Entretien avec stephanie Le Bars, journal le monde

Visioconférence du 17 avril 2020

Nous avons eu l’occasion au mois d’avril, en plein confinement, de rencontrer Stéphanie Le Bars, journaliste au Monde.
Après des stages dans la presse quotidienne régionale et à Paris Match, elle a brièvement travaillé pour le magazine L’Étudiant, avant de débuter au Monde sur les questions d’éducation, puis de devenir correspondante en Israël pendant cinq ans.
A son retour, en 2007, elle est chargée des questions de religion et de laïcité. Dans son blog, ‘’ Digne de foi’ ’, elle proposait « des mises en perspective et des analyses sur les sujets liés aux religions et aux courants de pensée, leur impact sur les sociétés et leurs enjeux politiques».
Plus tard, en 2014, la journaliste quitte la rubrique religions et laïcité pour devenir correspondante du Monde à Washington DC. Elle prévoit de revenir en France en 2021, pour faire tout autre chose car elle pense qu’il est essentiel de se renouveler ! À suivre …

‘’J’ai eu cette ambition un peu folle de vouloir entrer au Monde »

Stéphanie Le Bars mesure sa chance d’avoir pu intégrer ce qu’elle considère comme ‘’le meilleur journal français’’, un quotidien de référence, le plus indépendant des pouvoirs politiques, en comparaison avec Le Figaro, classé à droite et Libération, à gauche.
Afin d’écrire ses articles, elle va à la recherche d’informations auprès d’institutions ou d’organisations diverses, de spécialistes, d’universitaires mais va aussi à la rencontre des personnes qui peuvent témoigner. Puis, elle transmet ce qu’elle a vu, entendu et vécu en citant bien sûr ses sources. ‘’L’idéal est toujours d’aller à la source de l’information’’. Notre journaliste définit sa profession comme un service d’utilité publique. “On est là pour aider les lecteurs à mieux
comprendre le monde ainsi qu’à mieux se forger une opinion personnelle”, ce qui est indispensable dans une démocratie.

Guidée par la curiosité et l’envie de découvrir l’autre

Dès le plus jeune âge, Stéphanie le Bars s’est construit une culture générale, un atout pour poursuivre sa carrière de
journaliste. Elle nous explique que la culture générale, “ ne s’improvise pas quand on commence ses études’’. C’est “quelque chose que l’on cultive depuis tout petit, avec sa curiosité, selon ses capacités et son environnement. C’est un
état d’esprit qui se cultive tous les jours’’. Curieuse de nature, avide de rencontres et de découvertes, la journaliste a trouvé le métier qui a répondu à ses attentes.
Suivre des élèves de 3ème en voyage scolaire à Auschwitz en plein hiver, assister au départ des colons israéliens de la
bande de Gaza, rencontrer des communautés évangéliques, musulmanes, ou juives en France, couvrir un “gun show’’ aux Etats-Unis sont autant de réalités vécues par Stéphanie Le Bars dans le cadre de son métier de journaliste. La rencontre avec des personnes et des milieux improbables demeure aujourd’hui encore l’un des attraits de sa profession. En l’exerçant, elle a réalisé que les gens aiment parler d’eux, aiment se raconter, dire ce qu’ils pensent :
“C’est assez frappant comme découverte de l’humanité’’, nous confie-t-elle. L’autre aspect du métier qu’elle a choisi et qui passionne Stéphanie Le Bars est le plaisir d’écrire – rien d’étonnant quand on choisit la presse écrite ! Elle trouve dans ce travail de synthèse, de mise en forme qui doit être la plus agréable possible à lire, une grande source de satisfaction.

Un métier à risques…

Dans l’exercice de son métier, Stéphanie Le Bars a eu la peur de sa vie en Israël. Elle nous livre cette histoire touchante. “J’étais correspondante en Israël et dans les territoires palestiniens, au début des années 2000, lors de la deuxième Intifada, une époque de fortes tensions entre Israël et la Palestine. A cette période, Israël a décidé de construire un mur de séparation afin d’éviter des attentats. Je me suis rendue dans un village palestinien, où Israël
construisait ce mur, lors d’une manifestation. À un moment, les soldats israéliens ont commencé à tirer. Heureusement ce jour, il n’y a eu aucun mort.” Cet événement a profondément marqué la journaliste: “c’est une expérience qui reste très forte : on fait juste son métier et puis cela peut prendre des proportions totalement inattendues”.

Spécialiste des religions

Comme nous l’avons indiqué auparavant, notre journaliste est très curieuse et aime se diversifier. Son passage de plusieurs années à la rubrique consacrée aux questions religieuses lui a permis d’enrichir sa culture dans plusieurs religions. “L’idée n’était pas de raconter les religions du point de vue de leurs croyances mais de rapporter l’impact social qu’elles ont sur la société française et dans les relations géopolitiques”.
Dans les années 2000, la religion musulmane est devenue un sujet de société tout autant que religieux notamment avec les débats sur le port du voile, la place de l’islam dans la République et son rapport à la laïcité. “ En France, la religion (re)devenait un fait social et politique important”.

Avez-vous beaucoup voyagé dans le cadre de votre métier?

Au cours de sa carrière, Stéphanie Le Bars a eu l’occasion de découvrir divers pays. C’est notamment en tant que responsable de la rubrique religions qu’elle a le plus voyagé … en suivant le pape dans ses déplacements. “A chaque
fois que le pape voyage, Le Monde envoie un journaliste, et pendant sept ans, le journaliste en question c’était moi!’’ Elle a ainsi eu l’occasion de découvrir divers pays, en Afrique et en Europe, notamment. Au-delà des du message purement religieux, le pape a souvent une parole politique, ce qui intéresse un journal comme Le Monde.

Les informations sont-elles toujours bonnes à dire?

On ne peut pas tout dire, des lois interdisent par exemple de dire du mal de quelqu’un sans preuve, sous peine d’être poursuivi pour diffamation. Toute incitation à la haine envers une population ou une religion particulière, est également punie par la loi. Cependant, dès que l’information est vérifiée, qu’elle est réelle et qu’elle présente un intérêt pour le bien commun, il ne faut pas hésiter à la publier, en dépit des dommages qu’elle peut causer à une partie ou une personne. Ne pas diffuser des informations pour protéger des intérêts particuliers est contraire à la démocratie.
‘’Toute information vérifiée est bonne à dire’’. Quant aux images choquantes, la journaliste pense qu’il est parfois nécessaire de les publier pour éveiller les consciences. Elle pense simplement “qu’il faut prévenir le lecteur ou l’auditeur avant de les publier. Pour que chacun puisse choisir de les voir ou pas’’. ◼

Remerciements

Madame Stéphanie Le Bars,
Nous aimerions, par le biais de cet article, exprimer nos vifs remerciements à toute personne contribuant de près ou de loin à l’élaboration de cet humble travail.
Nous tenons à vous remercier vivement pour avoir accepté notre entretien et pour avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions.
Un merci bien particulier adressé également à Mme Viens-Kolb, notre professeure de géopolitique, pour ses remarques, ses directives, et l’intérêt qu’elle porte à ses étudiants. Nous tenons à lui exprimer nos sincères remerciements pour son suivi et ses orientations tout au long de l’année.
Aussi, nous présentons notre reconnaissance à Mme Gouyette, notre professeure documentaliste, qui nous a conseillé et soutenu pour réaliser ce portrait.
Que tous ceux qui ont contribué à mener à bien cette interview, trouvent ici l’expression de notre parfaite considération.

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