères. Les associations qui défendent le droit des femmes demandent la légalisation de l’avortement dans plusieurs cas : en cas de viol, par exemple ou s’il y a danger pour la vie de la mère. Ainsi, cela permettrait de commencer à faire évoluer les mentalités dans la population.

 

Pour plus d’information :

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/02/17/avortement-au-salvador-une-liberation-relance-le-debat-sur-la-legislation_5258286_3222.html

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/07/el-salvador-rape-survivor-sentenced-to-30-years-in-jail-under-extreme-anti-abortion-law/ https://www.sciencesetavenir.fr/sante/salvador-une-campagne-pour-autoriser-l-avortement-severement-puni_122353

Le problème du partage des terres en Colombie

Louis Ballongue, Bogotá 

 

La Colombie est un pays très riche en ressources naturelles (eau, minéraux, sources d’énergie, espèces végétales, etc…). La Colombie possède 50% des páramos du monde et abrite la deuxième plus grande biodiversité du monde. Enfin, le pays dispose de 2 900 km de côtes sur deux océans. L’agriculture n’est pas en reste puisque 43, 3 millions d’hectares sont dédiés à cette activité. Cependant, la répartition des sols y demeure extrêmement inégalitaire ! Faut-il alors redistribuer la terre?

 

Le problème de la répartition des sols, est une vieille requête des théories tiers-mondistes d’inspiration marxiste du 20e siècle, et présenté comme un frein pour le développement socio-économique et contre l’exode rural. C’est la raison pour laquelle ce point figure en première place des accords de la paix qui ont été négociés à la Havane. Sur les 43,3 millions d’hectares exploités par l’homme, 80% (soit 33,8 millions d’hectares) sont destinées à l’élevage extensif.  7.1 millions d’hectares sont dédiés aux cultures du café, de la canne à sucre et de la palme, dont la plus grande partie est exportée. Enfin, 5 millions de petits paysans se partagent le reste des terres cultivables, soit  1,4 million d’hectares. Leur production est essentiellement destinée à la consommation intérieure et représente 43% des aliments consommés en Colombie.

 

A l’autre extrémité, 0,4 % de la population possède 46% des terres. Les 33,8 millions d’hectares destinés à l’élevage  sont utilisées par  24 millions de vaches ce qui voudrait dire que chaque vache en Colombie dispose pour elle seule d’un hectare et demi de pâturage, pendant qu’en Hollande la moyenne est de 140 vaches par hectare. Ce problème retombe donc sur les 5 millions de paysans, qui dans leur grande majorité, vivent avec 200 000 pesos par mois (environ 65 US$),  ce que dépense, en moyenne, une personne à Bogotá pour ses transports mensuels.

En Colombie 15% des paysans sont analphabètes, 80% des enfants de paysans ne finissent pas l’école  secondaire et seulement 1% va à l’université. 60 % des paysans vivent sans eau potable et 85% n’ont pas de systèmes de tout à l’égout. 66% des paysans n’ont jamais reçu d’assistance technique, de machines et n’ont pas accès au crédit pour investir et accroitre leur productivité sur des exploitations trop petites. Comme si  cela n’était pas suffisant, le système de santé est quasi inexistant.

 

Les campagnes ont été très affectées par la guerre civile opposant l’État aux guérillas marxistes. 6 millions de réfugiés ont dû fuir la guerre pour prendre la direction des grandes villes.  Enfin, d’autre paysans ont été déplacés par les grandes multinationales minières qui consomment et polluent l’eau, devenue impropre à l’usage agricole.

 

Cette désorganisation des activités agricoles n’est pas sans conséquence. La Colombie doit aujourd’hui importer 10 millions de tonnes d’aliments par an, soit 99% des céréales, 80% du maïs et 50% du riz consommé. Le riz est importé des États Unis, des Philippines et d’Équateur. Le maïs  des États Unis, du Canada, et d’Argentine. Le paradoxe est que chaque année la Colombie importe aussi pour 242 millions de dollars en viande des États Unis et d’Argentine.

 

Ainsi, le problème de la répartition des terres en Colombie n’est pas seulement un frein pour le développement économique mais aussi un générateur  de pauvreté, d’inégalités, et par conséquent source de tension ou de guerre Un des objectifs principaux du processus de paix de la Havane fut de remédier en partie à cette situation. Le second, fut de récupérer quelques millions d’hectares supplémentaires, de nouveau exploitables du fait de l’arrêt des combats.

LOVE IS LOVE

Anaïs España, Mariana Zapata, Bogotá 

 

La youtubeuse Kika Nieto crée un malaise autour de la question LGBTIQ

 

Kika Nieto est une youtubeuse colombienne de 25 ans, avec une renommée mondiale. Dans une de ses vidéos, elle a accepté de répondre à des questions personnelles que lui ont posées ses abonnés.

Du fait de sa religion catholique, on lui a demandé sa position face à la communauté LGBTIQ. Avant de répondre à cette question, elle a dit qu’elle se sentait entrer dans la gueule du loup (« entrar en la boca del lobo »), une façon de dire que son point de vue risquait de créer beaucoup de polémique.Elle a déclaré:

« Je pense que Dieu nous a tous créés et a créé l’homme et la femme de sorte que l’homme soit avec la femme, et la femme soit avec l’homme, et c’est tout. Ce que nous avons fait après cela, soit un homme avec un homme et une femme avec une autre femme, je considère que ce n’est pas correct. Cependant, je le tolère, j’ai des amis gay, j’ai des amies lesbiennes, je les aime de tout mon cœur et si je suis complètement sûr de quelque chose, c’est que Dieu est amour et Il m’appelle moi à aimer les gens, sans les juger »

Le mot qui a fait éclater cette polémique a été « tolérer », puisque plusieurs personnes l’ont pris comme une offense et un acte d’hypocrisie de la sa part en tenant compte du fait qu’elle a des amis homosexuels. Les personnes qui se sont senties offensées n’étaient pas seulement ses abonnés, mais aussi ses propres amis homosexuels, comme la youtubeuse Matu Garcés avec laquelle elle a perdu tout contact après cette vidéo.

 

     

 

Plusieurs influenceurs colombiens, appartenant à la communauté, tels que Juan Pablo Jaramillo et Calle y Poché n’ont pas attendu pour exprimer leur opinion sur cette vidéo. « La responsabilité sociale est de savoir que vous avez les yeux de beaucoup de personnes sur vous et que vous influencez les autres à agir ou à penser d’une certaine manière. » a écrit Juan Pablo Jaramillo, gay, youtuber colombien sur son compte Twitter. « L’amour est amour, et aucun Dieu ne nous jugera pour nous aimer. Quelle tristesse de dire le contraire. » ont écrit Calle y Poché, couple homosexuel, sur leurs réseaux sociaux.

Le plus critiqué de cette vidéo n’a pas été l’opinion de Kika Nieto, mais le fait qu’elle a décidé de la partager de cette manière sur un site de très grande audience. Elle a exprimé son opinion, sans tenir compte de l’impact qu’elle pouvait avoir sur la communauté LGBTIQ, qui pourrait même ressentir que leur manière d’aimer est incorrecte. Ce cas illustre parfaitement les divisions de la société colombienne dans ce débat sur l’homosexualité. Comme influenceurs, les youtubers devraient être plus conscients de leur impact et de leur pouvoir, et les utiliser pour promouvoir le respect plutôt que l’exclusion.

Les enjeux du cannabis en Colombie

Nicole Mendieta, Sarah Quintana et Juan Martin Vargas, Bogotá 

 

Le territoire colombien a beaucoup souffert des conséquences du trafic de drogues depuis les années 80 et 90, mais il s’agit toujours d’un thème majeur dans les débats d’aujourd’hui. Depuis de longues années, le gouvernement a du faire face aux nombreuses pressions et manifestations en faveur de la légalisation du cannabis. Dans le pays, la production de cannabis constitue un marché noir milliardaire, deux ou trois grammes s’échangent à 30 000 COP (environ 10 USD).

 

Ainsi,  en 2016 la Colombie est devenue le quatrième pays latino-américain  à avoir légalisé la production de cannabis à but médicinal ou scientifique. Et une loi polémique sur la production de celle-ci fut approuvée dans la foulée.

L’effet fut immédiat. Ce secteur attire de nombreux investisseurs et, à partir de 2019, l’OICS (Organe international de contrôle des stupéfiants ou en espagnol JIFE) a laissé la voie libre à la Colombie pour qu’elle puisse produire de manière légale 40,5 tonnes de cannabis, soit un quart de la production mondiale.

Aujourd’hui, 21 entreprises nationales et étrangères ont le permis du gouvernement pour cultiver cette plante, pour avoir des laboratoires et pour manipuler,  sous la stricte vigilance de l’Etat, des dérivés du cannabis, comme par exemple des huiles ou sérums. Néanmoins, la vente de la plante brute n’a pas encore été approuvée.

D’après les experts, grâce à la position géographique du pays et de ses conditions climatiques, la Colombie est le lieu parfait pour la production de cannabis. Et son coût de production est entre 5 et 8 fois moins cher qu’au Colorado (USA), ou au Canada. Selon l’entreprise américaine Ackrell Capital, en 2025 la Colombie pourrait produire pour 1,5 milliards de dollars dans ce domaine.

 

La production et commercialisation de cannabis pourraient devenir un domaine de développement économique et social du pays, au regard des expériences internationales.

Aux USA, dans l’état de Californie, cette industrie a connu un grand succès. Le territoire est devenu le premier marché mondial légal du cannabis, et on estime que pour 2021, ce commerce devrait générer 5,8 milliards de dollars.

De son côté, l’Uruguay s’est doté d’une législation forte dans ce domaine. Depuis 2013, la loi nommée “Ley Marihuana” ou “Loi Cannabis” a été approuvée avec pour principal objectif le traitement de maladies, mais aussi la protection de la population vis-à-vis des risques qu’impliquent le commerce illégal et le trafic de drogues ; notamment, l’utilisation de substances psychoactives de qualité douteuse et l’incidence du trafic et crimes organisés (Articles 3 et 4 de la “Loi Cannabis”). L’Uruguay est ainsi devenu le premier pays d’Amérique Latine où il est possible d’acheter légalement du cannabis dans les pharmacies (en sachet de 5 grammes). Ce cannabis qui est produit par l’Etat uruguayen.

De fait, en Colombie,  depuis 2011 déjà, les consommateurs pouvaient porter un maximum de 20 grammes de cette plante sans être considérés comme délinquants.

 

Avec les élections présidentielles de mai 2018,  le sujet refait surface dans le débat politique, et est devenu un enjeu important pour les candidats, afin de gagner plus de voix. Et les courants de pensée sont bien différents.

 

Certains avancent que la consommation de cannabis est un problème de santé publique et que l’on devrait éduquer la population. D’autres vont plus loin en affirmant que la consommation de cannabis ne sert à rien et, que la légalisation de la détention personnelle,  n’a pas aidé à  lutter contre le trafic de drogue. Par conséquent, il faudrait la rendre illégale et son trafic passible de prison comme dans les années 90. Enfin, quelques-uns souhaitent que le cannabis soit légalisé pour une consommation à but récréatif dans des centres spécialisés (comme les “coffee shops” à Amsterdam).

 

Si cette idée était validée par le gouvernement colombien, la loi pourrait s’inspirer du référendum sur la légalisation de la drogue en 2016, dans l’État de la Californie qui est devenu emblématique. La loi y encadre parfaitement les pratiques. Par exemple, seules les personnes âgées de 21 ans ou plus sont autorisées à acheter le produit, 28,5 grammes par personne maximum, et exclusivement dans des magasins autorisés. De même, pour respecter la jeunesse, la loi californienne affirme que le produit ne peut pas être consommé dans une zone située à moins de 300 mètres d’une école ou d’un parc pour enfants. Enfin, la culture du cannabis est autorisée par les ménages, avec un maximum de 6 plantes cultivées.

En Californie, la légalisation du cannabis a été couronnée de certains succès. La violence de l’État envers ses habitants a beaucoup diminué (la police fédérale n’entre plus en conflit avec les consommateurs) et le marché noir a connu une forte chute. De même, de nombreux ex-trafiquants peuvent maintenant travailler dans ces domaines de manière légale et transparente.

 

Ainsi, la Colombie est un pays où 87% des consommateurs de substances illégales consomment du cannabis, avec une certaine tolérance des pouvoirs publics. Néanmoins le pays est encore loin de voir dans sa législation, l’approbation de la consommation du cannabis à but récréatif.

 

Le Bronx de Bogotá

Laura Cardenas et Judith Parenti, Bogotá  

 

Le Bronx est une rue située au centre de Bogotá. Autrefois, dans ce quartier, cette rue était résidentielle et commerciale. Cependant, après les années 1950, la situation s’est mise à se détériorer drastiquement. A tel point qu’il y a deux ans encore, le Bronx était le principal centre de consommation de drogues. Aussi connu comme “l’enfer”, on y retrouvait de la prostitution infantile, du micro trafic de drogues, et des assassinats. Trois mille personnes ont vécu dans cette rue, dans des conditions déplorables et constamment dans le danger.

 

 

  • Le Bronx de Bogotá, pas exactement comme celui de New York

Le Bronx de New York est un quartier aujourd’hui comme les autres, mais qui est réputé par son passé criminel. Cependant, celui de Bogotá, n’en est pas encore arrivé à ce stade de normalisation. Le 28 mai 2016, 2000 policiers ont envahi le Bronx afin de le vider. Après des échanges de tirs, des bagarres, de la confusion et 12 heures de travail acharné des policiers, la zone a été évacuée.  Les policiers ont été horrifiés par ce qu’ils y ont découvert, comme par exemple un crocodile, que possédaient les mafias de drogue et qui mangeait les cadavres des personnes qui ne pouvaient rembourser leurs dettes envers elles. De plus, les mafias possédaient de nombreux chiens pitbull. Une autre caractéristique de cette rue, et peut être la plus marquante, était son odeur, entre drogues, cadavres, et plus de 70 tonnes de poubelles…

 

  • Les perspectives d’avenir pour le Bronx

 

Que s’est-il passé après ce tournant du 28 mai 2016? L’odeur cadavérique a persisté, et les rats sont restés en grand nombre.

Depuis, la mairie de Bogotá a déployé tous ses efforts pour transformer la zone : 23 des 62 immeubles, qui formaient un de plus grands marchés de la drogue en Colombie, ont été démolis.

Les habitants se sont dispersés dans tous les quartiers environnants et depuis, cette zone est surveillée 24H/24 par des policiers.

 

 

Plusieurs idées ont été avancées après l’évacuation pour permettre au Bronx de ne plus jamais retomber dans l’état où il se trouvait. Le maire de Bogotá, Enrique Penalosa a proposé d’en faire un quartier des arts, autour de la musique, de la mode, du design, ou de la publicité. En plus, le quartier sera prochainement desservi par le Transmilenio, le service de transport de l’agglomération, assurant la mobilité pour les habitants du secteur. Aujourd’hui, grâce aux efforts de la municipalité, le Bronx de Bogotá devrait sortir de son isolement, tourner la page de son sinistre passé, pour se transformer en un véritable centre artistique, changeant radicalement l’image du quartier.

10 Anecdotes pour briller en société!

 

Alicia Sénéclauze, Bogotá 

 

Vous vous sentez dépassé par les discussions avec des personnes cultivées ? Vous avez l’impression de n’avoir jamais rien à dire de perspicace devant des adultes ? Aujourd’hui, je vous propose dix petites anecdotes qui pourraient vous faire passer pour quelqu’un d’intelligent. Des petits faits étonnants qui vous aideront au détour d’une conversation sur la pollution, l’Asie, l’astronomie ou encore l’Histoire…

 

1. La Thaïlande est l’un des pays avec la plus grande population de « Ladyboys ». On compte entre 10 000 et 300 000 travestis (Sam Winter, Professeur de Développement et de Diversité à l’université de Hong Kong en compte 180 000). Ce constat pourrait s’expliquer par le fait que cette société n’a jamais été colonisée. En effet, la Thaïlande est l’un des seuls pays à ne pas avoir vécu la colonisation, et n’a donc pas été trop imprégné de la rigueur du christianisme sur ce point. Le bouddhisme (religion majoritaire du pays) se base la tolérance et  le respect de la personne. Peu importe son identité sexuelle.

 

2. Toutes les planètes tournent dans le même sens sur elles-mêmes (dans le sens inverse des aiguilles d’une montre), sauf Vénus et Pluton. Il n’y a absolument aucune raison logique à ce fait.

3. Vous pensiez le communisme presque éradiqué de la surface de la Terre ? Et bien, non ! Nous comptons cinq pays encore considérés comme politiquement communistes : la Chine, la Corée du Nord, Cuba, le Laos et le Vietnam.

 

4. La longueur totale des vaisseaux sanguins dans le corps humain est égale à quatre fois la circonférence de la planète Terre, soit 160 000 km!

 

5. Au Japon, un des métiers les plus connus est celui de Seiyū, c’est-à-dire celui de doubleur.

Le pays étant le plus grand acteur dans l’industrie de l’animation (environ 60%), la place du doublage des personnages Animés a donc une grande importance. Les Seiyū sont à la fois des chanteurs et des acteurs ce qui fait d’eux le centre de nombreux fan clubs internationaux. C’est d’ailleurs un métier qui s’apprend puisqu’il existe 130 écoles spécialisées au Japon.

6. Christophe Colomb n’était pas le premier eurasien à fouler le sol de l’Amérique. Il y en a eu beaucoup beaucoup beaucoup. Par exemple, nous pouvons dire que des peuples asiatiques ont découvert le Nouveau Monde il y a quinze mille ans en traversant le Détroit de Béring : ils seraient les ancêtres des Incas, des Mayas, des Tayronas, des Kunas…

 

7. Il y a 195 pays dans le monde(en comptant le Vatican et le Kosovo) mais 200 monnaies. En effet, des pays ont deux ou trois monnaies. Par exemple, la Chine vit avec trois monnaies : le Yuan, le dollar de Hong Kong et le Pataca de Macao.

8. Les pays les plus heureux du monde sont le Danemark, la Finlande et la Norvège. Depuis de nombreuses années, ces pays se disputent la première place des classements faits par l’ONU et par le World Happiness Report. D’après les rapports, le succès des pays Nordiques se tiendrait dans les résultats élevés des revenus, de l’espérance de vie, du sentiment de liberté et de confiance que leurs populations éprouvent. La France est 23ème et gagne 8 places par rapport à l’année 2017 et les USA baissent de 4 places et descendent à la dix-huitième.

 

9. Une étude révèle que la gigantesque décharge qui flotte entre Hawaï et la Californie est de 1,6 million de km2, soit trois fois la taille de la France. On appelle d’ailleurs cette décharge le “sixième continent ”.

 

10. Pour finir, un peu de politique : 6 français sur 10  ne veulent pas qu’Emmanuel Macron se représente en 2022. Ce qui est moins que François Hollande à la fin de sa première année, où 8 français sur 10 ne voulaient pas le renouvellement de sa candidature. Les français reprochent à E. Macron de ne pas être assez proche du peuple, d’aller trop vite dans ses décisions et de ne pas rassembler la population. Cependant, il est considéré comme inébranlable dans ses convictions et ancré dans le réel et le quotidien.

 

Et voila, cela fait dix anecdotes pour votre culture Générale !

 

Mais cela ne suffit pas. Il faudra aussi vous livrer à un jeu d’acteur. Voici trois astuces à réaliser lors d’une discussion: Hocher la tête, mettre vos doigts sur le menton tout en le caressant et surtout, au moment de parler, regarder droit dans les yeux. Parce que même si vous racontez n’importe quoi, si vous avez un air confiant, personne n’osera vous contredire!

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