Archives de Catégorie: Planète

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Mexique 

 

Valentina Facey et  Marcela Sofia Florin, élèves de Terminale, Mexico

 

Au Chiapas, une culture qui cherche à se préserver

La déforestation incontrôlée menace les communautés indigènes du Chiapas qui tentent de se regrouper pour y faire face.

Situé au sud-est du Mexique, à la frontière avec le Guatemala, le Chiapas est un des États les plus pauvres du pays mais reste doté de très grandes richesses naturelles. Pour Alejandro Hernandez, coordinateur des forêts méso-américaines du Mexique, le Chiapas est le deuxième État qui dispose de la plus grande superficie forestière du pays. Deux de ses forêts les plus remarquables sont la réserve El triunfo, reconnue en 2015 par la BBC Earth comme « la forêt la plus magique du monde », et au cœur de la jungle de Lacandon, la réserve de Montes Azules, 331 200 hectares de terre maya, la biosphère la plus riche d’Amérique centrale, selon l’UNESCO. Mais ces espaces sont menacés comme l’attestent de nombreux groupes civils de la région qui dénoncent le pillage des actifs naturels de leurs terres et le harcèlement de l’armée mexicaine contre les communautés indigènes pour protéger les multinationales engagées dans des projets d’extraction des richesses naturelles.

                                  La forêt du Chiapas dans la jungle de Lacandon, photo CC BY

 

Une déforestation qui menace les communautés indigènes

Le Chiapas aurait perdu 55% de ses forêts, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) américaine The Nature Conservancy. Pour Marco Antonio Lara Ramirez, directeur commercial de l’ONG mexicaine Ambio, c’est « entre 30.000 et 45.000 hectares de forêts qui sont déboisés chaque année ». La déforestation s’est accentuée au début des années 2000 quand le président mexicain Vincente Fox lance le plan Puebla Panama, un projet de développement censé lutter contre la pauvreté, mais qui favorisa l’exploitation des matières premières de la région en encourageant l’implantation de multinationales. Depuis, l’exploitation des terres pour l’élevage, avec plus de 6.2% des surfaces du Chiapas qui y sont consacrées, selon l’institut statistique mexicain l’INEGI, n’a cessé d’accentuer le problème de la déforestation.

 

Dans la réserve de Montes Azules, plus de quarante-cinq communautés indiennes y résident. Et pour les ethnies Chiapanèques comme les Lacandones, les Choles et les Tzeltates, les forêts ont un rôle crucial dans leur identité culturelle. La déforestation provoque ainsi le départ des ethnies vers les villes afin d’y trouver de nouvelles ressources et cet exode menace ces différentes communautés.  Ainsi, la ville de San Cristóbal de Las Casas, capitale culturelle du Chiapas, connait une croissance de sa population de plus de 4% par an, selon l’INEGI, croissance due en grande partie à l’arrivée des migrations indigènes subies, estime l’institut mexicain de statistiques. Martha, qui travaille dans l’hacienda Don Juan de la ville nous explique que « les communautés indigènes comme le peuple des Lavandins vivent en pleine forêt tropicale, une forêt devenue constitutive de leurs traditions car elle fut le seul moyen au XVIème siècle de fuir les incursions militaires et religieuses des Espagnols. » La conservation de la forêt est devenue selon elle « indispensable pour conserver le patrimoine culturel du Chiapas ».

 

Le réveil des peuples indigènes

La désignation pour la première fois d’une candidate indienne à la présidentielle de 2018, par le Conseil indigène de gouvernement du Chiapas, réunissant des représentants de 58 peuples indiens, et de  l’Armée zapatiste, montre la montée en puissance de leurs revendications. La porte-parole María de Jesús Patricio, guérisseuse traditionnelle, connue sous le nom de Marichuy, a pu ainsi lors de débats nationaux plaider la cause des peuples indigènes. La prise de la ville de San Cristóbal, lors de la révolte de l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) en 1994, avait constitué un sursaut des communautés indigènes et avait permis un premier pas vers la reconnaissance des richesses naturelles de leur région. En octobre 2018, des indigènes, étudiants et membres de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) ont défilé dans les villes de San Cristóbal et de Tuxtla Gutièrez pour s’opposer aux projets hydroélectriques, pétroliers et miniers qui menacent les terres et la vie sociale et culturelle du territoire. « Les gens craignent pour leur intégrité en raison de l’historique des menaces et des expulsions qui se sont produits dans la région, notamment parce que les actions de l’armée ont été caractérisées par du harcèlement, des meurtres, des incendies de maisons et des expulsions », explique Claudia Ramos, membre de l’association civile Otros Mundos, dans une interview pour le média en ligne Sin embargo.

                                   Indiens du Chenalhó au Chiapas, photo by Diego Cue / CC BY

Des projets alternatifs

Nombre d’acteurs nationaux préconisent, face à l’extraction des richesses naturelles des multinationales, de développer le secteur du tourisme pour mettre en valeur les zones forestières. Il s’agit par exemple de restaurer les haciendas et les sites archéologiques comme ceux de Palenque, Bonanpak, Yaxchilan. Le dernier projet en date, le train Maya, proposé par le nouveau président Andrés Manuel López Obrador, a pour objectif de faciliter le transit d’un site archéologique ou naturel à l’autre. Mais ces initiatives ne font pas l’unanimité. Ces modèles sont souvent critiqués par des associations locales car ils induisent des répercutions sur la biosphère et favorisent aussi l’homogénéisation de l’identité indienne-paysanne. Les réponses sont donc encore à trouver et c’est par l’association des différentes communautés indigènes et leur capacité à proposer de nouvelles voies de développement possibles que le Chiapas pourra conserver sa véritable identité.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Mexique 

 

Barraquet Nadine, élève de Terminale, Guadalajara

 

Recycler pour mieux vivre

 

Le 4 avril de cette année dans la ville de Mexico, un jour de pluie, quelques bouteilles, sacs et verres en plastique ont bloqué une bouche d’égout. Peu à peu, l’eau de pluie s’est accumulée dans la rue. Cela a provoqué une terrible inondation. Les voitures flottaient et les personnes paniquaient. Les hommes désespérés, essayaient de réparer ce désastre et mettre les déchets à leur place. 

Cette catastrophe aurait pu être évitée s’il y avait eu quelques bouteilles et sacs en plastique en moins dans les rues.

En 1950, 2,500 milliards d’habitants ont produit 1,5 million de tonnes de plastique. En 2017, 7 milliards d’habitants ont produit 320 millions de tonnes de plastique.

Dans la dernière décennie, le Mexique a créé plus de plastique que ce qu’il avait créé le  siècle dernier. 50% de ce matériel est jeté et termine au fond de la mer. Il n’y a pas de loi fédérale sur la responsabilité à long terme. Les entreprises ne se préoccupent pas pour récupérer le matériel contaminant qu’elles génèrent.

Greenpeace affirme qu’il y a un manque de responsabilité réel de la part des entreprises.

Pour réussir un changement, les grandes entreprises doivent prendre l’initiative d’innover et de trouver des formes plus efficaces de commercialiser leurs produits sans que les déchets ne deviennent un problème croissant.

Miguel Rivas, un membre de Greenpeace Mexique, a lancé, il y a un an, une campagne globale pour réduire l’utilisation du plastique au Mexique. Maintenant, Coca-Cola a le plus grand centre de recyclage d’Amérique: Petstar, à Guadalajara.

Au Mexique, il y a aujourd’hui, trois états; Querétaro, Veracruz et Baja California Sur, qui interdisent l’utilisation de pailles et sacs en plastique. Cinq autres états; Sonora, Durango, Nuevo León, Jalisco et CDMX sont en cours de ratification de cette loi.

 

Rivas Soutien l’idée que le recyclage n’est pas la solution, il faut consommer moins et donc jeter moins. Il dit qu’il faut changer le modèle de consommation avec des dynamiques nouvelles .

Nous pouvons tous contribuer et construire un futur favorable pour le pays. Maintenant que nous en sommes conscients, prenons les bonnes initiatives!

 

 

 

 

 

 

 

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Colombie 

 

Santiago Lopez A., élève de Première, Bogotá

 

La Tragédie de Mocoa en 2017

 

Dans la nuit du 1er Avril 2017, Mocoa, la capitale du département de Putumayo, a subi une tragédie sans précédent. A la suite d’une avalanche, provoquée par des pluies diluviennes et au débordement des rivières (Mocoa, Mulato et Sancoyaco), la ville de Mocoa, située au confluent des trois rivières a été détruit par la force de l’eau. Au total, on a dénombré 330 morts, 76 personnes disparues et plus de 1000 victimes.

 

Au-delà de l’effroi, la catastrophe a mis en évidence l’incapacité des autorités locales de Mocoa et de Putumayo, à la prévenir. Pourtant, le 26 août 2016, l’entreprise Biomad avait publié une étude de risques, alertant des dangers liés aux phénomènes naturels sur ce site. Mais la ville est située dans une des régions les plus périphériques et les plus pauvres de Colombie. Les autorités locales sont restées très démunies, et n’ont pas obtenu l’attention suffisante du gouvernement à Bogota.

 

Cependant, le gouvernement de l’ex président Juan  Manuel Santos, a prouvé sa capacité à réagir au tragique événement, avec le déploiement de secouristes, de forces de police et de l’armée qui ont apporté une aide à la hauteur des besoins. Néanmoins, on peut regretter que les pouvoirs publics ne soient pas parvenus à prévenir cette tragédie.

Source: Rfi

Cette catastrophe a bouleversé le pays et restera sans doute l’une des pires de l’histoire de la Colombie. Le drame ayant été largement relayé par les médias du monde entier, l’aide internationale s’est rapidement mobilisée, provenant de Chine, des Émirats Arabes ou d’Espagne. Les fonds ont servi pour aider à la reconstruction de la ville et aider les victimes de Mocoa.

 

Aujourd’hui, un an après la tragédie, Mocoa poursuit ses efforts de reconstruction, mais les habitants continuent à subir le traumatisme et les pénuries. Malgré tout, les gens gardent espoir pour l’avenir de leur ville en observant les travaux de reconstruction des infrastructures, des ponts, et des aménagements pour prévenir de nouveaux phénomènes climatiques.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Colombie  

 

Suani Lefèvre et Pierre Pulido, élèves de Première, Bogotá

 

Expédition Antarctique

 

La première expédition colombienne en Antarctique a eu lieu en 2014, même si des initiatives remontent assez loin dans l’histoire (voir le schéma des différentes étapes). Cette expédition nous montre que la Colombie, qui a vécu 50 années de guerre civile, en conflit avec les FARC, commence à rayonner à l’échelle internationale dans le cadre scientifique et environnemental.

Ce projet mis en œuvre par l’Etat colombien montre que le pays a progressé dans les domaines technologique et scientifique durant les dernières années. Ces progrès remarquables font apparaître la Colombie comme un pays en développement avec un fort potentiel économique et scientifique. Ces actions constituent une belle vitrine pour la Colombie qui cherche à attirer des investisseurs internationaux, à tourner la page de la guerre, mais aussi d’une certaine façon, que le pays  veut prendre toute sa place dans la lutte contre le réchauffement climatique.

On peut bien se demander si de tels projets auront une visibilité suffisante à l’international pour proposer une autre vision de la Colombie que celle, très vivace, de son passé.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  L’Amérique dans 10 ans : Mexique 

 

Renata Mayorquin, élève de terminale, Guadalajara

 

L´OMNIPRÉSENCE DE « SARGASSE » AU MEXIQUE

 

Selon le WTTC (World Travel and Tourism Council), en 2017 le secteur touristique représentait 16% du Produit Intérieur Brut Mexicain.  En augmentation de 2,8% par rapport à l´année antérieure, cette croissance n´est pas nouvelle : de 1977 à 2016, la production touristique a progressé de 77,3%, quand le PIB, lui, n’a augmenté que de 58,5%.

Chaque année, le secteur touristique est confronté à diverses problématiques, souvent d´origine naturelles telles que : la perte ou la disparition progressive des côtes maritimes, l´érosion qui dévore les plages et dernièrement, la présence massive d´algues brunes appelées « Sargasse ». Localisés sur toutes les plages des Caraïbes, elles sont devenues un désastre écologique et économique. Selon l´agence de presse espagnole EFE, les dépenses pour nettoyer les plages des hôtels de Cancún, Playa del Carmen et Tulum étaient de  1 million de pesos par mois (soit 43 000 euros).

Selon la chercheure titulaire de l´Institut des Sciences de la Mer et Limnologie, Brigitta Van Tussenbroek, l´algue brune vient de la mer des Sargasses située au nord-ouest de l´océan Atlantique. Celle-ci double sa biomasse en 18 jours et elle se reproduit plus rapidement avec le réchauffement climatique et la contamination de la mer (pesticides, déchets en plastique…). L´algue a commencé à apparaître sur les plages Caraïbes mexicaines dès 2015 mais les autorités l´ont cataloguée comme un événement atypique et n´ont rien fait. Cependant en 2018, la quantité d´algues a triplé en comparaison à celle de 2015.

Les autorités ont essayé de les combattre de diverses manières. Selon le Secrétaire de l´environnement de Quintana Roo, des activités de nettoyage des plages ont commencé en juin 2018 et aujourd’hui on estime que plus de 140 000 tonnes de sargasses ont été collectées. De plus, les camions de transport ne peuvent pas entrer sur les plages pour ramasser l´algue à cause des initiatives réalisées pour la protection des tortues. En 2018, une barrière de 8,3 km a été mise en place à Cancún pour essayer de retenir les algues avant leur arrivée sur les côtes. Plusieurs personnes ont essayé d´enterrer les algues dans le sable mais ils n´ont pas eu le résultat escomptés. Les algues ne se transforment pas en sable mais en matière organique, reviennent dans la mer et se multiplient.

Si les autorités mexicaines avaient pris les initiatives à temps  en 2015, le problème aurait pu être évité aujourd’hui ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, le phénomène fait peser une réelle menace pour le tourisme, attiré par les côtes Caraïbes et ses eaux turquoises.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  L’Amérique dans 10 ans : Mexique

 

Marie Chantal et Marie Charlotte Gabayet Gonzalez, élèves de Terminale, Guadalajara

2028: Le Mexique sans plastique

 

En 2018, un article du magazine « El Universal » écrit par  Maria Medrano, faisait appel au gouvernement pour réagir aux problèmes causés par la consommation de plastique : 9 millions de bouteilles en plastique ont été produites, et 43 milliards de pailles  ont été utilisées dans l’année. On estime qu’un mexicain utilise 3 pailles par semaine, pour une durée de 15 minutes seulement, celles-ci finiront indubitablement sur les côtes du pays détruisant la faune marine et créant un problème environnemental insoutenable.

Le premier état  a réagir est celui de Jalisco, qui a conçu une loi “de l’équilibre écologique” interdisant toute utilisation de plastique dès le 1er janvier 2020. Le gouvernement a pris des mesures pour gérer ce problème, par exemple comme l’interdiction de l’utilisation des sacs en plastique au supermarché, ou encore la séparation des déchets pour les recycler. Tous les commerces de nourriture à emporter  qui utilisent des plats, des cuillères, des verres et des sacs matière en plastique, devront changer leur matériel afin d’utiliser des produits moins polluants.

La majorité de la population de Jalisco est vraiment motivée par cette cause, et en 2028 l’état deviendra un véritable exemple environnemental pour l’ensemble du pays.

Peu à peu les personnes refuseront d’acheter des produits emballés dans du plastique, ce qui obligera les grands supermarchés à changer leur manière de vendre. En 2028, les consommateurs devront se présenter avec leurs récipients personnels (comme des Tupperware) pour mettre les produits qu’ils achèteront. Pour les personnes qui les oublieront, ils auront la possibilité d’en acheter d’autres sur place.

Les personnes qui n’utilisent pas de produits plastiques seront de plus en plus nombreuses. Selon une étude sur le niveau d’écologie du gouvernement en février 2026, la dernière entreprise qui exportera du plastique fermera à cause du manque de demande.

Cette année-là, les gouvernements cesseront de contrôler l’utilisation du plastique, car selon la Secrétariat de l’Environnement et des Ressources Naturelles (Semarnat), les lois bien appliquées permettront à la population de prendre conscience des conséquences positives et se sensibiliseront d’avantage à l’environnement. Les personnes n’auront plus besoin d’être « guider » par les institutions.

Le Président de la Semarnat, Rafael Pacchiano Alaman affirme qu’ensemble on créera une génération capable de changer notre manière de vivre et d’appréhender notre consommation de manière plus écologique. En  2028, le Mexique sera un exemple pour tout le monde!

Les Hydrates de méthane : l’énergie fossile du Futur ?

Louis.G.K. Ferrand, Bogotá  

 

Les Inuits l’appellent « Ignik Sikumi », en français nous l’appelons, la glace qui brûle. Les scientifiques et spécialistes des hydrocarbures parlent d’hydrates de méthane. L’hydrate de méthane ou clathrate de méthane est un composé d’origine organique naturellement présent dans les fonds marins, dans les talus continentaux mais également dans le pergélisol des régions polaires. Le pergélisol est aussi appelé permafrost en anglais. C’est la partie de la toundra qui est composée principalement de glace qui ne fond jamais quand les températures ne dépassent pas les records que connait actuellement le globe.

Selon les estimations de l’agence de l’information sur l’énergie des Etats Unis, le gaz naturel devrait devenir la deuxième source d’énergie au monde devant le charbon à partir de 2030.

 

Les hydrates de méthane apparaissent ainsi dans ce contexte comme un contributeur important et en devenir de la production globale gazière. La combustion de cette énergie fossile ne produit pas plus de CO² que la combustion du gaz naturel et elle produit moins d’effet de serre que lors de la combustion du charbon et du pétrole. On pourrait donc logiquement qualifier ce combustible fossile de plus propre. Mais ce n’est pas aussi simple, du fait que ce combustible, étant donné sa composition, est très riche en méthane. Or, une fuite de méthane dans l’atmosphère a des conséquences sur l’environnement beaucoup plus graves. En effet, le méthane sous forme de gaz est 21 fois plus efficace comme effet de serre que le CO².                                                                    Photo d’hydrates de méthanes en combustion

 

On parle de réserves non conventionnelles d’hydrocarbures pour les hydrates de méthane car ce sont des réserves qui se forment dans des conditions très particulières, dans des régions très éloignées où leur exploitation est très onéreuse. Mais avec l’épuisement des réserves dites conventionnelles et le développement technologique des dix dernières années, leur exploitation et leur utilisation sont remises à l’ordre du jour. La principale force des hydrates de méthane malgré leur exploitation difficile, est qu’ils constituent une réserve énergétique énorme. On estime actuellement que les hydrates de méthane des fonds océaniques contiennent deux fois plus en équivalent carbone que la totalité des gisements de gaz naturel, de pétrole et de charbon connus sur la surface du globe.

Les principales recherches sur l’extraction des hydrates de méthane sont menées en Asie malgré des avancées particulièrement importantes sur le continent américain. Traditionnellement, c’était le Japon qui était le plus avancé, poussé par une volonté politique renforcée après Fukushima de trouver une source d’énergie sûre lui permettant l’autonomie énergétique. Les géologues estiment que les fonds océaniques aux alentours du Japon contiennent à eux seuls suffisamment d’hydrates de méthane pour fournir l’équivalent d’un siècle d’approvisionnement de l’archipel en gaz naturel. Aujourd’hui, le Japon a l’obligation d’importer la quasi-totalité de ses ressources énergétiques. Les hydrates de méthane sont pour les politiques et scientifiques japonais la manière de résoudre ce paradoxe pour leur pays et ainsi de leur permettre l’accès à une véritable souveraineté énergétique. En 2008, un groupe scientifique japonais a ainsi réussi la première extraction de l’histoire et en 2013, a eu lieu la première extraction off-shore.

La Russie qui possède également de très grandes réserves de ce combustible fossile, suit de très près les différentes innovations technologiques dans ce domaine. Mais un nouvel acteur a fait son arrivée dans ce secteur très particulier de l’énergie en 2017 avec des résultats qui sembleraient le positionner au sommet : la Chine. En effet, le 18 mai dernier, le ministère chinois du territoire et des ressources a annoncé avoir extrait une quantité beaucoup plus importante que lors des tests pratiqués par les autres pays. L’extraction a eu lieu à 1.266 mètres de profondeur dans la mer de Chine méridionale.

 

                                                                   Plateforme de pompage et d’essais dans les hydrates de méthane

 

La route est encore longue avant une exploitation commerciale. Néanmoins la Chine qui est le pays le plus développé dans ce secteur, estime le début des ventes pour 2030. Les défis sont encore nombreux pour arriver à une exploitation sans impact majeur sur l’environnement. Le risque principal lié à ce combustible fossile demeure le risque de fuite de méthane lors de son extraction et de son exploitation, ce qui serait catastrophique pour l’environnement et le réchauffement de la planète via l’effet de serre qu’il induirait. Les scientifiques estiment également que des exploitations importantes pourraient causer d’importants glissements de terrains sous-marins qui pourraient entrainer à leur tour des tsunamis majeurs. Malgré le faible rejet de CO² lors de sa combustion, cette ressource reste fossile et contribuerait quand même à renforcer l’effet de serre. Néanmoins, les hydrates de méthane pourraient remplacer le pétrole ou le charbon dans les pays en développement grands consommateurs d’énergie. On estime que les ressources d’hydrates de méthane vont de 3 à 30 millions de milliards de msoit 15 à 150 fois les réserves prouvées de gaz naturel sur la surface du globe.

Face à d’autres sources d’énergie comme la biomasse, le solaire ou la capture des décharges électriques envisagées par Nicol Tesla en son temps, l’exploitation des hydrates de carbone , si elle est une possibilité technique, n’est pas la seule, et encore moins la meilleure des énergies nouvelles a prioriser car du point de vue environnemental, elle reste une forme d’énergie fossile, donc mauvaise pour la biosphère.

L’Arctique, continent glacial, sujet à des tensions jamais aussi chaudes !

Louis GUIGNEFORT KIMBAL FERRAND, Bogotá 

 

La zone est soumise depuis quelques années, à des tensions du fait que la Russie, le Canada, les États Unis grâce à l’Alaska mais également les pays nordiques telle que la Norvège, l’Islande, le Danemark, cherchent à s’emparer du formidable gâteau énergétique

 

L’Arctique aurait été découvert en 330 av. J-C. par le navigateur Marseillais, Pythéas qui navigua jusqu’aux îles Shetland ou l’Islande actuelle. Pourtant ce n’est que bien plus tard entre les années 1725 et 1741 que le Danois Vitus Bering, envoyé par le Tsar Pierre le Grand, découvrit le détroit entre la Sibérie et l’Amérique. Détroit qui porte aujourd’hui encore son nom, le détroit de Béring. Mais c’est surtout lors des grands plans de développement sous la Russie communiste que la Sibérie et donc la plus grande partie de l’Arctique terrestre, connaît un développement sans précédent. Aujourd’hui sur les 4 millions d’habitants de cette zone géographique, 2.3 million sont encore russes. Avec le réchauffement global du globe et avec elle des courants marins, les glaces enfermant l’océan Arctique se sont ouvertes. Cette ouverture permet la navigation de porte-conteneurs une partie de l’année sans l’utilisation de brises glaces. Alliant à cela des avancées technologiques importantes dans l’exploration sous-marines et l’exploitation off-shore, cette espace il y a seulement 30 ans, sans grand intérêt représente aujourd’hui une manne financière gigantesque pour les pays limitrophes.

La zone est soumise depuis quelques années, à des tensions du fait que la Russie, le Canada, les Etats Unis grâce à l’Alaska mais également les pays nordiques telle que la Norvège, l’Islande, le Danemark, cherchent à s’emparer du formidable gâteau énergétique. Une preuve de l’importance que le gouvernement de Poutine accorde à cette conquête sont les moyens mis en œuvre. Ils sont colossaux. Le gouvernement russe table sur des dépenses se soldant à près de 4 milliards de dollars. Le Président russe Vladimir Poutine a ainsi dit lors du forum annuel de l’Arctique russe en présence de l’un des vices premiers ministres chinois, Wang Yang qui était accompagné d’une très grosse délégation, la volonté de la Russie de devenir la puissance économique et militaire numéro un de la région septentrionale du globe.

Selon la revue Nature, un tiers des réserves mondiales de pétrole, la moitié de celles de gaz et 80% de celles de charbon se trouvent en Arctique, de quoi attiser les convoitises! Ce bouquet énergétique représente le podium des ressources naturelles utilisées dans le monde soit, pour qui pourra les contrôler, les exploiter et les vendre, de formidables outils de développement et de projection de puissance. La plupart des organismes de protection de l’environnement dénoncent cette course à l’exploitation car selon elles, ce sont des ressources naturelles qui ne devraient pas quitter le sol afin que soit respecté l’objectif d’une hausse des températures  de seulement 2 degrés d’ici à 2050.

 

« Celui qui commande sur mer possède un grand pouvoir sur terre.»                                                           Cardinal de Richelieu

 

En juillet de l’année 2018, le méthanier brise-glace Christophe de Margeris de l’Europe du Nord à la Corée du Sud réussit à rallier le nord de la Norvège au port de Boreyeong en Corée du Sud par la route « Nord-Est » en 15 jours : Une première pour cet itinéraire que certains définissent comme la future autoroute du trafic mondial. Il devient ainsi le premier méthanier à parcourir seul cet itinéraire sans l’aide d’un navire type brise-glace pour ouvrir le convoi. Cette information prouve donc et confirme la viabilité de cette nouvelle voie maritime commerciale qui, de facto, déstabilise une partie des jeux politiques. Les bateaux reliant l’Asie et l’Europe ou bien la côte Ouest des États Unis ne sont plus obligés d’emprunter les trajets classiques passant par les canaux sur l’Isthme du Panama ou bien de Suez.

L’ouverture du pôle nord permet la création de nouvelles routes commerciales entre la machine-outil du monde (la Chine) et l’Europe. En effet, la route maritime traditionnelle passe par le détroit de Malacca en Indonésie puis longe la péninsule Arabique jusqu’au canal de Suez pour ensuite rejoindre l’Europe. On compte en moyen 48 jours de navigation pour relier la Chine au port de Rotterdam.

La nouvelle route maritime est innovante du fait qu’elle propose un itinéraire passant par l’océan Arctique. Les bateaux empruntent le détroit de Béring et suivent les côtes de la Sibérie jusqu’à la mer du Nord où ils atteignent le port d’Amsterdam. Le plus gros avantage de cet itinéraire est une durée de navigation beaucoup moins longue pour relier la destination de départ soit la Chine et la destination d’arrivée, le port d’Amsterdam. En compte pour cet itinéraire seulement 35 jours soit 13 jours de moins que le précédent.

A la suite de la fonte d’une grande partie des glaces enfermant la mer Arctique, les pays bordant ces eaux ont commencé à changer leurs opinions à propos de ces immenses étendues glaciales, qui ne représentaient que très peu d’intérêts économiques, il y a seulement quelques années. Avec le développement des technologies dans les différents secteurs du transport et de l’exploration sous-marine, l’Arctique promet de devenir un espace d’avenir du fait de la découverte de nombreux gisements miniers et d’hydrocarbures et de la création de nouvelles routes maritimes d’importance mondiale. Au niveau géostratégique, les changements sont énormes car cette route beaucoup plus rentable en temps donc en argent est entièrement sous contrôle Russe et non plus sous contrôle des États-Unis ou de L’OTAN comme le sont les détroits de Suez, de Malacca, de Panama ou de Gibraltar.

Au Honduras, les militants écologistes risquent leur vie !

Camille Chavagneux, Bogotá  

 

Le Honduras, qui enregistre le deuxième taux d’homicide le plus élevé du monde, est aussi extrêmement dangereux pour ceux qui défendent l’environnement.  Le gouvernement s’est engagé dans un vaste programme de construction, partout sur son territoire, de barrages gigantesques sur des rivières et des fleuves sauvages. Ces barrages produisent principalement de l’électricité mais en même temps menacent la biodiversité et les terres ancestrales des peuples indigènes. Certains ont choisi de résister au péril de leur vie pour protéger leurs droits.

En effet ces rivières pourvoient aux besoins en eau des villages, pour tous les usages domestiques, pour boire, ou cuisiner. Souvent, les habitants n’auraient pas les moyens de s’en acheter.

A Pajuiles, un petit village au nord du pays, les villageois sont entrés en résistance contre un projet de barrage hydroélectrique qui devrait polluer la rivière. Les habitants se sont installés au bord de la route, à l’entrée du village, menant au site de construction et surveillent allées et venues 24 heures sur 24 avec pour objectif de bloquer les engins de travaux s’ils se présentent. Mais les travaux déjà entrepris par les ouvriers polluent la rivière en amont et le village en subit les conséquences.

Le principal problème est le fait que les habitants de ce village n’ont jamais été consultés pour ce projet de barrage et la police intervient régulièrement pour les déloger. La police et les milices du gouvernement ont donc attaqué ce village en leur lançant des explosifs et en leur tirant dessus. Pour le moment, grâce à la mobilisation, le projet de barrage est à l’arrêt, mais les villageois savent qu’ils prennent des risques. Qu’à cela ne tienne,  pour ces derniers, c’est un combat pour la dignité, qu’ils sont prêts à mener au-delà de leurs craintes.

 

Or, depuis 2010, plus de 120 militants écologistes ont été assassinés. La plus célèbre était Berta Caceres, militante écologiste la plus connue du pays. Elle défendait les peuples indigènes contre les intérêts des grosses multinationales. Berta s’opposait notamment à la construction d’un barrage qui menaçait le fleuve Gualcarque. On soupçonne qu’elle a été assassinée par des personnes à la solde de grandes entreprises du Honduras ou de certains politiciens. De fait, les grandes entreprises peuvent compter sur la protection, sous les ordres du président, des forces armées et de la police.

                                                                                      

Ainsi, les familles de victimes accusent les entreprises qui construisent les barrages et possèdent les mines, mais aussi le gouvernement dirigé par le président Juan Orlando Hérnandez.

Réélu en novembre 2017, Juan Orlando Hérnandez est accusé de fraude et de corruption par l’opposition (notamment, Salvador Nasralla qui est le leader de l’opposition au Honduras).

Évidemment, le gouvernement nie en bloc. Selon lui, les militants écologistes seraient simplement victimes de la violence ordinaire au Honduras. Un discours qui peut sembler crédible, car au Honduras, les armes sont partout. Sauf que dans l’armée et la police, des gens commencent à parler, comme en témoigne un ex-capitaine des forces armées, Santos Rodríguez, qui a quitté l’armée parce qu’il a eu des problèmes avec le frère du président.

Santos : « On m’a écarté de l’armée pour avoir dénoncé des actes de corruption et de trafic de drogue de la part du frère du président du Honduras. Malheureusement dans ce pays, il y a des groupes chargés de tuer les écologistes trop imposants. La corruption dans notre pays entraine tout ça. Ils ont leurs propres groupes armés pour défendre leurs propres intérêts. Le gouvernement à des responsabilités, dans ces assassinats, parce que tout le monde, le ministre de l’Intérieur, les forces armées, les services secrets, savent bien qui sont ceux qui commettent ces actes de corruption et ces crimes ».

Ces assassinats terrorisent la population du Honduras, et pendant ce temps-là, l’environnement se dégrade. Même le seul lac naturel du pays est complètement pollué. C’est pour cela qu’il est devenu le symbole du militantisme écologique. Le lac est pollué par les mines d’or et d’argent qui se trouvent aux alentours. Le problème engendré par la pollution est la fermeture de restaurants car ils ne peuvent plus vendre les poissons, remplis de cyanure, qui viennent du lac. Cette pollution engendre évidemment une très forte augmentation des personnes contaminées, souffrantes de cancer ou affectées par d’autres maladies graves, et la plupart en sont mortes.

Ainsi une grande partie de la population du Honduras est sans espoir parce qu’il n’y a personne pour les aider face à ce danger. Le gouvernement reste sourd à leur demande. Et s’ils se révoltent pour protéger leur environnement, ils risquent de se faire tuer.

 

Sources:

https://reporterre.net/Au-Honduras-les-assassinats-de-militants-ecologistes-se-multiplient

http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/03/10/le-meurtre-d-une-ecologiste-au-honduras-suscite-l-indignation-internationale_4880808_3244.html

La forêt amazonienne au centre des conflits équatoriens

Aramis Bomand, Camila Ferrux, Victoria Senaud, La Havane 

« Quand le dernier arbre sera coupé, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson mort, on va découvrir qu’on ne peut pas manger de l’argent ».  Le projet Yasuni ITT (Equateur) semble faire écho à ce proverbe amérindien : celui-ci a été créé le 10 décembre 2007 sur l’initiative du président Rafael Correa et s’est terminé 6 ans plus tard le 15 aout 2013.

 

 

Le Parc National Yasuni est situé entre les territoires d’Ishpingo, Tipuni et Tambococha. Le président voulait préserver le Parc Yasuni, cher aux tribus indigènes et ainsi protéger la biodiversité.  En échange de la non-exploitation de ces terres, et donc d’un manque à gagner estimé à 350 millions de dollars par an, d’autres pays s’engageaient à verser à l’Equateur 50 % de la valeur du pétrole brut présente dans le parc. Cette somme d’argent donne à l’équateur la possibilité d’investir dans les énergies renouvelables et permet une reforestation nationale.

L’idée d’un tel projet a entrainé des nombreux conflits (occupation du territoire par des ONG : Acción Ecológica; groupe de femmes indigènes, organisation de manifestations jusqu’à Quito…) entre les partisans du projet, c’est-à-dire ceux qui voulaient protéger le parc Yasuni et ceux qui voulaient l’exploiter. On voit bien qu’il y a un conflit d’intérêts. Est-ce que finalement le conflit a permis aux intérêts écologiques de dépasser les intérêts économiques ? Cette question nous amène à penser que les intérêts écologiques peuvent prendre le dessus sur les intérêts économiques. Mais le contraire n’est-il pas possible : que les intérêts économiques dépassent les intérêts écologiques ?

 

L’importance des intérêts écologiques.

 

La Constitution de l’Equateur (2008) reconnaît le droit de la nature et que son existence soit pleinement respectée ; ainsi que le maintien et la régénération de leurs cycles de vie, leur structure, leurs fonctions et leurs processus évolutifs :

Art 1.-Cette loi établit les principes et les lignes directrices de la politique environnementale ; détermine les obligations, les responsabilités, les niveaux de participation secteurs publics et privés dans la gestion de l’environnement et indique les limites admissibles, contrôles et sanctions en la matière.

Loi de gestion de l’environnement Codification 19, supplément officiel du registre n ° 418,

 

La biodiversité

La nature est un facteur crucial des intérêts écologiques du parc Yasuni. Les hauts niveaux de biodiversité du PNY[1] sont probablement les caractéristiques les plus particulières, qui mettent en évidence la zone protégée au sein des écosystèmes mondiaux. Le Yasuní occupe une position biogéographique, où la richesse des espèces d’amphibiens, d’oiseaux, mammifères et plantes vasculaires atteignent le niveau de biodiversité maximale en comparaison du reste de l’Amérique du Sud.

L’Amazonie recèle mille et un trésors. Mais depuis quelques années, le territoire est menacé. La déforestation massive, l’invasion de l’agriculture moderne et de ses engrais, les pesticides et autres toxines ou encore l’urbanisation croissante, mettent le parc en danger. Entre paradis terrestre et eldorado pour des industriels à la soif de toujours plus de conquêtes, cette biodiversité met l’accent sur un endroit naturel à préserver.

Grâce aux efforts pour connaître cet écosystème on a pu estimer approximativement le nombre d’espèces : 2274 espèces d’arbres et arbustes ; 204 de mammifères, 610 espèces d’oiseaux ; 121 espèces de reptiles ; 139 espèces d’amphibiens ; plus de 268 espèces de poissons ; et plus d’un milliard d’insectes. Compte tenu de l’extension du PNY et de sa diversité biologique et culturelle, l’importance et le potentiel de cette aire protégée pour la recherche scientifique sont énormes.

Certains experts estimeraient même qu’un kilomètre carré pourrait accueillir en son sein et à lui seul plus de 75 000 types d’arbres et 150 000 espèces de plantes supérieures.

Elle serait le dernier refuge du jaguar et des loutres géantes. Elle contiendrait également la diversité d’espèces de plantes la plus importante sur Terre.

 

Les peuples autochtones

Le Yasuní n’est pas simplement un lieu de méga-biodiversité en termes biologiques, c’est aussi le berceau et l’habitat de plusieurs cultures et savoirs autochtones. Les communautés qui habitent le parc et ses environs appartiennent aux nationalités waorani, kichwa et shuar, ainsi qu’aux peuples autochtones en isolement volontaire (EIP), aux colonies et aux associations de colons métis. Présence historique et ancestrale dans la région, les tribus Kichwa et Shuar ont été plus récemment reconnues ainsi que leur territoire. Au début des années 1970 les communautés de colons métis sont arrivées sur ces territoires, avec l’ouverture des routes, dans le but d’explorer et d’exploiter les ressources pétrolières de ces terres.

Depuis 1999, les EIP situées dans le PNY et dans la zone tampon sont protégés juridiquement par la « Zone Intangible Tagaeri Taromenane » (ZITT) et du « Plan des mesures de précaution ». Depuis février 2011, ces deux instruments relèvent du ministère de la Justice de l’Équateur. Le maintien de l’intégrité biologique de la zone est fondamental pour garantir la survie de ces peuples autochtones.

Comme déjà mentionné, la PNY est considérée comme l’un des sites les plus riches en biodiversité par unité de surface à l’échelle mondiale. Les écosystèmes, les espèces et les processus écologiques présents dans le parc sont uniques et représentent une ressource stratégique clé de l’Equateur. Avec plus d’un million d’hectares et une richesse d’espèces ne se trouvant pas ailleurs dans le monde (en particulier les amphibiens, les oiseaux et les mammifères), la valeur scientifique et écologique de Yasuní est incalculable.

D’autre part, le PNY est un domaine d’une grande complexité sociale et économique qui présente des défis importants pour sa bonne gestion. Les plus grands gisements de pétrole du pays sont situés dans le parc ou dans sa zone d’influence, il y a un niveau d’activités illégales potentiellement importantes (y compris l’exploitation forestière, la pêche et la chasse), et il y a un nombre croissant d’anciens habitants et de migrants, pour lesquels la région zone protégée et la zone tampon représentent leur lieu de vie principal.

Les intérêts économiques dépassent les intérêts environnementaux

En protégeant la forêt Amazonienne plutôt que d’exploiter ses ressources pétrolières il y avait un manque à gagner financier important. Ainsi, le président de l’Equateur Rafael Correa a demandé une compensation financière de la valeur de 50% de ce manque à gagner. Cependant, sa requête a très peu été prise en compte par les autres pays. Rafael Correa a déclaré « Le monde nous a lâchés ». De fait, le manque de soutien des autres nations s’est avéré important alors que ce projet concerne le monde entier. En effet, la forêt Amazonienne représente le « poumon du monde » (50 % des forêts tropicales du monde entier). Cette dernière est considérée comme la plus grande forêt pluviale au monde. Et c’est d’ailleurs parce qu’elle est une des régions les plus humides de la planète, qu’elle possède une grande richesse : une biodiversité incroyable, qui était une des raisons du désir de sa préservation. Pourtant, au Parlement 108 votes étaient favorables à l’exploitation des réserves pétrolières contre seulement 25 voix non favorables, qui défendent le projet de protection de la forêt.

 

L’importance du pétrole

Il est clair que, nombreuses sont les entreprises intéressées par l’exploitation pétrolière de cet espace riche en ressources. L’enjeu était aussi particulièrement fort pour l’Etat puisque la pauvreté du pays est importante (taux de pauvreté de 28,6 % en 2011)[2] et que le pétrole représente une grande partie de l’économie du pays. La production quotidienne de 500 000 barils représente 22 % du PIB. En renonçant à l’exploitation des ressources pétrolières de Yasuni, qui correspondent à 20 % des réserves du pays, l’Equateur se privait d’un revenu financier non négligeable alors que le pays est endetté et qu’il lui manque 4 milliards de dollars pour poursuivre ses réformes sociales. De plus, l’exploitation du parc représente 1800 millions de dollars de profits pour les 20 prochaines années ce qui pourrait permettre à la croissance annuelle de passer de 3% à 8% en quelques années ! De ce fait le choix prioritaire est clair pour le Président de l’Equateur qui a déclaré : « Je n’aime pas le pétrole, mais j’aime encore moins la pauvreté […] Tant que je serais président, je profiterai au maximum, jusqu’au dernier gramme, jusqu’à la dernière goutte des ressources naturelles, afin de sortir le plus rapidement possible mon pays de la pauvreté ».

Mais, l’exploitation ne devrait affecter que 1/1000ème de la surface du parc et parallèlement, le gouvernement s’engage à minimiser l’impact environnemental. Reste à savoir si ces engagements seront réellement respectés, est ce que les firmes pétrolières respecteront vraiment les zones protégées du parc ?

 

On peut donc dire que malgré le désir de protéger la forêt amazonienne et l’implication de différents acteurs (Etat, citoyens, tribus autochtones, ONG…) le projet de préservation n’a pas abouti. En effet, les priorités économiques de l’Equateur et l’abstention des pays pour financer le manque à gagner ont eu raison de l’initiative du Président de préserver le parc Yasuni. Dans ce cas précis, ce sont donc les intérêts économiques qui ont dépassé les intérêts écologiques.

Il est possible de se demander si des pays plus développés auraient fait le même choix ? On peut imaginer que non, de fait il existe une opposition de choix pour répondre aux besoins des sociétés entre les pays développés et les pays en voie de développement.

[1] Parc Naturel Yasuni.

[2] D’après Actualitix https://fr.actualitix.com/pays/ecu/equateur-population-sous-le-seuil-de-pauvrete.php

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