Archives de Catégorie: Europe

Brexit, l’épilogue

Louis G.K. Ferrand, Bogotá 

 

A l’image d’un feuilleton, nous essayerons de rendre plus clair le processus de scission du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Les événements antérieurs au 10 décembre 2018 ont déjà été évoqués dans les articles précédents.

 

 10 décembre 2018 : Un sable mouvant parlementaire pour Theresa May

 

L’accord du divorce pour lequel la première ministre anglaise avait tant bataillé avec l’Union Européenne ces 2 dernières années, n’est pas soumis à Westminster ce 10 décembre malgré l’annonce préalable. Ce changement de date est compris comme une volonté de gagner du temps et de pouvoir assurer à Theresa May la ratification de cet accord par le parlement, ce qui n’était pas certain pour le gouvernement, le 10 décembre.

En effet, cet accord est considéré trop laxiste pour les hard-Brexiters et trop extrémiste pour les pro-Européens. Comme, il n’y a pas de réel groupe parlementaire majoritaire approuvant totalement les politiques futures inclues dans l’accord de scission du Royaume-Uni, le gouvernement ne peut s’assurer une majorité lui permettant de le faire ratifier. Les principaux points de tensions concernent la définition des futurs liens du Royaume avec l’Union sur le plan économique ou diplomatique ainsi que la problématique de la frontière entre les deux Irlandes. Sujet essentiel et non négociable pour les unionistes irlandais qui sont totalement opposés au rétablissement d’une frontière physique, mais également pour les députés de l’UKIP (profondément eurosceptique) qui eux souhaitent ce rétablissement de frontière. Les deux bords de l’opposition se rejoignent contre cet accord.

L’accord de retrait devait à l’origine prévoir, si validé par le Parlement pour cette date, un temps de manœuvre de quatre mois pour le gouvernement afin qu’il puisse régler les différents problèmes d’ajustement qui adviendraient alors pour l’économie britannique lors du divorce. Ceci ne fut donc pas possible.

 

12 décembre 2018 : Theresa May fait face aux plus fortes critiques de ses opposants Conservateurs

 

Theresa May est issue du parti des Conservateurs. Le 12 décembre, ce même parti organise un vote interne de défiance vis-à-vis de la première ministre, le but étant pour ses opposants de l’éjecter du parti et ainsi de montrer leur désaccord avec les politiques menées par le gouvernement. Pour Theresa May, c’est évidemment un avertissement de taille de la part des conservateurs les plus hostiles à l’accord sur le Brexit.

Les points de tensions qui provoquent cette crise sont principalement en rapport avec la question de la frontière Irlandaise et le « Back stop » promu par Theresa May. Il s’agit d’une sorte de filet économique permettant d’instaurer une zone économique exclusive entre les deux territoires Irlandais. Cette frontière entre les deux Irlandes est un sujet de crispations majeures entre le gouvernement et les opposants conservateurs car elle est voulue par ce groupe conservateur à l’égale de celle des années 80. Ce qui reviendrait à une situation très propice à des échauffements, point important de la défense du gouvernement pour l’instauration de ce « back stop ».

Le vote de défiance organisé par le propre camp de Theresa May n’aboutira pas car les députés britanniques conservateurs vont finalement majoritairement renouveler leur confiance en la personne de Theresa May à 200 voix contre 117. Considéré au début de la crise comme une marque forte de l’affaiblissement du gouvernement en place et de la première ministre, cette attaque frontale va paradoxalement consolider la position de Theresa May et la conforter dans ces visions. En remportant ce scrutin, Theresa May se voit accorder une position garantie pour une période d’un an pendant laquelle elle est intouchable.

                             Manifestation contre les accords promut par Theresa May le soir du vote

13 décembre 2018 : les 27 pays membres de l’Union Européenne s’opposent à la redéfinition d’un accord

 

La première ministre est contrainte par Westminster de retourner à Bruxelles pour redéfinir l’accord dans l’espoir d’obtenir des clauses plus favorables à la constitution d’une majorité « pour ». Mais elle s’est vu opposée à un front commun des 27 pays membres du Conseil européen pour qui cela n’était possible. Les directives européennes évoquent une possible clarification des positions sur le compliqué « Back stop » mais une réouverture des négociations serait impossible.

Les débats au sein du parlement britannique sur le Brexit ne reprendront qu’au début de l’année 2019 car repoussés par le gouvernement. Theresa May annonce également que pour la date du 21 janvier se tiendrait une ratification hypothétique des accords par les parlementaires.

Pendant toute la période des fêtes associée à un vide parlementaire, les positions s’affirment dans les différents camps en vue de la réouverture des discussions prévues début janvier 2019. L’hypothèse du « no-deal » se profile sérieusement et les différents états membres se préparent à une rupture brutale des relations entre le Royaume et l’Union prévue le 29 mars 2019, à minuit.

Mais c’est aussi pendant cette période que de nombreux autres scénarios sont envisagés comme la tenue d’un second référendum.

                                             Manifestations pro-européennes le 1er Janvier 2019

8 et 9 janvier 2019 : la réouverture des débats synonyme d’un étau qui se resserre autour de Theresa May

 

Avec le retour des députés britanniques sur les bancs de la Chambre des communes, la position de Theresa May et de son accord n’a jamais été aussi intenable. L’accord que Theresa May avait négocié avec l’Union Européenne en novembre ne fédère aucune majorité sympathique au Parlement malgré ses tentatives de séduction répétées. L’enjeu est de taille pour la première ministre ! En obtenant cette majorité, elle se verrait alors assurée par la même occasion d’une majorité au Parlement.

La fragilité de la position de Theresa May est pour les différents observateurs, le reflet de l’hypothèse la plus probable c’est-à-dire un divorce sans accord. Le 9 janvier, les parlementaires britanniques vont dans cette vague de pessimisme envers le gouvernement, renforcer leur autorité par deux amendements. Le premier, une fois ratifié oblige le gouvernement à présenter un plan B dans les trois jours suivants une non validation de l’accord de divorce. De bien mauvais présage pour une hypothétique ratification de l’accord le 15 janvier.

Un second amendement voit également le jour, sur une loi de finance qui sera adoptée par des élus conservateurs et travaillistes. Il prévoit quant à lui, que les mesures fiscales prises par le département du Trésor conséquemment au Brexit devront être soumises au vote préalable du Parlement.  Le gouvernement doit se plier à la volonté des parlementaires.

Les parlementaires vont donc avant même le vote de l’accord, assurer une marge de manœuvre à Westminster dans le cas d’un refus. Pour ainsi dire le résultat du vote ne fait plus aucun doute et qu’il sera négatif pour le gouvernement.

 

15 janvier 2019 : Les accords pour un Brexit « soft » sont fortement rejetés

 

A l’origine prévu pour le 21 janvier, le vote vis-à-vis des accords de scission du Royaume Uni de l’Union est avancé d’une semaine et se déroule le 15 du même mois. Probablement, le gouvernement voyant le peu de chance d’une validation parlementaire de l’accord décida d’avancer le jour du vote pour ainsi gagner du temps sur la période « d’après » jusqu’au divorce officiel. Le résultat du vote qui avait déjà été anticipé crée pourtant un fort choc par son résultat et accentue l’incertitude sur le sort du Brexit à trois mois de la date butoir du divorce. La forte opposition, 432 voix contre et 202 pour, pour l’accord promu par Theresa May montre que la problématique du Brexit est l’une des crises les plus singulières qu’a traversé le Royaume-Uni moderne.

Le vote qui a lieu à 20h45 va révéler que même dans la coalisation gouvernementale, de nombreux députés vont rejoindre l’opposition par un vote « NO ».

L’explication à une telle opposition serait qu’en essayant de créer un accord le plus équilibré possible entre les opinions des deux camps, Theresa May ait promu un accord en demi-teinte ne satisfaisant aucune majorité parlementaire, même bien au contraire. On remarque que dans la crise que traverse le Royaume Uni, les deux camps formés en 2016 aux visions radicalement opposées, vont se rejoindre le jour du vote. Les deux bords les plus extrêmes de cette crise vont voter pour la même chose, soit « NO ». En effet, les pro-Européens ne veulent pas de séparation et pour les « hard-Brexiters », les accords sont bien trop europhiles. Finalement, la frange la plus modérée qui vota pour l’accord de Theresa May ne compte pas assez d’adhérents pour peser dans la balance.

Comme prévu par l’amendement du 9 janvier dernier, le gouvernement se doit de présenter un « plan B » sous trois jours. Pour ce faire, Theresa May retournera à Bruxelles pour demander une réouverture des négociations, lesquelles seront refusées par le conseil Européen.

En réaction à la défaite de Theresa May lors de ce vote, une motion de censure est déposée dans le respect du parlementarisme britannique par un député travailliste du nom de Jeremy Corbyn et qui doit être débattue le 16 Janvier soit le lendemain. Cette motion de censure pousserait Theresa May à la démission si celle-ci est validée par une majorité au parlement britannique.

 

16 janvier 2019 : Theresa May est réconfortée dans son rôle de Première Ministre

 

La motion de censure n’aboutit pas malgré le peu de popularité de Theresa May. Pour la plupart des députés, de nouvelles élections ne feraient que fragiliser la position britannique face aux européens et Theresa May est la personne la plus apte à terminer les négociations commencées en 2016. Cette motion est rejetée par 325 parlementaires contre 306.

                         Theresa May le 16 janvier 2019 recevant de nouveau la confiance du parlement

Le « plan B » nécessaire au respect de l’amendement du 9 janvier 2019 n’est pas proposé dans les délais prévus mais Theresa May annonce l’ouverture de réunions entre le gouvernement et les principaux mouvements d’oppositions afin de déterminer la future position du gouvernement britannique et la liberté de manœuvre dont Theresa May dispose. Face à l’incertitude générale, les membres européens se préparent à un « NO DEAL ».

 

29 janvier 2019 : La reprise mitigée du processus de divorce par les parlementaires britanniques

 

Le gouvernement de Theresa May ne proposant pas d’alternative à l’accord non ratifié, les députés de Westminster tentent de reprendre la main sur des accords entérinés en novembre dernier. La chambre des communes adopte donc deux amendements qui pour le premier, exclut par principe une sortie de l’Union Européenne sans accord mené notamment par un groupe parlementaire de députés travaillistes et le second stipulant qu’aucun accord ne sera ratifié si le « back stop » tant problématique n’y figure pas. Il s’agit là de la preuve concrète du positionnement favorable de Westminster sur le retour d’une frontière solide entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.

Theresa May s’oppose au second amendement. Elle énonce sa volonté de réouvrir les négociations avec l’union européenne et précise qu’elle est profondément contre la volonté du Parlement de revenir sur le « back stop » entre les deux Irlandes.

La position Européenne est plus radicale sur ce point car aucun des 27 membres n’a envisagé d’aller dans le sens des Britanniques. Pour les représentants de l’Union, le rétablissement d’une frontière physique entre les deux régions d’Irlande serait très préjudiciable au calme social actuel, promu avec l’espace Schengen. Il y a une semaine à Chypre, Le président français énonçait sa volonté de ne pas rouvrir les négociations et de présenter un front européen uni et ferme.

 

Des futurs possibles pour le Brexit

 

Pour éviter un divorce brutal le jour de la date butoir, les parlements européen et britannique doivent valider avant le 29 mars 2019 un accord de sortie et une déclaration politique qui encadreraient les futures négociations.

  Entre le 29 mars 2019 et le 31 décembre 2020, le Royaume-Uni entrerait alors dans une période de transition de deux ans afin d’envisager concrètement les futures relations économiques et diplomatiques entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.

– Si pour diverses raisons, aucun accord n’est signé avant le 29 mars, le scénario du « NO DEAL » deviendrait alors réel et le Royaume-Uni sera considéré comme un Etat tiers dès le 30 mars. Ses relations avec l’Union Européenne seraient égales aux relations que l’Union Européenne entretient aujourd’hui avec l’Australie par exemple.

 

 

Le Dialogue de Trianon

Louis G.K. Ferrand, Bogotá  

 

Le dialogue de Trianon est un forum franco-russe qui a pour but de permettre et de faciliter le dialogue entre les jeunesses russes et françaises, les acteurs économiques ainsi que culturels, mais également les personnalités politiques. L’intérêt pour ses organisateurs est qu’il permet un rapprochement entre les deux pays. Le Dialogue comme forum de coopération a l’avantage majeur pour ses membres de permettre de surmonter les incompréhensions qui existent entre les deux nations et ,qu’en quelque sorte, ces échanges permettent de faire progresser une amitié Franco-Russe plus forte. Le dialogue de Trianon ou forum de coopération franco-russe est né le 29 mai 2017 à Versailles lors d’une visite présidentielle de Vladimir Poutine. C’est pendant celle-ci qu’il rencontra le président Emmanuel Macron. A l’origine une initiative de la France, la Russie a très rapidement accepté d’être partie prenante de cette organisation.

 

 

Les objectifs principaux sont donc de permettre aux sociétés civiles Françaises et Russes de s’ouvrir l’une à l’autre et dans ce but, chaque année, les jeunes des différents pays sont invités à s’entretenir et à échanger sur une thématique choisie par un conseil binational de coordination du dialogue. Le thème actuel est celui de la « ville du futur ».

Présidé à part égale par un co-président russe, Anatoly TORKUNOV et un co-président français Pierre MOREL le conseil de coordination du dialogue est composé de trente membres. 15 membres pour chaque nationalité et parmi elle, on y retrouve des personnalités françaises de renom comme Claudie Haigneré ancienne spationaute et actuelle ministre de la recherche ou le directeur général de Total, Patrick Pouyanne. Du côté russe, il y a également des personnalités comme la directrice du musée Pouchkine, Marina D. Lochak ou le directeur du conseil d’administration du groupe ADV (groupe spécialisé dans l’audiovisuel – au chiffre d’affaires de 500 millions de dollars en 2016).

L’objectif majeur est de représenter les différentes composantes de la société civile des deux pays : professeurs, ingénieurs, entrepreneurs, diplomates, artistes et personnalité du monde de la culture…

A la fin de l’année dernière, la crédibilité du dialogue de Trianon a été fortement renforcée par une déclaration commune datée du 27 novembre 2018. Les deux ministres des affaires étrangères Français, Jean Yves le Drian et Russe, Sergeï Lavrov ont réitéré leur attachement à ce forum et leur volonté commune d’accentuer les échanges de toute sorte entre les deux pays.

Brexit ou l’exit d’un Royaume-Uni divisé (4/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

Des europhiles descendent dans les rues de Londres

Le samedi 20 octobre dernier, a eu lieu une manifestation monstre dans un Royaume peu enclin à ce genre de rassemblements. En effet, ce rassemblement a regroupé près de 570 000 personnes selon les diverses associations, la police londonienne n’a quant à elle pas communiqué de chiffre. Différents journalistes parlent du plus gros rassemblement dans la capitale britannique depuis la manifestation contre la guerre en Irak en 2003. A l’appel de plusieurs associations europhiles, ce demi-million de personnes manifeste un véritable coup de force en opposition au Brexit. La revendication          principale de ces manifestants est l’organisation d’un second référendum.

 

Ce mouvement de contestation du Brexit est principalement actif dans les grandes villes telles que Londres où les scores pro Européens ont été les plus élevés (près de 60 %) supérieurs aux scores écossais et même d’Irlande du Nord. Ce mouvement est très peu politisé, les seuls partis d’envergure qui soutiennent ce mouvement sont le SPN écossais, les libéraux démocrates et le DUP d’Irlande du Nord.

On trouvait dans la manifestation, des hommes politiques reconnus tels que l’actuel maire de Londres Sadiq Khan mais également certains députés. Deux ans après le référendum remporté à 52% par les pro-Brexit, les Britanniques restent divisés et le rapport de force n’a guère évolué, bien que les conséquences du Brexit restent toujours aussi floues.

                          Manifestation Pro-Européenne devant Westminster le 20 octobre 2018 à Londres

Un sondage réalisé par le site de sondage « Survation » démontre cette semaine, que 48% des britanniques seraient favorables à la tenue d’un second référendum sur l’accord de sortie de l’UE alors que 25 % y seraient hostiles.

Les différentes figures pro Europe se sont organisées dans le courant des mois de septembre à octobre. « Il est temps que nous reprenions le contrôle », a lancé à la foule le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan. « Il est clair que nous sommes les plus nombreux », a déclaré sur l’estrade la députée conservatrice pro-UE Anna Soubry. Le camp écossais pro-Euro (SNP) a également annoncé sa volonté de voter pour l’organisation d’un second référendum si la question était posée à Westminster. Il est à noter que le groupe SNP représente 35 sièges sur les 650 sièges du Parlement à Westminter.

                                      Caricature parue dans le Times, par David Simmonds

Mais les Britanniques ont voté pour « se libérer des carcans réglementaires et des normes de l’UE », et toute autre formule, telle que le maintien au sein du marché unique ou de l’union douanière, serait malvenue, juge son l’ex ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, dans une tribune publiée par le Sun.

Malgré ces manifestations europhiles, la position de Theresa May ne risque pourtant pas de changer. En effet, elle martèle à chaque fois quand la question d’un second référendum lui est posée que « Les gens ont voté ». L’idée d’un tel référendum, 2 ans après le premier a en effet gagné beaucoup de popularité ces derniers mois en Angleterre et de nombreuses figures politiques influentes ont notamment rejoint cette cause telle que l’ex Premier ministre, Tony Blair. Theresa May est déterminée à mettre en œuvre les résultats du référendum qui l’ont amené au pouvoir.

Enfin, on voit que malgré l’importante mobilisation europhile de la population londonienne, peu d’acteurs politiques d’envergure se sont réellement mobilisés pour la promotion de ce second référendum.

 

Deux ans après le référendum d’autodétermination au Royaume Uni pour connaître la volonté de ces habitants à propos de sa place au sein de l’Union Européenne, personne ne sait où le pays va et les fractures régionalistes atténuées par l’Union Européenne, ont repris de l’ampleur.  Le gouvernement conservateur qui avait anticipé cette victoire du « Out » comme une consolidation des politiques menées auparavant, a pourtant obtenu des résultats très médiocres aux élections anticipées de juin 2017, élections législatives qui ont vu une perte de 12 sièges par le parti conservateur et une augmentation de 33 sièges pour le parti travailliste. Le gouvernement de Theresa May est profondément affaibli, tiraillé entre les partis du Brexit et ceux du « Remain » au sein même du parti conservateur. David Cameron qui avait milité contre le Brexit reste un membre influent de ce Parti. Le gouvernement actuel doit aussi encaisser la pression politique exercée par un parti travailliste qui a le vent en poupe, consolidé par une victoire d’un nombre important de sièges au Parlement de Westminster.

On assiste depuis 2016 et le référendum d’autodétermination à un accroissement du nombre de crises politiques au Royaume Uni. La figure de Theresa May qui avait été portée au pouvoir dans un seul but, celui de réaliser les résultats du référendum n’est pas assez forte, selon ses adversaires, pour continuer à mener le débat entre l’Union Européenne et le Royaume Uni. Certains parlent de Theresa May comme de l’un des Premiers ministres les plus incompétents de l’histoire récente.

Néanmoins, Theresa May, très résiliente, est parvenue le dimanche 25 novembre à la signature d’un traité de Brexit avec les 27 pays de l’Union européenne. Mais son entrée en vigueur dépend encore de sa ratification par le Parlement britannique. Il s’agit sans doute de la partie la plus difficile pour Theresa May.

 

 

 

 

Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (3/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

L’Écosse

Une autre région où les volontés d’indépendance sont très présentes est bien entendu l’Écosse. Ce projet d’indépendance est porté par le parti SNP (Parti National Écossais) majoritaire au Parlement écossais et au pouvoir en Écosse.

On peut voir dans les votes du référendum pour l’auto-détermination, une grande fracture entre la région écossaise et le reste du royaume. Les écossais ont majoritairement voté (62%) pour rester dans l’union européenne mais ce vote europhile n’a pas pu faire pencher le référendum vers une décision de rester dans l’union européenne. En effet l’Écosse, ne représente que 2 679 513 votes sur les 33 551 983 que compte au total le Royaume Uni.

 

Le Brexit pose un énorme problème et  ravive des volontés indépendantistes en Écosse car c’est une région autonome du Royaume Uni et qui possède son propre parlement. Celui-ci est majoritairement indépendantiste. Le parlement compte sur ses 129 sièges au total, 63 sièges en faveur du parti SNP profondément indépendantiste et 6 sièges sont occupés par le Parti Vert également en faveur de l’indépendance et de la décentralisation. Ce qui représente une majorité.

 

 

Manifestation pro-européenne à Édimbourg en 2017

 

Depuis le référendum de 1997 qui déboucha sur le « Scotland Act » signé en 1998, le parlement écossais est autonome par rapport au parlement britannique. Le « Scotland Act » a donné au parlement écossais, les pouvoirs législatifs auparavant dévolus au Parlement britannique. « The Scottish Parliament » peut donc voter ses propres lois. En réalité, le rôle principal de ce parlement est de décider si oui ou non, toutes les lois votées par le Parlement Britannique doivent être appliquées en Écosse. Le Parlement Britannique se réserve le droit d’amender certaines lois du Parlement Écossais, et de réduire le champ de ces domaines de compétences. C’est en quelque sorte, une liberté et autonomie conditionnelle.

Le mardi 15 mai 2018, le parlement écossais a rejeté le projet de loi britannique qui organise la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne. Il s’agit d’une première qui pourrait déboucher sur une crise constitutionnelle. Une coalition s’est ainsi formé avec comme chef de file le Parti national écossais, parti majoritaire et actuellement au pouvoir lui-même appuyé par le Parti travailliste, les Libéraux-démocrates et les Verts face au Parti Conservateur. Le Parti Conservateur est la branche écossaise du Parti Britannique favorable à Londres et contre l’indépendance de la région écossaise du Royaume Uni. Les parlementaires écossais ont donc adopté une motion par 93 voix contre 30 qui refuse de consentir au projet de loi mené par Theresa May organisant la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne.

 

Discours pro-européen de Nicola Sturgeon devant  le Parlement écossais le 13 mai 2018

 

Les principales crispations entre Londres et Édimbourg tournent autour des futures répartitions des différents pouvoirs. En effet, comme l’Écosse est une région autonome, elle doit pouvoir prétendre à une autonomie certaine. Mais dans l’amendement de la loi du Retrait qui voudrait organiser la sortie du Royaume Uni rédigée par Londres, il n’y a aucune reconnaissance de cette autonomie, autonomie actuellement respectée selon les accords signés avec l’Union Européenne. Cette répartition des différents pouvoirs entre le Parlement Anglais et les différents Parlements régionaux, n’est pas seulement accordée à l’Écosse mais aussi au pays de Galles et à l’Irlande du Nord. Cette autonomie des régions était présente dans de nombreux domaines tels que la pêche, l’agriculture, l’environnement, la justice et l’éducation. Des domaines spécifiques dans lesquels il y avait des responsabilités décentralisées. Le Parti indépendantiste écossais se plaint du non-respect du consentement du parlement écossais notamment sur la politique future des accords commerciaux dans la loi de retrait de la part du gouvernement de Theresa May.

 

Le Parlement écossais qui s’est senti dupé par le Parlement Anglais, a amendé une loi « d’urgence » qui donne au gouvernement écossais la possibilité de rester cohérent avec l’Union Européenne, malgré le Brexit . En clair, cette loi pousserait l’Écosse un peu plus vers l’indépendance. Des pouvoirs auparavant dévolus à Londres, seraient dorénavant attribués à Édimbourg. Mais pour que ce bouleversement constitutionnel puisse être effectif, il faudrait que le parlement de Westminster le valide. Or, depuis le référendum de 1997, le parlement écossais est en mesure d’émettre ces propres lois, conférent ainsi une certaine autonomie écossaise par rapport à Westminster. En ne reconnaissant pas cette loi et en refusant de l’amender, le parlement britannique pourrait ainsi causer une crise constitutionnelle.  La porte parole du parlement écossais précise que dans les négociations avec l’UE, « le Royaume-Uni veut juste nous consulter, alors que la Constitution (Écossaise) nous donne le droit au consentement. »

L’objectif de cette coalition n’est pas d’empêcher le Brexit car il a été voté, mais de défendre aux mieux les intérêts de l’Écosse, qui voit, il est vrai, un avenir plus radieux dans une aventure européenne. Les écossais ont majoritairement voté pour rester dans L’Union Européenne. Leurs principales revendications étant de rester dans le marché unique et dans l’union douanière.

Un « hard » Brexit aurait en effet des conséquences très néfastes pour l’Écosse, ils ont donc tout intérêt à négocier une transition en douceur et non à une rupture brutale. La plupart des économistes écossais sont d’accord pour chiffrer une baisse de 9% du PIB sur les prochaines décennies de l’économie régionale écossaise avec un « Hard Brexit». Mais c’est également sur le tourisme et les échanges culturels et intellectuels que les manques seront les plus grands, dénonce un député du parti Vert. Des aides ont déjà été mises en place pour pallier à la crise qui selon eux devrait avoir lieu avec le Brexit, notamment un maintien annoncé du programme qui permet aux étudiants européens de venir étudier en Écosse sans payer des frais d’inscriptions supplémentaires.

Avec une coalition puissante menée par un parti profondément indépendantiste au pouvoir, se pourrait-il que des résurgences indépendantistes liées à l’échec du référendum de 2014 puissent apparaître et devenir une menace pour un Royaume unifié ?

Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (2/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

L’Irlande

Les plus grosses tensions se trouvent sur la frontière entre la République d’Irlande et la région d’Irlande du Nord rattachée au Royaume Uni. Ces tensions sont directement reliées à la guerre civile d’Irlande du Nord qui se serait terminée selon les différentes interprétations, en 1997 ou 2007 à la suite de la signature d’un accord de paix et de désarmement avec différents groupes non étatiques militants pour l’indépendance de l’Irlande du Royaume Uni et son rattachement à l’état d’Irlande.

 

Les tensions sont toujours présentes en Irlande du Nord, notamment d’ordre confessionnel et communautaire. En effet, on peut encore assister à des scènes dignes des troubles secouant l’état d’Israël causés par la problématique Palestinienne. On peut voir au détour d’une rue de la « capitale » de l’Irlande du Nord, Belfast, des immenses murs en béton d’une dizaine de mètres de haut… du même type que le mur séparant la bande de Gaza d’Israël. Ces murs nommés « Peace Walls », sont des murs assurant une séparation distincte des quartiers catholiques et protestants, leur destruction est programmée pour dans 10 ans. Leurs rôles étaient de protéger les différents quartiers des violences provoquées par les autres quartiers environnements.

Ces murs nommés « Peace Walls », sont des murs assurant une séparation distincte des quartiers catholiques et protestants, leur destruction est programmée pour dans 10 ans. Leurs rôles étaient de protéger les différents quartiers des violences provoquées par les autres quartiers environnements.

 

On peut comprendre que dans un tel contexte, le rétablissement d’une frontière physique impliquant des douanes et des contrôles entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande pourrait raviver les problématiques d’indépendance et de communautarisme. Certains groupes tels que la

« Continuity Irish Republican Army » ou bien « La Real Irish Republican Army » continuent toujours la lutte armée car ils ne sont pas signataires du Traité du Vendredi Saint, et pourraient se faire catalyseur de la reprise de la guerre civile. Différents groupes signataires de l’IRA pourraient également se réactiver.

 

Frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande :

Traduction :  Respecter le vote « rester ». Attention, s’il y a une frontière dure, cette route sera fermée à partir de Mars 2019. Communautés frontalières contre le Brexit 

 

 

 

La reprise d’une lutte plus active par les différentes mouvances de L’IRA ou du Sinn Féin favoriserait ainsi une dégradation des relations entre les différentes communautés catholiques et anglicanes qui sont soutenues par le gouvernement. De telles conditions sociétales pourraient voir une résurgence de différents groupes insurrectionnels et armés en Irlande. L’avantage principal pour le Royaume Uni et l’Irlande du Nord faisant tous deux partis de l’espace Schengen, signifiait qu’un citoyen du Royaume Uni n’avait pas besoin d’un visa pour pouvoir se rendre en Irlande du Nord, et inversement. La réussite des accords de paix du Vendredi Saint, en 1998, était notamment due à une démilitarisation de la frontière Anglo-irlandaise et que cette démilitarisation permit alors un libre échange total et effectif.

 

Si la procédure de sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne est menée à son terme, c’est entre le nord et le sud de l’Irlande que se situera l’unique frontière terrestre entre le Royaume Uni et l’Union Européenne le 29 mars 2019. Mais, l’une des clauses les plus importantes de l’accord de paix entre les différentes mouvances de L’IRA et le gouvernement Britannique signé en 1998 était la totale liberté des personnes et des marchandises pour traverser la frontière entre les deux pays. Il n’existe plus aucune frontière physique à proprement parler entre les deux pays et le passage de la frontière se fait actuellement sans vraiment la remarquer.Un retour 20 ans en arrière est-il donc voulu par les deux camps ?

 

La première réaction des britanniques vint de Theresa May qui a appelé l’Union Européenne à revoir sa position sur la frontière entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande et à faire preuve de plus de souplesse. Le Royaume-Uni, l’Irlande et l’UE ont promis de ne pas matérialiser la frontière afin d’éviter tout possible retour à la violence entre le camp indépendantiste et le camp loyaliste à Londres.

 

En décembre dernier, lors d’un conseil européen, l’Union Européenne et le Royaume-Uni s’étaient mis d’accord sur l’absence de frontière entre les deux parties, un « back-stop », stratégie consistant à fournir un soutien faible ou une protection contre le pire, évidemment le pire étant  de raviver les tensions. Cette absence de frontière suggérait le maintien de l’Irlande du Nord dans le marché commun et l’union douanière européenne. Ce qui concrètement équivaudrait à l’instauration d’une frontière imaginaire au milieu de la mer d’Irlande et donc à une perte de la suprématie flagrante pour le Royaume Uni sur la région d’Irlande du Nord.

 

 

 

 

Caricature de Million comparant Theresa May à l’amiral Nelson face à l’Europe

 

 

 

 

Mais quelques mois plus tard, Theresa May, énonça lors d’un discours à Belfast le 20 Juillet dernier devant un publique de cols blancs irlandais, un changement de cap complet. Ce soudain revirement peut être associé à la conséquence d’un mois particulièrement tumultueux pour Theresa May durant lesquels deux des principaux ministres Pro Brexit de son gouvernement ont démissionné prétextant qu’avec la proposition de Theresa May de ce « back-stop » entre l’Irlande du Nord et la République, l’essence même de l’esprit du mouvement pro Brexit n’était pas respectée.

« Aucun Premier ministre britannique n’accepterait jamais (la division du Royaume Uni) » a-t-elle donc déclaré il y a deux mois devant ce parterre Irlandais. Cette déclaration a été suivie par la parution dans un livre blanc, de la proposition de Theresa May d’instaurer une zone d’union douanière commune entre l’Irlande du Nord et de l’UE. Mais cette zone de libre-échange n’est pas totale car elle ne sera valable que pour les biens. Les 25.363 milliards de Livres que représentent les exportations de biens anglais vers la république d’Irlande, pourrait être l’une des explications de cette « concession ». Il est certain que les services qui représentent près de 80 % de l’économie britannique n’entreront pas dans cette zone économique exclusive. Cet accord impliquerait également la fin de la libre circulation des individus des deux côtés de la frontière de l’île Irlandaise. La démission de deux de ses principaux ministres, celui du Brexit et celui des Affaires étrangères, a poussé Theresa May à un amendement à une loi sur le commerce qui rendrait illégale toute possibilité pour l’Irlande du Nord de se situer en dehors du territoire douanier britannique. La situation est donc actuellement bien plus encline à la résurgence de graves troubles en Irlande du Nord : Une position bien plus dure de la part de Londres.

 

La question reste donc en suspens.

Pour l’Union Européenne, on ne peut pas négocier l’installation d’une zone de libre-échange entre le Royaume Uni et l’Union sur la base d’une seule des quatre libertés, la libre circulation des biens, indépendamment de la libre circulation des services, des capitaux et des personnes. Surtout que dans le cas présent, l’unique bénéficiaire serait le Royaume Uni et la perte des trois autres libertés représenteraient des facteurs insurrectionnels très importants pour la reprise de troubles en Irlande du Nord. Michel Barnier, le négociateur européen a notamment ajouté « Pourquoi voudrait-on affaiblir le marché unique, qui est notre principal atout […] juste parce que le Royaume-Uni souhaite en sortir ? ».

 

 

Theresa May le 20 juillet 2018 à Belfast

 

 

 

 

Michel Barnier devant la Commission Européenne le 6 septembre 2018

 

 

 

 

Pour Theresa May, le pari est double en proposant ces mesures bien plus dures, celui de montrer à son parti conservateur déchiré que sa stratégie est la bonne et que son gouvernement et le Royaume Uni gardent encore le contrôle et restent maître des négociations. Theresa May a énoncé que « C’est désormais à l’UE de répondre. Pas simplement en retombant sur ses positions précédentes qui ont déjà prouvées qu’elles ne peuvent fonctionner. Mais en faisant évoluer sa position ».

Michel Barnier a souligné que « Le débat semble encore en cours au Royaume-Uni » à l’image du chaos au sein du gouvernement et que les propos de Theresa May n’auraient peut-être plus autant de valeur d’ici quelques mois. L’échéance de la sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne est de plus en plus proche : le 29 mars 2019. Toutes les parties savent qu’un Brexit sans aucun accord conclu au préalable serait, économiquement, la pire des solutions.

 

Voilà maintenant deux ans que la voie du Brexit a remporté le referendum et que Theresa May est premier ministre. L’historien anglais, John Laughland estime que Theresa May, en grande difficulté chez elle, dans son propre parti et au gouvernement, comme face à Bruxelles, n’arrivera pas à négocier une sortie avantageuse pour son pays.

Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (1/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

Le 11 juin 2016, un référendum mené par l’ex Premier Ministre, James Cameron a provoqué la sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne après 39 années d’aventure commune. Le Royaume Uni avait sous le mandat de Edward Health, le 1 janvier 1973 rejoint la CEE. Mais de nombreuses dissensions ont perduré du fait que le Royaume Uni était principalement intéressé par les avantages économiques que représentaient une adhésion à cette zone économique exclusive et unique au monde. Les différentes transformations fédéralistes avec le traité de Maastricht notamment, ont suscité des interrogations auprès des Anglais. David Cameron premier ministre à l’époque avait, lors de sa campagne de réélection en 2015, obtenu des reports de vote en exprimant sa volonté de mener un référendum d’autodétermination sur la question Européenne. L’objectif était d’obtenir pour son parti, les conservateurs et avec l’aide nouvelle de L’UKIP (  ) de Nigel Farage profondément eurosceptique, une majorité au parlement et ainsi pouvoir maintenir son poste de Premier Ministre.

 

Pourtant 1 an après, la place du Royaume Uni dans l’Union Européenne, semblait nécessaire pour David Cameron, qui devient alors l’une des figures majeures de la campagne en faveur du vote In (rester). En opposition à l’opinion de David Cameron sur la question, les anglais choisirent à 51,9 pour cent des voix exprimées de quitter l’Union Européenne. Par conséquent, David Cameron, maintenu au siège de premier ministre avec la promesse de ce référendum, démissionna dans la matinée du 24 juin sur le perron du 10 Downing Street tout en regrettant le choix d’une majorité d’anglais « Je ne crois pas qu’il serait bon pour moi que je sois le capitaine qui dirige le pays vers sa destination ». Laissant trois mois à son futur successeur d’engager le processus de désengagement du Royaume Uni de L’UE, Théresa May, issue du parti Conservateur, fut désignée, seconde femme à occuper le siège de premier ministre et inscrite dans la lignée de Margaret Thatcher contre la promotion d’une Europe libre-échangiste au sein de la communauté économique européenne, 28 ans plus tard.

 

                Carte réalisée par le Figaro annonçant les résultats du référendum d’autodétermination de 2016

 

Malgré des problèmes économiques résultant d’une chute du cours de la Livre de 25 pourcents depuis janvier 2016 face à l’Euro, notamment liée aux différents acteurs qui voient dans la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne une baisse de sa croissance, c’est sur le plan politique que cette sortie pose actuellement les plus gros problèmes au gouvernement de Theresa May. Des problèmes faisant resurgir des velléités d’indépendance au Royaume Uni et le réveil d’une jeunesse étudiante europhile qui voit dans l’aventure commune avec l’union européenne un futur plus rose.

La réforme du Bac: Quel avenir?

Alicia Sénéclauze, Bogotá

 

La réforme du baccalauréat est officiellement annoncée et promet la fin des séries (L, S, ES). Les actuels 3ème (2017/2018) seraient directement concernés car ils sont aux premières loges et ce dès l’année prochaine !

Le plus grand changement portera sur la suppression des filières. Un nouveau système va donc faire son apparition. Des matières vont se rajouter aux matières communes et le tout représentera 16 heures en Première et 15 et demi en Terminale. Voici la liste complète des matières communes pour tous les lycéens:

  • Français
  • Histoire-géographie
  • EMC (enseignement moral et civique)
  • Langue Vivante 1 et 2
  • Éducation Physique et Sportive
  • Humanités scientifiques et numériques (développement d’un raisonnement scientifique; ce qui regroupera tous les bénéfices des sciences et des mathématiques)
  • Philosophie (en classe de terminale)

En première, les élèves devront choisir trois spécialités, puis deux en terminale et tout  ça représenterait 12 heures. Le choix serait entre toutes ces spécialités:

  • Arts
  • Écologie, agronomie et territoires
  • Histoire géographie, géopolitique et sciences politiques
  • Humanités, littérature et philosophie
  • Langues et littératures étrangères
  • Mathématiques
  • Numérique et sciences informatiques
  • SVT (sciences et vie de la terre)
  • Sciences de l’ingénieur
  • Sciences économiques et sociales
  • Physique chimie

De nouvelles options vont être proposées sur 3 heures par semaines telles que:

  • Arts
  • LCA (langues et culture de l’antiquité)
  • EPS (éducation physique et sportive)
  • LV3 (langue vivante 3)
  • Mathématiques expertes (en Terminale)
  • Mathématiques complémentaires (en Terminale)
  • Droit et grands enjeux dans le monde contemporain (en Terminale)

Aussi, des heures seront dédiées à l’orientation post-bac, avec des cours de méthodologie et une préparation au grand oral (dont nous éclaircirons la démarche plus tard).

Avec la réforme 2021, le contrôle continu (au cours de l’année) va prendre environ 40% dans la note finale du baccalauréat. Les épreuves de Terminales existeront encore et représenteront 60% de la note.

Des épreuves de contrôle continu seront organisées lors des deux dernières années de lycée et en Première, elles se dérouleraient en janvier et avril. En Terminale, elles auraient lieu en décembre.

Les disciplines évaluées seront celles du socle commun (de ces matières communes à chacun) et non pas celles de spécialités.

 

Cette réforme apportera aussi des changements aux épreuves nationales. Au total, les Terminales connaitront cinq épreuves (au lieu de 10 actuellement, voir 11 et 12 si le lycéen a choisi une troisième langue et une spécialité):

Une épreuve en fin de Première:

  • Une épreuve anticipée de français (à l’écrit puis à l’oral)

Quatre épreuves à passer en Terminale:

  • Deux examens écrits sur les disciplines de spécialité choisies en Terminale (organisées en printemps)
  • L’épreuve écrite de philosophie (en juin)
  • Un grand Oral préparé depuis la Première

Cette dernière épreuve est l’une des plus importantes et se préparera dès la Première. Cet examen durera 20 minutes et sera divisé en 2 parties :

  • « La présentation d’un projet préparé depuis la Première, projet qui s’appuiera sur des disciplines de spécialité du candidat
  • Un échange avec le jury visant à évaluer la capacité du candidat à analyser, en se servant de ses connaissances acquises pendant sa scolarité (soit une partie Question-Réponse) ».

Le ministère de l’Éducation Nationale cherche à améliorer l’expression orale et écrite des lycéens afin qu’ils puissent bien s’exprimer en français et qu’ils n’aient pas de difficultés dans leurs études supérieures (FAC, écoles supérieures, classes préparatoires…). Il souhaite aussi pouvoir mieux orienter les lycéens dans leurs choix futurs et leur permettre de ne pas « s’étouffer » durant les périodes de révision pour les épreuves finales (puisque ces dernières seront dispersées tout le long de l’année).

Cette réforme vise aussi à économiser plusieurs dizaines de millions d’euros à l’État français et à « restaurer la crédibilité du bac et être attentif à la fonction d’accès à l’accession à l’enseignement supérieur » (Pierre MATHIOT, ex-directeur de Science Po Lille et professeur des universités en charge de la nouvelle réforme).

Voici un récapitulatif des heures par matières (source: Ministère de l’Éducation Nationale)