L’Arctique, continent glacial, sujet à des tensions jamais aussi chaudes !
Louis GUIGNEFORT KIMBAL FERRAND, Bogotá
La zone est soumise depuis quelques années, à des tensions du fait que la Russie, le Canada, les États Unis grâce à l’Alaska mais également les pays nordiques telle que la Norvège, l’Islande, le Danemark, cherchent à s’emparer du formidable gâteau énergétique
L’Arctique aurait été découvert en 330 av. J-C. par le navigateur Marseillais, Pythéas qui navigua jusqu’aux îles Shetland ou l’Islande actuelle. Pourtant ce n’est que bien plus tard entre les années 1725 et 1741 que le Danois Vitus Bering, envoyé par le Tsar Pierre le Grand, découvrit le détroit entre la Sibérie et l’Amérique. Détroit qui porte aujourd’hui encore son nom, le détroit de Béring. Mais c’est surtout lors des grands plans de développement sous la Russie communiste que la Sibérie et donc la plus grande partie de l’Arctique terrestre, connaît un développement sans précédent. Aujourd’hui sur les 4 millions d’habitants de cette zone géographique, 2.3 million sont encore russes. Avec le réchauffement global du globe et avec elle des courants marins, les glaces enfermant l’océan Arctique se sont ouvertes. Cette ouverture permet la navigation de porte-conteneurs une partie de l’année sans l’utilisation de brises glaces. Alliant à cela des avancées technologiques importantes dans l’exploration sous-marines et l’exploitation off-shore, cette espace il y a seulement 30 ans, sans grand intérêt représente aujourd’hui une manne financière gigantesque pour les pays limitrophes.
La zone est soumise depuis quelques années, à des tensions du fait que la Russie, le Canada, les Etats Unis grâce à l’Alaska mais également les pays nordiques telle que la Norvège, l’Islande, le Danemark, cherchent à s’emparer du formidable gâteau énergétique. Une preuve de l’importance que le gouvernement de Poutine accorde à cette conquête sont les moyens mis en œuvre. Ils sont colossaux. Le gouvernement russe table sur des dépenses se soldant à près de 4 milliards de dollars. Le Président russe Vladimir Poutine a ainsi dit lors du forum annuel de l’Arctique russe en présence de l’un des vices premiers ministres chinois, Wang Yang qui était accompagné d’une très grosse délégation, la volonté de la Russie de devenir la puissance économique et militaire numéro un de la région septentrionale du globe.
Selon la revue Nature, un tiers des réserves mondiales de pétrole, la moitié de celles de gaz et 80% de celles de charbon se trouvent en Arctique, de quoi attiser les convoitises! Ce bouquet énergétique représente le podium des ressources naturelles utilisées dans le monde soit, pour qui pourra les contrôler, les exploiter et les vendre, de formidables outils de développement et de projection de puissance. La plupart des organismes de protection de l’environnement dénoncent cette course à l’exploitation car selon elles, ce sont des ressources naturelles qui ne devraient pas quitter le sol afin que soit respecté l’objectif d’une hausse des températures de seulement 2 degrés d’ici à 2050.
« Celui qui commande sur mer possède un grand pouvoir sur terre.» Cardinal de Richelieu
En juillet de l’année 2018, le méthanier brise-glace Christophe de Margeris de l’Europe du Nord à la Corée du Sud réussit à rallier le nord de la Norvège au port de Boreyeong en Corée du Sud par la route « Nord-Est » en 15 jours : Une première pour cet itinéraire que certains définissent comme la future autoroute du trafic mondial. Il devient ainsi le premier méthanier à parcourir seul cet itinéraire sans l’aide d’un navire type brise-glace pour ouvrir le convoi. Cette information prouve donc et confirme la viabilité de cette nouvelle voie maritime commerciale qui, de facto, déstabilise une partie des jeux politiques. Les bateaux reliant l’Asie et l’Europe ou bien la côte Ouest des États Unis ne sont plus obligés d’emprunter les trajets classiques passant par les canaux sur l’Isthme du Panama ou bien de Suez.
L’ouverture du pôle nord permet la création de nouvelles routes commerciales entre la machine-outil du monde (la Chine) et l’Europe. En effet, la route maritime traditionnelle passe par le détroit de Malacca en Indonésie puis longe la péninsule Arabique jusqu’au canal de Suez pour ensuite rejoindre l’Europe. On compte en moyen 48 jours de navigation pour relier la Chine au port de Rotterdam.
La nouvelle route maritime est innovante du fait qu’elle propose un itinéraire passant par l’océan Arctique. Les bateaux empruntent le détroit de Béring et suivent les côtes de la Sibérie jusqu’à la mer du Nord où ils atteignent le port d’Amsterdam. Le plus gros avantage de cet itinéraire est une durée de navigation beaucoup moins longue pour relier la destination de départ soit la Chine et la destination d’arrivée, le port d’Amsterdam. En compte pour cet itinéraire seulement 35 jours soit 13 jours de moins que le précédent.
A la suite de la fonte d’une grande partie des glaces enfermant la mer Arctique, les pays bordant ces eaux ont commencé à changer leurs opinions à propos de ces immenses étendues glaciales, qui ne représentaient que très peu d’intérêts économiques, il y a seulement quelques années. Avec le développement des technologies dans les différents secteurs du transport et de l’exploration sous-marine, l’Arctique promet de devenir un espace d’avenir du fait de la découverte de nombreux gisements miniers et d’hydrocarbures et de la création de nouvelles routes maritimes d’importance mondiale. Au niveau géostratégique, les changements sont énormes car cette route beaucoup plus rentable en temps donc en argent est entièrement sous contrôle Russe et non plus sous contrôle des États-Unis ou de L’OTAN comme le sont les détroits de Suez, de Malacca, de Panama ou de Gibraltar.