Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (3/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

L’Écosse

Une autre région où les volontés d’indépendance sont très présentes est bien entendu l’Écosse. Ce projet d’indépendance est porté par le parti SNP (Parti National Écossais) majoritaire au Parlement écossais et au pouvoir en Écosse.

On peut voir dans les votes du référendum pour l’auto-détermination, une grande fracture entre la région écossaise et le reste du royaume. Les écossais ont majoritairement voté (62%) pour rester dans l’union européenne mais ce vote europhile n’a pas pu faire pencher le référendum vers une décision de rester dans l’union européenne. En effet l’Écosse, ne représente que 2 679 513 votes sur les 33 551 983 que compte au total le Royaume Uni.

 

Le Brexit pose un énorme problème et  ravive des volontés indépendantistes en Écosse car c’est une région autonome du Royaume Uni et qui possède son propre parlement. Celui-ci est majoritairement indépendantiste. Le parlement compte sur ses 129 sièges au total, 63 sièges en faveur du parti SNP profondément indépendantiste et 6 sièges sont occupés par le Parti Vert également en faveur de l’indépendance et de la décentralisation. Ce qui représente une majorité.

 

 

Manifestation pro-européenne à Édimbourg en 2017

 

Depuis le référendum de 1997 qui déboucha sur le « Scotland Act » signé en 1998, le parlement écossais est autonome par rapport au parlement britannique. Le « Scotland Act » a donné au parlement écossais, les pouvoirs législatifs auparavant dévolus au Parlement britannique. « The Scottish Parliament » peut donc voter ses propres lois. En réalité, le rôle principal de ce parlement est de décider si oui ou non, toutes les lois votées par le Parlement Britannique doivent être appliquées en Écosse. Le Parlement Britannique se réserve le droit d’amender certaines lois du Parlement Écossais, et de réduire le champ de ces domaines de compétences. C’est en quelque sorte, une liberté et autonomie conditionnelle.

Le mardi 15 mai 2018, le parlement écossais a rejeté le projet de loi britannique qui organise la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne. Il s’agit d’une première qui pourrait déboucher sur une crise constitutionnelle. Une coalition s’est ainsi formé avec comme chef de file le Parti national écossais, parti majoritaire et actuellement au pouvoir lui-même appuyé par le Parti travailliste, les Libéraux-démocrates et les Verts face au Parti Conservateur. Le Parti Conservateur est la branche écossaise du Parti Britannique favorable à Londres et contre l’indépendance de la région écossaise du Royaume Uni. Les parlementaires écossais ont donc adopté une motion par 93 voix contre 30 qui refuse de consentir au projet de loi mené par Theresa May organisant la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne.

 

Discours pro-européen de Nicola Sturgeon devant  le Parlement écossais le 13 mai 2018

 

Les principales crispations entre Londres et Édimbourg tournent autour des futures répartitions des différents pouvoirs. En effet, comme l’Écosse est une région autonome, elle doit pouvoir prétendre à une autonomie certaine. Mais dans l’amendement de la loi du Retrait qui voudrait organiser la sortie du Royaume Uni rédigée par Londres, il n’y a aucune reconnaissance de cette autonomie, autonomie actuellement respectée selon les accords signés avec l’Union Européenne. Cette répartition des différents pouvoirs entre le Parlement Anglais et les différents Parlements régionaux, n’est pas seulement accordée à l’Écosse mais aussi au pays de Galles et à l’Irlande du Nord. Cette autonomie des régions était présente dans de nombreux domaines tels que la pêche, l’agriculture, l’environnement, la justice et l’éducation. Des domaines spécifiques dans lesquels il y avait des responsabilités décentralisées. Le Parti indépendantiste écossais se plaint du non-respect du consentement du parlement écossais notamment sur la politique future des accords commerciaux dans la loi de retrait de la part du gouvernement de Theresa May.

 

Le Parlement écossais qui s’est senti dupé par le Parlement Anglais, a amendé une loi « d’urgence » qui donne au gouvernement écossais la possibilité de rester cohérent avec l’Union Européenne, malgré le Brexit . En clair, cette loi pousserait l’Écosse un peu plus vers l’indépendance. Des pouvoirs auparavant dévolus à Londres, seraient dorénavant attribués à Édimbourg. Mais pour que ce bouleversement constitutionnel puisse être effectif, il faudrait que le parlement de Westminster le valide. Or, depuis le référendum de 1997, le parlement écossais est en mesure d’émettre ces propres lois, conférent ainsi une certaine autonomie écossaise par rapport à Westminster. En ne reconnaissant pas cette loi et en refusant de l’amender, le parlement britannique pourrait ainsi causer une crise constitutionnelle.  La porte parole du parlement écossais précise que dans les négociations avec l’UE, « le Royaume-Uni veut juste nous consulter, alors que la Constitution (Écossaise) nous donne le droit au consentement. »

L’objectif de cette coalition n’est pas d’empêcher le Brexit car il a été voté, mais de défendre aux mieux les intérêts de l’Écosse, qui voit, il est vrai, un avenir plus radieux dans une aventure européenne. Les écossais ont majoritairement voté pour rester dans L’Union Européenne. Leurs principales revendications étant de rester dans le marché unique et dans l’union douanière.

Un « hard » Brexit aurait en effet des conséquences très néfastes pour l’Écosse, ils ont donc tout intérêt à négocier une transition en douceur et non à une rupture brutale. La plupart des économistes écossais sont d’accord pour chiffrer une baisse de 9% du PIB sur les prochaines décennies de l’économie régionale écossaise avec un « Hard Brexit». Mais c’est également sur le tourisme et les échanges culturels et intellectuels que les manques seront les plus grands, dénonce un député du parti Vert. Des aides ont déjà été mises en place pour pallier à la crise qui selon eux devrait avoir lieu avec le Brexit, notamment un maintien annoncé du programme qui permet aux étudiants européens de venir étudier en Écosse sans payer des frais d’inscriptions supplémentaires.

Avec une coalition puissante menée par un parti profondément indépendantiste au pouvoir, se pourrait-il que des résurgences indépendantistes liées à l’échec du référendum de 2014 puissent apparaître et devenir une menace pour un Royaume unifié ?

Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (2/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

L’Irlande

Les plus grosses tensions se trouvent sur la frontière entre la République d’Irlande et la région d’Irlande du Nord rattachée au Royaume Uni. Ces tensions sont directement reliées à la guerre civile d’Irlande du Nord qui se serait terminée selon les différentes interprétations, en 1997 ou 2007 à la suite de la signature d’un accord de paix et de désarmement avec différents groupes non étatiques militants pour l’indépendance de l’Irlande du Royaume Uni et son rattachement à l’état d’Irlande.

 

Les tensions sont toujours présentes en Irlande du Nord, notamment d’ordre confessionnel et communautaire. En effet, on peut encore assister à des scènes dignes des troubles secouant l’état d’Israël causés par la problématique Palestinienne. On peut voir au détour d’une rue de la « capitale » de l’Irlande du Nord, Belfast, des immenses murs en béton d’une dizaine de mètres de haut… du même type que le mur séparant la bande de Gaza d’Israël. Ces murs nommés « Peace Walls », sont des murs assurant une séparation distincte des quartiers catholiques et protestants, leur destruction est programmée pour dans 10 ans. Leurs rôles étaient de protéger les différents quartiers des violences provoquées par les autres quartiers environnements.

Ces murs nommés « Peace Walls », sont des murs assurant une séparation distincte des quartiers catholiques et protestants, leur destruction est programmée pour dans 10 ans. Leurs rôles étaient de protéger les différents quartiers des violences provoquées par les autres quartiers environnements.

 

On peut comprendre que dans un tel contexte, le rétablissement d’une frontière physique impliquant des douanes et des contrôles entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande pourrait raviver les problématiques d’indépendance et de communautarisme. Certains groupes tels que la

« Continuity Irish Republican Army » ou bien « La Real Irish Republican Army » continuent toujours la lutte armée car ils ne sont pas signataires du Traité du Vendredi Saint, et pourraient se faire catalyseur de la reprise de la guerre civile. Différents groupes signataires de l’IRA pourraient également se réactiver.

 

Frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande :

Traduction :  Respecter le vote « rester ». Attention, s’il y a une frontière dure, cette route sera fermée à partir de Mars 2019. Communautés frontalières contre le Brexit 

 

 

 

La reprise d’une lutte plus active par les différentes mouvances de L’IRA ou du Sinn Féin favoriserait ainsi une dégradation des relations entre les différentes communautés catholiques et anglicanes qui sont soutenues par le gouvernement. De telles conditions sociétales pourraient voir une résurgence de différents groupes insurrectionnels et armés en Irlande. L’avantage principal pour le Royaume Uni et l’Irlande du Nord faisant tous deux partis de l’espace Schengen, signifiait qu’un citoyen du Royaume Uni n’avait pas besoin d’un visa pour pouvoir se rendre en Irlande du Nord, et inversement. La réussite des accords de paix du Vendredi Saint, en 1998, était notamment due à une démilitarisation de la frontière Anglo-irlandaise et que cette démilitarisation permit alors un libre échange total et effectif.

 

Si la procédure de sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne est menée à son terme, c’est entre le nord et le sud de l’Irlande que se situera l’unique frontière terrestre entre le Royaume Uni et l’Union Européenne le 29 mars 2019. Mais, l’une des clauses les plus importantes de l’accord de paix entre les différentes mouvances de L’IRA et le gouvernement Britannique signé en 1998 était la totale liberté des personnes et des marchandises pour traverser la frontière entre les deux pays. Il n’existe plus aucune frontière physique à proprement parler entre les deux pays et le passage de la frontière se fait actuellement sans vraiment la remarquer.Un retour 20 ans en arrière est-il donc voulu par les deux camps ?

 

La première réaction des britanniques vint de Theresa May qui a appelé l’Union Européenne à revoir sa position sur la frontière entre l’Irlande du Nord et la république d’Irlande et à faire preuve de plus de souplesse. Le Royaume-Uni, l’Irlande et l’UE ont promis de ne pas matérialiser la frontière afin d’éviter tout possible retour à la violence entre le camp indépendantiste et le camp loyaliste à Londres.

 

En décembre dernier, lors d’un conseil européen, l’Union Européenne et le Royaume-Uni s’étaient mis d’accord sur l’absence de frontière entre les deux parties, un « back-stop », stratégie consistant à fournir un soutien faible ou une protection contre le pire, évidemment le pire étant  de raviver les tensions. Cette absence de frontière suggérait le maintien de l’Irlande du Nord dans le marché commun et l’union douanière européenne. Ce qui concrètement équivaudrait à l’instauration d’une frontière imaginaire au milieu de la mer d’Irlande et donc à une perte de la suprématie flagrante pour le Royaume Uni sur la région d’Irlande du Nord.

 

 

 

 

Caricature de Million comparant Theresa May à l’amiral Nelson face à l’Europe

 

 

 

 

Mais quelques mois plus tard, Theresa May, énonça lors d’un discours à Belfast le 20 Juillet dernier devant un publique de cols blancs irlandais, un changement de cap complet. Ce soudain revirement peut être associé à la conséquence d’un mois particulièrement tumultueux pour Theresa May durant lesquels deux des principaux ministres Pro Brexit de son gouvernement ont démissionné prétextant qu’avec la proposition de Theresa May de ce « back-stop » entre l’Irlande du Nord et la République, l’essence même de l’esprit du mouvement pro Brexit n’était pas respectée.

« Aucun Premier ministre britannique n’accepterait jamais (la division du Royaume Uni) » a-t-elle donc déclaré il y a deux mois devant ce parterre Irlandais. Cette déclaration a été suivie par la parution dans un livre blanc, de la proposition de Theresa May d’instaurer une zone d’union douanière commune entre l’Irlande du Nord et de l’UE. Mais cette zone de libre-échange n’est pas totale car elle ne sera valable que pour les biens. Les 25.363 milliards de Livres que représentent les exportations de biens anglais vers la république d’Irlande, pourrait être l’une des explications de cette « concession ». Il est certain que les services qui représentent près de 80 % de l’économie britannique n’entreront pas dans cette zone économique exclusive. Cet accord impliquerait également la fin de la libre circulation des individus des deux côtés de la frontière de l’île Irlandaise. La démission de deux de ses principaux ministres, celui du Brexit et celui des Affaires étrangères, a poussé Theresa May à un amendement à une loi sur le commerce qui rendrait illégale toute possibilité pour l’Irlande du Nord de se situer en dehors du territoire douanier britannique. La situation est donc actuellement bien plus encline à la résurgence de graves troubles en Irlande du Nord : Une position bien plus dure de la part de Londres.

 

La question reste donc en suspens.

Pour l’Union Européenne, on ne peut pas négocier l’installation d’une zone de libre-échange entre le Royaume Uni et l’Union sur la base d’une seule des quatre libertés, la libre circulation des biens, indépendamment de la libre circulation des services, des capitaux et des personnes. Surtout que dans le cas présent, l’unique bénéficiaire serait le Royaume Uni et la perte des trois autres libertés représenteraient des facteurs insurrectionnels très importants pour la reprise de troubles en Irlande du Nord. Michel Barnier, le négociateur européen a notamment ajouté « Pourquoi voudrait-on affaiblir le marché unique, qui est notre principal atout […] juste parce que le Royaume-Uni souhaite en sortir ? ».

 

 

Theresa May le 20 juillet 2018 à Belfast

 

 

 

 

Michel Barnier devant la Commission Européenne le 6 septembre 2018

 

 

 

 

Pour Theresa May, le pari est double en proposant ces mesures bien plus dures, celui de montrer à son parti conservateur déchiré que sa stratégie est la bonne et que son gouvernement et le Royaume Uni gardent encore le contrôle et restent maître des négociations. Theresa May a énoncé que « C’est désormais à l’UE de répondre. Pas simplement en retombant sur ses positions précédentes qui ont déjà prouvées qu’elles ne peuvent fonctionner. Mais en faisant évoluer sa position ».

Michel Barnier a souligné que « Le débat semble encore en cours au Royaume-Uni » à l’image du chaos au sein du gouvernement et que les propos de Theresa May n’auraient peut-être plus autant de valeur d’ici quelques mois. L’échéance de la sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne est de plus en plus proche : le 29 mars 2019. Toutes les parties savent qu’un Brexit sans aucun accord conclu au préalable serait, économiquement, la pire des solutions.

 

Voilà maintenant deux ans que la voie du Brexit a remporté le referendum et que Theresa May est premier ministre. L’historien anglais, John Laughland estime que Theresa May, en grande difficulté chez elle, dans son propre parti et au gouvernement, comme face à Bruxelles, n’arrivera pas à négocier une sortie avantageuse pour son pays.

Attention au feu!

Yanis Caillaud, Washington DC 

 

Dessin de Yanis Caillaud

«Les deux types de feux à éviter aux États-Unis» :

les anti Nike brûlent les chaussures pour manifester leur opposition avec la publicité ; 

“fire”, faire feu, par référence au shooting ayant eu lieu cette année aux États-Unis.

 

La firme d’accessoires et de vêtements de sport Nike, mondialement connue, s’est retrouvée au cœur d’une controverse liée à ses nouvelles campagnes publicitaires “Just do It”. Ces publicités ont suscité la polémique parce qu’elles se sont appuyées sur une riche liste des meilleurs athlètes, mais surtout sur l’ex footballeur américain Colin Kaepernick. Or Colin Kaepernick a marqué les esprits lorsqu’il a refusé de se lever pour chanter l’hymne national Américain avant un match (cela s’est produit en 2016, mais de nombreux autres sportifs ont ensuite imité son geste).

Le fait de rester à genoux lors de l’hymne national représente une forme de protestation contre les meurtres sans cause d’individus afro-américains par la police qui surviennent malheureusement trop souvent. Il s’agit d’un geste fort dans un pays où l’hymne national ne saurait être instrumentalisé pour critiquer le fonctionnement de la société.

Après le lancement de cette campagne publicitaire de nombreux individus ont décidé de boycotter la marque Nike en brûlant certains produits ornés du fameux logo. Cette campagne de publicité aurait entraîné une baisse de 2% du cours de l’action  Nike.

 

Brexit ou l’Exit d’un Royaume Uni divisé (1/4)

Louis G.K.Ferrand, Bogotá 

 

Le 11 juin 2016, un référendum mené par l’ex Premier Ministre, James Cameron a provoqué la sécession du Royaume Uni de l’Union Européenne après 39 années d’aventure commune. Le Royaume Uni avait sous le mandat de Edward Health, le 1 janvier 1973 rejoint la CEE. Mais de nombreuses dissensions ont perduré du fait que le Royaume Uni était principalement intéressé par les avantages économiques que représentaient une adhésion à cette zone économique exclusive et unique au monde. Les différentes transformations fédéralistes avec le traité de Maastricht notamment, ont suscité des interrogations auprès des Anglais. David Cameron premier ministre à l’époque avait, lors de sa campagne de réélection en 2015, obtenu des reports de vote en exprimant sa volonté de mener un référendum d’autodétermination sur la question Européenne. L’objectif était d’obtenir pour son parti, les conservateurs et avec l’aide nouvelle de L’UKIP (  ) de Nigel Farage profondément eurosceptique, une majorité au parlement et ainsi pouvoir maintenir son poste de Premier Ministre.

 

Pourtant 1 an après, la place du Royaume Uni dans l’Union Européenne, semblait nécessaire pour David Cameron, qui devient alors l’une des figures majeures de la campagne en faveur du vote In (rester). En opposition à l’opinion de David Cameron sur la question, les anglais choisirent à 51,9 pour cent des voix exprimées de quitter l’Union Européenne. Par conséquent, David Cameron, maintenu au siège de premier ministre avec la promesse de ce référendum, démissionna dans la matinée du 24 juin sur le perron du 10 Downing Street tout en regrettant le choix d’une majorité d’anglais « Je ne crois pas qu’il serait bon pour moi que je sois le capitaine qui dirige le pays vers sa destination ». Laissant trois mois à son futur successeur d’engager le processus de désengagement du Royaume Uni de L’UE, Théresa May, issue du parti Conservateur, fut désignée, seconde femme à occuper le siège de premier ministre et inscrite dans la lignée de Margaret Thatcher contre la promotion d’une Europe libre-échangiste au sein de la communauté économique européenne, 28 ans plus tard.

 

                Carte réalisée par le Figaro annonçant les résultats du référendum d’autodétermination de 2016

 

Malgré des problèmes économiques résultant d’une chute du cours de la Livre de 25 pourcents depuis janvier 2016 face à l’Euro, notamment liée aux différents acteurs qui voient dans la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne une baisse de sa croissance, c’est sur le plan politique que cette sortie pose actuellement les plus gros problèmes au gouvernement de Theresa May. Des problèmes faisant resurgir des velléités d’indépendance au Royaume Uni et le réveil d’une jeunesse étudiante europhile qui voit dans l’aventure commune avec l’union européenne un futur plus rose.

Un bilan de l’économie américaine au milieu du mandat de D. Trump

Maylis Gourdier, Washington DC  

 

Le 20 janvier 2017, quand D.Trump est devenu président des États-Unis, le taux de chômage était de 4,8% (son taux le plus bas depuis 2001), le PIB était de 19 390 milliards de dollars, la croissance de 2,2%, et son déficit budgétaire de 666 milliards de dollars (3,5% du PIB). Depuis l’arrivée de Trump, l’économie connaît une conjoncture exceptionnelle, avec des indicateurs au vert concernant la croissance du PIB, l’emploi, l’inflation et la performance de la bourse.

 

En 2017, la richesse produite a augmenté de 2,3%, puis a atteint 4,1% au deuxième trimestre 2018. C’est la première fois que la croissance dépasse la barre des 4% en 4 ans. La progression du PIB est supérieure aux prévisions des analystes. Au troisième trimestre 2018, la croissance est de 3,5%. Cette progression de l’économie serait due à 2 raisons principales :

  • La première est la réforme fiscale adoptée par la majorité républicaine à la fin de l’année 2017, ayant généré une baisse du taux d’imposition sur les sociétés de 35% à 21% et de certains impôts sur le revenu. Cette baisse des impôts semble avoir stimulé la consommation des ménages, en hausse de 4%, notamment dans l’achat de biens durables (9,3%) et de voitures. Les investissements des entreprises ont progressé de 7,3%.
  • l’augmentation des dépenses publiques et particulièrement les dépenses de sécurité nationale (plus 35%) et militaires (en hausse de 6%).

 

Le taux de chômage est descendu à 3,7 % en septembre 2018, son niveau le plus bas depuis 50 ans.

 

L’économie atteint le plein emploi. Et le président a promis la création d’emplois avec la relance de la production de charbon. Trump espère également stimuler l’emploi grâce à sa politique  protectionniste : taxation sur l’importation d’acier (25%) ou d’aluminium (10%) en provenance notamment de Chine; des emplois perdus avec la délocalisation pourraient être ramenés aux États-Unis. Mais ces taxes pourraient entraîner une guerre commerciale et en particulier une taxation par la Chine sur certains produits américains (ex le soja).

 

 

 

 

 

 L’inflation a subi une augmentation de 2,9% en juillet 2018 mais est descendue depuis a 2.2% et les prévisions indiquent qu’elle devrait rester stable. Mais la Federal Reserve (la banque centrale américaine) a légèrement relevé ses taux, il y a peu de temps, par crainte d’une accélération de la hausse des prix.

 

Le parcours de Donald Trump, milliardaire et homme d’affaires, a donné confiance à la bourse américaine. L’indice Dow Jones montre une augmentation d’environ 40% depuis l’arrivée du président. Mais cet indice a perdu 5% en octobre 2018.

 

Cependant l’augmentation des dépenses des États-Unis a pour conséquence un fort déficit, le plus élevé depuis 2012. En conséquence la dette nationale, déjà abyssale, a augmenté de 1200 milliards cette année. Par ailleurs, les économistes estiment que la croissance ne pourra pas maintenir sa progression et prévoient  un ralentissement de la croissance à environ 2,1% en 2019.

Migrations mexicaines aux États-Unis: quels effets économiques ?

Juliette Lassus, Washington DC 

 

« Le Mexique en fait très peu, si ce n’est RIEN, pour empêcher les gens d’entrer au Mexique par sa frontière sud, puis aux États-Unis » tweetait le président Américain Donald Trump le 1er Avril 2018.

Le Mexique est considéré comme un pays émergent, c’est un pays plutôt riche (12eme PIB mondial), participant à des accords commerciaux importants comme l’ALENA (Accord de Libre Échange Nord Américain) qui facilitent les relations économiques avec les autres pays. Alors, pourquoi une émigration  massive et pourquoi vers les États-Unis ?

 

À partir de 1950 et jusqu’en 1975 le pays a subi une forte explosion démographique. En effet, la population est passée de 27,7 à 60,7 millions selon l’ONU.

Les richesses créées sont certes importantes mais sont principalement dues à l’économie souterraine, dite informelle qui représente 32% du PIB. Les salaires sont faibles, même dans les grandes entreprises multinationales qui ont tendance à payer plus que le revenu minimum. Le revenu disponible par habitant est en comparaison extrêmement inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE ( Organisation for Economic Co-operation and Development ): 13 891 USD par an contre 30 563 USD.

On entend beaucoup parler dans l’actualité d’une “invasion” mexicaine. Il faut savoir qu’ils   constituaient 11.2% de la population américains et 63.2% de tous les immigrés hispaniques et latinos en 2016.

 

Concrètement, quels impacts sur l’emploi aux États-Unis ?

 

Au départ, la main d’œuvre mexicaine a répondu à une forte croissance de la demande d’emplois faiblement qualifiés dans des domaines tels que l’agriculture, l’industrie, les chantiers de constructions. Puis, les familles se sont installées. Les mexicains sont devenus, avec le temps, une main d’œuvre indispensable pour certains métiers et contribuent à hauteur de 8% du PIB. Cette arrivée massive de travailleurs non qualifiés sur le marché américain a fait baisser leur salaire moyen de 5%. L’offre de travail ayant augmenté, les employeurs en profite davantage.

Comme le montre le graphique, un élément très important caractérise cette population d’immigrés : le faible taux de diplômés.

 

Selon une étude conduite par The United States Census Bureau en 2010, seulement 40% des  immigrés mexicains finissent les études secondaires avec un diplôme. 60% doivent donc se tourner vers des métiers accessibles sans cette certification. De même, l’OCDE en 2009 souligne que 90% des immigrés mexicains sur la côte ouest occupent un emploi peu qualifié ; nettoyage, bâtiment, production et agriculture. Ce chiffre est néanmoins en baisse constante depuis 2008 ce qui peut être vu comme une des conséquences de la création d’une classe moyenne Mexicaine-Américaine.

Le cas le plus frappant : la Californie, l’Etat où les Mexicains représentaient  35.7% de la population active sur le marché de l’emploi (août 2018). En dépit de leur rôle clé, on constate une très forte différence de salaires comparé aux  natifs : un écart d’environ 24% (60,100$ comparé à 79,000$). Contrairement à certaines affirmations, la présence de cette nouvelle population n’empiète pas sur les salaires américains.  Même si cela reste une énorme inégalité, les revenus restent beaucoup plus élevés que les salaires moyens mexicains. En revanche il est clair que certains employeurs ont une préférence pour ces salariés immigrés moins coûteux : 20 salariés mexicains coûtent en moyenne moins cher à l’employeur que 15 salariés américains.

 

Pour résumer, sans les Mexicains la Californie serait en manque de main d’œuvre, ce qui constituerait un lourd handicap pour le secteur agricole  notamment. L’immigration suscite un débat vif aux États-Unis, cependant, la présence des nombreux immigrés mexicains profite énormément à l’économie américaine et à son fonctionnement.

Les Hydrates de méthane : l’énergie fossile du Futur ?

Louis.G.K. Ferrand, Bogotá  

 

Les Inuits l’appellent « Ignik Sikumi », en français nous l’appelons, la glace qui brûle. Les scientifiques et spécialistes des hydrocarbures parlent d’hydrates de méthane. L’hydrate de méthane ou clathrate de méthane est un composé d’origine organique naturellement présent dans les fonds marins, dans les talus continentaux mais également dans le pergélisol des régions polaires. Le pergélisol est aussi appelé permafrost en anglais. C’est la partie de la toundra qui est composée principalement de glace qui ne fond jamais quand les températures ne dépassent pas les records que connait actuellement le globe.

Selon les estimations de l’agence de l’information sur l’énergie des Etats Unis, le gaz naturel devrait devenir la deuxième source d’énergie au monde devant le charbon à partir de 2030.

 

Les hydrates de méthane apparaissent ainsi dans ce contexte comme un contributeur important et en devenir de la production globale gazière. La combustion de cette énergie fossile ne produit pas plus de CO² que la combustion du gaz naturel et elle produit moins d’effet de serre que lors de la combustion du charbon et du pétrole. On pourrait donc logiquement qualifier ce combustible fossile de plus propre. Mais ce n’est pas aussi simple, du fait que ce combustible, étant donné sa composition, est très riche en méthane. Or, une fuite de méthane dans l’atmosphère a des conséquences sur l’environnement beaucoup plus graves. En effet, le méthane sous forme de gaz est 21 fois plus efficace comme effet de serre que le CO².                                                                    Photo d’hydrates de méthanes en combustion

 

On parle de réserves non conventionnelles d’hydrocarbures pour les hydrates de méthane car ce sont des réserves qui se forment dans des conditions très particulières, dans des régions très éloignées où leur exploitation est très onéreuse. Mais avec l’épuisement des réserves dites conventionnelles et le développement technologique des dix dernières années, leur exploitation et leur utilisation sont remises à l’ordre du jour. La principale force des hydrates de méthane malgré leur exploitation difficile, est qu’ils constituent une réserve énergétique énorme. On estime actuellement que les hydrates de méthane des fonds océaniques contiennent deux fois plus en équivalent carbone que la totalité des gisements de gaz naturel, de pétrole et de charbon connus sur la surface du globe.

Les principales recherches sur l’extraction des hydrates de méthane sont menées en Asie malgré des avancées particulièrement importantes sur le continent américain. Traditionnellement, c’était le Japon qui était le plus avancé, poussé par une volonté politique renforcée après Fukushima de trouver une source d’énergie sûre lui permettant l’autonomie énergétique. Les géologues estiment que les fonds océaniques aux alentours du Japon contiennent à eux seuls suffisamment d’hydrates de méthane pour fournir l’équivalent d’un siècle d’approvisionnement de l’archipel en gaz naturel. Aujourd’hui, le Japon a l’obligation d’importer la quasi-totalité de ses ressources énergétiques. Les hydrates de méthane sont pour les politiques et scientifiques japonais la manière de résoudre ce paradoxe pour leur pays et ainsi de leur permettre l’accès à une véritable souveraineté énergétique. En 2008, un groupe scientifique japonais a ainsi réussi la première extraction de l’histoire et en 2013, a eu lieu la première extraction off-shore.

La Russie qui possède également de très grandes réserves de ce combustible fossile, suit de très près les différentes innovations technologiques dans ce domaine. Mais un nouvel acteur a fait son arrivée dans ce secteur très particulier de l’énergie en 2017 avec des résultats qui sembleraient le positionner au sommet : la Chine. En effet, le 18 mai dernier, le ministère chinois du territoire et des ressources a annoncé avoir extrait une quantité beaucoup plus importante que lors des tests pratiqués par les autres pays. L’extraction a eu lieu à 1.266 mètres de profondeur dans la mer de Chine méridionale.

 

                                                                   Plateforme de pompage et d’essais dans les hydrates de méthane

 

La route est encore longue avant une exploitation commerciale. Néanmoins la Chine qui est le pays le plus développé dans ce secteur, estime le début des ventes pour 2030. Les défis sont encore nombreux pour arriver à une exploitation sans impact majeur sur l’environnement. Le risque principal lié à ce combustible fossile demeure le risque de fuite de méthane lors de son extraction et de son exploitation, ce qui serait catastrophique pour l’environnement et le réchauffement de la planète via l’effet de serre qu’il induirait. Les scientifiques estiment également que des exploitations importantes pourraient causer d’importants glissements de terrains sous-marins qui pourraient entrainer à leur tour des tsunamis majeurs. Malgré le faible rejet de CO² lors de sa combustion, cette ressource reste fossile et contribuerait quand même à renforcer l’effet de serre. Néanmoins, les hydrates de méthane pourraient remplacer le pétrole ou le charbon dans les pays en développement grands consommateurs d’énergie. On estime que les ressources d’hydrates de méthane vont de 3 à 30 millions de milliards de msoit 15 à 150 fois les réserves prouvées de gaz naturel sur la surface du globe.

Face à d’autres sources d’énergie comme la biomasse, le solaire ou la capture des décharges électriques envisagées par Nicol Tesla en son temps, l’exploitation des hydrates de carbone , si elle est une possibilité technique, n’est pas la seule, et encore moins la meilleure des énergies nouvelles a prioriser car du point de vue environnemental, elle reste une forme d’énergie fossile, donc mauvaise pour la biosphère.

Un sommet en creux

Mariano Fernández, Lima  

Article publié dans Chaski, la revue du lycée franco péruvien de Lima

 

Le très attendu VIIIème “Cumbre de las Américas”  a eu lieu le 13 et 14 avril à la ville de Lima réunissant les 34 dirigeants des pays du continent américain (où celle-ci était l’idée). Le sommet avait le but de discuter des sujets politiques, économiques et sociaux communs à tout le continent. Le sujet plus précisément était “Gouvernance démocratique face à la corruption”.

Le continent américain a la particularité d’être à la fois uni et désuni. Il est uni géographiquement, mais il n’y a pas d’unité géopolitique entre les pays de la zone. C’est vrai qu’ils existent des organismes regroupant plusieurs pays du continent comme par exemple l’OEA ou l’Alliance du Pacifique, mais il n’y a pas une association politico-économique au niveau de l’Union Européenne où on établisse des institutions communes. Depuis 1994, les pays américains se réunissent dans la “Cumbre de las Américas”. Celle-ci serait un premier pas pour unifier le continent et assurer son développement durable. De plus, puisque Lima était le siège de l’édition du 2018, le Pérou allait recevoir beaucoup d’exposition, de reconnaissance, notamment dans la presse internationale, grâce à la participation de dirigeants importants des pays les plus puissants comme les Etats-Unies ou le Canada.

Néanmoins, le sommet ne s’est pas déroulé comme on l’espérait. Plusieurs conditions n’ont pas permis cela.

 

Un sujet ironique

 

En premier lieu, “Gouvernance démocratique face à la corruption” est un thème important à traiter dans le continent, mais est très ironique comme choix de sujet du sommet. Le fait d’inviter les dirigeants des pays de l’Amérique du Sud à discuter sur des moyens pour lutter contre la corruption, pendant que la majorité sont accusés dans l’affaire Odebrecht est paradoxale. De plus, le pays d’accueil est le Pérou, pays où les 4 derniers présidents (Kuczynski, Humala, García et Toledo) sont soupçonnés ou impliqués dans de cas de corruption et blanchiment d’argent.

 

Le professeur de relations internationales de l’Universidad Estatal de Rio de Janeiro, Paulo Velazco, dit que c’est le “paradoxe de l’Amérique Latine que nous voyons les derniers mois, ou années”. C’est le fait que “malgré l’implication d’hommes politiques importants dans des scandales de corruption, on [les pays] essaye de démontrer qu’on vit une normalité institutionnelle”.

 

   De gauche à droite:   MM Vizcarra Président du Pérou, Santos Président de Colombie, Piñera Président du Chili, Peña Nieto Président du Mexique,  et Trudeau Premier ministre du Canada

 

Le changement du président

 

En plus, c’était l’ancien président Pedro Pablo Kuczynski qui a organisé le sommet pendant son mandat. Pourtant, il n’a pas pu participer à cause de sa démission après qu’il a été accusé de corruption. C’est donc, Martin Vizcarra, institué président le 23 mars qui a présidé le sommet après seulement 3 semaines de mandat: était-il en pleine capacité et légitimité?

 

 

Des présidents absents

 

Le sommet devait aussi symboliser l’union des pays d’Amérique face aux différents problèmes existants dans la région. Mais le Pérou (à travers le Groupe de Lima qui regroupe 17 pays dont le Mexique, le Canada, le Brésil, etc) a désinvité le président du Venezuela Nicolas Maduro. Le Pérou trouve que la “rupture de l’ordre constitutionnel” en Venezuela est anti-démocratique et le fait de retirer l’invitation au président au sommet pourrait exercer une pression sur Venezuela pour améliorer sa situation. Mais d’un autre côté cette raison est totalement paradoxale selon l’analyste politique et ancien Ministre de l’Intérieur Fernando Rospigliosi, puisqu’ en 2015, lors de la “Cumbre” en Panamá, le président Evo Morales a été invité, malgré ses pratiques jugées peu démocratiques par certains. Il a été même invité au sommet de Lima.

 

Un autre président a plutôt choisi de ne pas venir au Sommet. C’est le président des Etats-Unis Donald Trump. Il s’agit du premier président des États-Unies à ne pas assister à ce sommet. Il a décidé de ne pas assister afin de continuer à superviser la situation de la Syrie depuis la Maison Blanche. Cette décision a été ressentie négativement par les présidents d’Amérique Latine, qui la considèrent comme un signe de mépris. Maduro justement a même dit que Trump voit Lima comme un “arrière-cour” et qu’il ne veut pas s’asseoir avec les présidents des pays d’Amérique du Sud puisqu’ils ne sont rien pour lui. Sa fille, Ivanka Trump et le vice-président, Mike Pence ont donc assisté à sa place. .

 

          Finalement, le président équatorien Lenín Moreno a du retourner immédiatement à son pays avant même que l’événement commence. Il a décidé cela lorsqu’il a appris que 3 journalistes de son pays avaient été enlevés et assassinés par un groupe armé.

Malgré toutes ces contraintes, le sommet a pu quand-même arriver à des conclusions. À la fin de la “Cumbre de las Américas”, les pays ont approuvé un document de compromis contre la corruption. Des mesures comme “Protéger le travail des journalistes et personnes qui investiguent des cas de corruption” ou “Renforcer la transparence des financements des campagnes électorales” ont été signés par les différents pays.

Mais on reste de toute façon avec la sensation de déception quant au déroulement de l’évènement. On peut se demander si les pays de l’Amérique arriveront un jour à véritablement s’organiser.

Une crise fratricide entre pays de l’or noir

Louis G.K. Ferrand, Bogotá   

 

Le 5 juin 2017 débutait l’une des nombreuses crises secouant aujourd’hui le Moyen Orient. Une crise démonstrative de la volonté d’expansion de la puissance de l’Arabie Saoudite par son jeune et nouveau dirigeant, le prince héritier Mohamed Ibn Salman sur les terres limitrophes de la péninsule Arabique. La victime de cette néo guerre froide est une monarchie pétrolière, frontalière et premier exportateur de gaz naturels liquéfié au monde, on parle du Qatar. L’Arabie Saoudite a ainsi coupé toute relation économique et diplomatique avec cette petite monarchie pétrolière entrainant avec lui différents pays tels que les Émirats arabes unis, le Bahreïn et l’Égypte.

 

 

Cette coalition de pays avance le fait que le Qatar et son gouvernement, représenté par l’émir Tamim Ibn Hamad Al Thani soutient financièrement des groupes islamistes radicaux et surtout, lui reproche son rapprochement avec l’Iran, puissance régionale rivale de l’Arabie Saoudite. L’Iran étant pour l’Arabie Saoudite sunnite, le principal adversaire de la région en terme politique, économique mais également et surtout idéologique. Ces deux puissances régionales cherchent à être chef de file des deux branches majoritaires de l’Islam.

Le jeune dirigeant Saoudien, à l’origine de cette crise diplomatique entre l’Arabie Saoudite et le Qatar aurait cependant pu trouver des points communs avec son nouvel ennemi. En effet, l’émir de Doha a accédé aux pouvoirs de la même manière que lui, grâce à l’abdication de son père. Il est également wahhabite, mouvement politico religieux de l’Islam sunnite qui prône un retour aux sources de l’islam et qui insiste avant tout sur l’unicité absolue de Dieu.

Même si l’émir du Qatar est un peu plus libéral, du fait que les femmes ont le droit de vote aux élections municipales, ils sont tous deux de la même génération et à l’image d’une nouvelle classe de dirigeants arabes, jeunes et dynamiques, élevés à l’occidentale.

Un an et demi après cette tentative de déstabilisation politique, Riyad a tout perdu. En effet, après la fermeture des frontières et la fin des relations diplomatiques et commerciales, le régime Qatari a su rebondir sans perdre de sa stabilité, malgré quelques problèmes d’ordre pratique pour Doha telle que l’interdiction formelle à Qatar Airways de survoler le territoire saoudien. Cette interdiction créa les premiers jours une situation cocasse durant laquelle, le Qatar a dû louer une compagnie étrangère pour rapatrier les pèlerins qataris qui se trouvaient à la Mecque. Par ailleurs, les pertes du régime saoudien se soldent en millions de dollars d’exportations de nourriture notamment. Mais c’est sur le plan politique et des relations internationales que Riyad a le plus perdu, un véritable renversement de situation.

Le Volteface pratiqué par le Qatar est la parfaite illustration du proverbe, « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Le principal ennemi de l’Arabie Saoudite étant l’Iran, Tamim Ibn Hamad Al Thani a donc engagé un fort rapprochement diplomatique entre son pays et la république islamique. Pour l’Iran, la situation est tout à son profit car deux ans auparavant, des relations aussi proches n’auraient pas pu être envisageables avec ce pays Sunnite frontalier de son grand ennemi idéologique et religieux.

Ce rapprochement entre les deux pays se constate premièrement par le ravitaillement alimentaire organisé pendant les premiers jours de la mise sous embargo, ravitaillement vital car la petite monarchie wahhabite n’aurait, selon certaines sources, que 17 jours d’autosuffisance alimentaire. Mais Téhéran a également ouvert son espace aérien   à la compagnie nationale Qatar Airways pour une continuité des vols commerciaux. Le président Hassan Rohani a reformulé sa volonté de renforcer les partenariats  économiques entre les deux pays et pour la presse iranienne, les secteurs agricoles, alimentaires et textiles seraient principalement concernés.

Ayatollah Ali Khamenei (leader Iranien) avec L’émir Qatari Tamim Ibn Hamad Al Thani

Mais également, fait plus étonnant, c’est la Turquie d’Erdogan qui a su devenir un partenaire indispensable et allié de poids pour le Qatar. En effet, la Turquie a installé une base militaire permanente sur le sol Qatari. L’occident, allié traditionnel du régime Saoudien pour lequel les ravitaillements de pétrole sont une nécessité, n’a pas réellement engagé de procédure diplomatique et économique envers le Qatar. Le Qatar a mené une diplomatie dit du chéquier en multipliant les gros contrats d’aviation et d’armement avec la France, le Royaume Uni, l’Italie et les États-Unis. Tamim Ibn Hamad Al Thani a également approuvé un projet de loi autorisant des investisseurs étrangers à détenir 100% des parts d’une entreprise qatari. Ainsi, la politique mise en œuvre par Riyad permet au Qatar de proposer un marché suffisamment attractif pour les pays développés, au détriment de l’Arabie Saoudite.

Le gouvernement de Trump appuyant les accusations premières de Riyad « Qatar, grand financier du Terrorisme » a, un an après, changé d’état d’esprit notamment grâce à des trésors de lobbying développés par Doha. Le 15 janvier 2018, Donald Trump a officiellement « remercié le Qatar pour son combat contre le terrorisme et toutes les forces d’extrémisme ». En réaction au blocus de l’Arabie Saoudite, un grand sentiment de patriotisme s’est développé au sein de la population Qatarie et la cote de l’émir n’a jamais été aussi haute.

La « guerre froide » déclenchée par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, il y a un an et demi, n’a par conséquent pas atteint les objectifs attendus par Riyad et son prince héritier Mohamed Ibn Salman à l’origine de cette crise diplomatique, assiste au renforcement de l’Iran comme puissance régionale. Le Qatar pays majoritairement sunnite dirigé par un émir wahhabite, s’est très fortement rapproché de Téhéran. L’occident et les États-Unis traditionnellement gendarmes du moyen orient, ne se sont que très peu fait entendre et depuis le début de l’année 2018, sont ouvertement en désaccord avec la politique menée par Riyad. Le patriotisme n’a jamais été aussi haut dans la péninsule Qatarie.

Malgré l’augmentation des budgets militaires des deux camps, une intervention armée Saoudienne ne semble pas envisageable. Le pays est actuellement engagé dans un conflit avec le Yémen qu’il n’arrive pas contrôler et le monde extérieur ne le permettrait pas car cela représenterait une clôture immédiate du plus grand champ gazier du monde.

Seulement, le Qatar ne peut pas vivre indéfiniment sous le coup d’un blocus économique. Un changement de la situation dépend de l’entêtement de l’Arabie Saoudite et de comment les différentes forces en puissance impliquées dans la crise, vont continuer à agir. L’annonce de Riyad le premier septembre dernier, de construire un canal sur la frontière entre les deux pays, transformant ainsi le Qatar en île, ne présage évidemment pas d’une résolution de la crise.

Les secondes du Lycée français de Caracas découvrent la Chine !!!!

Elèves de la classe de Seconde, Caracas  

 

La convergence d’énergies et d’enthousiasmes ainsi qu’un travail de titan pour franchir les obstacles permirent la mise en place de ce projet fou. Tous ensemble, nous, élèves de seconde, avons   travaillé sans compter, tant pour l’obtention de fonds qu’au niveau scolaire. Et puis, le jour tant attendu est arrivé.

Le 6 juin, nous avons pris notre envol vers cette Asie mythique, vers cette Chine millénaire que nous avions  appris à connaître tout au long de l’année: initiation au mandarin et au pin yinh durant deux mois,  quatorze films chinois ou sur la Chine, exposés, cours de Taï Chi et de Kung Fu, opéra ( Turandot ou les chinoiseries du XIXème siècle),  cours d’histoire et de géographie ( avec cartes et  interrogations écrites !!!!!), constitution d’un blog où est  présentée la cinquantaine de mini exposés réalisés de novembre à mai.

 

 

 

Notre blog: Chine 2018, une civilisation millénaire

 

 

 

 

 

Grâce aux aides obtenues, telles celle de Mr l’Ambassadeur lors du Récital de chant lyrique, celle de Monsieur le  Directeur d’Air France,  grâce aux  dons des familles, aux trois crowdfundings, à  notre travail afin d’obtenir des fonds, tous les élèves désireux de partir ont pu s’envoler, ce qui représentait  85% de la promotion présente en juin. Un exploit qui s’est plié aux normes imposées par le Lycée.

 

Vivre au Venezuela est bien difficile en ce moment. Rêver de la Chine depuis le Lycée français de Caracas était une chimère. Nous avons lancé notre projet comme on lance une bouteille à la mer et nous avons eu l’immense chance de pouvoir le réaliser ! Embarquement pour une folle aventure: Caracas-Paris-Beijin- Xian, puis Shanghai-Paris-Caracas, le tout en onze jours !!!!

        

Un moment particulièrement fort fut la rencontre avec les  Secondes du Lycée français de Beijin : nous avions tout en commun alors que nous vivions dans des mondes si différents, ceci  grâce à notre éducation française ! C’était incroyable ! Nous avons pu parler dans la même langue, échanger nos impressions sur nos matières préférées, nos profs etc…   Après avoir partagé de magnifiques moments lors d’un match de foot et un autre de handball, nous avons projeté à nos nouveaux camarades un Powerpoint présentant le Venezuela. Une photo souvenir marqua ce moment historique.

La vidéo réalisée par Laura Marquez raconte notre incroyable équipée ! (Clic sur la photo)

 

 

 

 

 

« Entrées précédentes Derniers articles »