Reggaeton !

Juan Soto, Bogotá 

 

Il y a quelques jours, la plateforme internet Youtube a publié la liste des 10 vidéoclips avec le plus de vues en 2018. Parmi ces vidéoclips, 8 chansons sont chantées en espagnol et “Te Boté remix”, interprétée par les portoricains Nio Garcia, Darell, Bad Bunny et Ozuna occupe la première place avec près d’un milliard et demi de vues, 400 millions de “J’aime” et plus de 400 000 commentaires.

 

Même si  des chansons comme “La Tortura” de Shakira ou “La Macarena” de Los del Rio, qualifiée selon Forbes comme la sixième chanson la plus célèbre de l’histoire, ont été écoutées partout quand elles sont sorties, c’est avec l’arrivée du Reggaeton que la musique en espagnol a connu son essor dans un monde qui aime de plus en plus le “Fast Food” musical.  Mais ce n’est pas seulement à travers la beauté du langage ou à l’accent « séducteur » des interprètes  que les chansons de reggaeton sont parmi les plus écoutées actuellement.

Le reggaeton, né à Panama dans les années 70, et adopté par les portoricains dans les années 90, inspiré d’un mélange entre le reggae, le rap et le dance hall, a été considéré pendant longtemps par la plupart des gens comme une musique vulgaire et peu élaborée. On pensait que ce genre interprété par des chanteurs sans aucun type de formation musicale et produit de manière rudimentaire allait disparaitre très rapidement. Cependant, au-delà d’une adaptation dans son contenu, qui devient de moins en moins vulgaire,  c’est grâce à sa simplicité musicale que le reggaeton a réussi à s’imposer et à attirer de plus en plus de public.

Tout d’abord, la base utilisée par le reggaeton, un “tresillo 3-3-2”, répété dans toutes les chansons, donne à la musique un rythme contagieux. Le fait que ce rythme n’a jamais changé à la base a fait qu’au cours du temps, à force de l’entendre une et autre fois, le public se soit habitué de plus en plus. Les chansons sont donc devenues plus faciles à assimiler et elles plaisent plus facilement. De plus, le mélange de cette base du reggaeton avec plusieurs styles musicaux peut plaire aux personnes qui sont fans d’autres genres : la bachata, le mambo ou le pop, par exemple.  La chanson la plus écoutée de l’histoire de youtube, « Despacito » de Luis Fonsi, qui a presque 6 milliards de vues sur cette plateforme, est un mélange entre du reggaeton et du pop, mais elle incorpore des instruments musicaux populaires comme le cuatro cubain.

La plupart du reggaeton est produit en Colombie et à Puerto Rico. Cependant, selon la plateforme Spotify, seulement 5% des écoutes de reggaeton proviennent de ces deux pays. Cela veut dire que 95% du reggaeton est exporté  et que le genre a conquis un marché  global. Ce rayonnement mondial du reggaeton est dû aussi, en partie, aux collaborations des interprètes de reggaeton avec d’autres artistes appartenant à un genre musical différent. Justin Bieber, Drake, Becky G : tous ces artistes ont participé à des chansons de reggaeton et plusieurs d’entre eux ont décidé de chanter en espagnol, une langue qui n’est pas la leur. Anitta, la chanteuse brésilienne la plus connue actuellement  assure que : « Chanter en espagnol m’a ouvert à plus de gens. Je pense que le langage reste encore une barrière. » La collaboration entre le rappeur américain Drake et le portoricain Bad Bunny, chantée entièrement en espagnol, est la troisième chanson la plus écoutée sur Deezer actuellement.

Le reggaeton a donc réussi à présenter une culture latine qu’une grande partie de la population refuse d’accepter, mais qui existe quand même, dans un monde dominé auparavant par la musique provenant des pays anglo-saxons.  Peut-être que le contenu de ses lettres reste simple et parfois vulgaire, que le rythme est monotone et qu’une grande partie des interprètes n’ont pas de formation musicale, mais le reggaeton a le mérite d’avoir fait de l’espagnol la langue avec laquelle tout le monde danse. La preuve : Après le succès de Despacito, certains médias assurent que le nombre de touristes à Porto Rico a  augmenté de 45%. Même si ces chiffres ne sont pas encore vérifiés, il est vrai que ce genre est une grande fenêtre qui fait que les gens, même les moins curieux, se demandent, au moins, «  Qu’y a-t-il à voir en Amérique latine ? »

Le Dialogue de Trianon

Louis G.K. Ferrand, Bogotá  

 

Le dialogue de Trianon est un forum franco-russe qui a pour but de permettre et de faciliter le dialogue entre les jeunesses russes et françaises, les acteurs économiques ainsi que culturels, mais également les personnalités politiques. L’intérêt pour ses organisateurs est qu’il permet un rapprochement entre les deux pays. Le Dialogue comme forum de coopération a l’avantage majeur pour ses membres de permettre de surmonter les incompréhensions qui existent entre les deux nations et ,qu’en quelque sorte, ces échanges permettent de faire progresser une amitié Franco-Russe plus forte. Le dialogue de Trianon ou forum de coopération franco-russe est né le 29 mai 2017 à Versailles lors d’une visite présidentielle de Vladimir Poutine. C’est pendant celle-ci qu’il rencontra le président Emmanuel Macron. A l’origine une initiative de la France, la Russie a très rapidement accepté d’être partie prenante de cette organisation.

 

 

Les objectifs principaux sont donc de permettre aux sociétés civiles Françaises et Russes de s’ouvrir l’une à l’autre et dans ce but, chaque année, les jeunes des différents pays sont invités à s’entretenir et à échanger sur une thématique choisie par un conseil binational de coordination du dialogue. Le thème actuel est celui de la « ville du futur ».

Présidé à part égale par un co-président russe, Anatoly TORKUNOV et un co-président français Pierre MOREL le conseil de coordination du dialogue est composé de trente membres. 15 membres pour chaque nationalité et parmi elle, on y retrouve des personnalités françaises de renom comme Claudie Haigneré ancienne spationaute et actuelle ministre de la recherche ou le directeur général de Total, Patrick Pouyanne. Du côté russe, il y a également des personnalités comme la directrice du musée Pouchkine, Marina D. Lochak ou le directeur du conseil d’administration du groupe ADV (groupe spécialisé dans l’audiovisuel – au chiffre d’affaires de 500 millions de dollars en 2016).

L’objectif majeur est de représenter les différentes composantes de la société civile des deux pays : professeurs, ingénieurs, entrepreneurs, diplomates, artistes et personnalité du monde de la culture…

A la fin de l’année dernière, la crédibilité du dialogue de Trianon a été fortement renforcée par une déclaration commune datée du 27 novembre 2018. Les deux ministres des affaires étrangères Français, Jean Yves le Drian et Russe, Sergeï Lavrov ont réitéré leur attachement à ce forum et leur volonté commune d’accentuer les échanges de toute sorte entre les deux pays.

DOSSIER SPÉCIAL DIXIÈME ANNIVERSAIRE 2009-2018

   Dix ans en Amérique : États Unis  

 

Juliette Hart, Sophie Ehrlich-Adam, élèves au Lycée Rochambeau, Washington DC.

 

Le vote communautaire dans les élections présidentielles américaines

 

B. Obama; 8 ans à la présidence des États-Unis, D. Trump, à l’heure actuelle au “midterm” d’un premier mandat

 

Au cours des dix dernières années, deux présidents ont été élus à la tête des États-Unis. À « gauche », le démocrate Barack Obama, et à « droite », Donald Trump, le candidat du parti républicain lors de l’élection de 2016. Le profil de l’électorat diffère : on constate que 13% des africains américains et 54% des blancs caucasiens ont voté pour B. Obama ; D. Trump a lui recueilli, respectivement  57% et 8% des suffrages de ces deux catégories.

Dans un pays marqué par des clivages raciaux, genrés et politiques, ces deux « head of state » ont dirigé les États-Unis à leur manière, en tenant compte de leurs propres intérêts et de la situation internationale. .

DOSSIER SPÉCIAL DIXIÈME ANNIVERSAIRE 2009-2018

  Dix ans en Amérique : États Unis 

 

Esfandyar Sadrieh, Nayla Osseiran, élèves au Lycée Rochambeau, Washington DC

 

 

Injustice raciale: Une épidémie américaine!

Rashon Nelson et Donte Robinson, deux Africains-américains, attendaient dans un Starbucks à Philadelphie quand ils se sont fait arrêter par la police sans raison valide (la police ayant été appelé par un salarié de l’enseigne). Ce n’est pas la première fois que ce type d’incidents se déroule aux États-Unis. En réaction, et face au tollé qu’il a provoqué, Starbucks a décidé de proposer une formation d’une journée à ses vendeurs (l’ensemble des Starbucks restant fermés), pour éviter la répétition d’événements de cette nature.

 

Racial injustice, an american epidemic!   Arrest of Rashon Nelson and Donte Robinson in a Philadelphia located  Starbucks

Rashon Nelson and Donte Robinson, who were friends since the 4th grade, were waiting patiently and unnoticeably at Starbucks in Philadelphia for a business meeting. After asking them if they needed help, a worker at the coffee shop called the police when they had not bought anything and they were soonly arrested.

The arrest of these two african american men in a Starbucks located in Philadelphia arose controversy in the United States about racial profiling that has been seen before. Soon after the incident, the company closed 8000 of its stores around the country to train the staff on avoiding racial bias. The white Democratic mayor, Jim Kenney, said what happened at the Starbucks “appears to exemplify what racial discrimination looks like in 2018”. The black police commissioner, Richard Ross, said in a Facebook post that the arresting officers “did absolutely nothing wrong” adding that Nelson and Robinson were disrespectful to the officers.

 

This event was not the first time an incident of this magnitude has occurred. Racial bias is one the biggest problems in the United States. Many businesses around the states have owned up to having had staff behave inappropriately towards african americans and other races. However, this episode is the first time it had happened in a company of this size in recent years.

The video of the two individuals surfaced around the internet and the event made national headlines. This was another reminder to the people about the discrimination that people of color go through on a daily basis. These kinds of acts occur in many different situations such as the murders of young black males such as Philando Castile by white police officers.

 

Rashon Nelson and Donte Robinson got into contact with different news outlets such as the Associated Press and they did their first interview since the marking experience. By consequence, this incident became a political scandal.

 

Robinson was worried about his loved ones and how the afternoon had taken such a drastic turn as he was put in jail. Nelson was worried if he would make it home alive, fear and anxiety were overtaking them as they just faced racial injustice.

 

This event sparked a change in Starbucks’ company, the hiring standards changed and they realized they needed to diversify the staff in order broaden their horizons and to have the different cultures of the new people influence the staff and influence the stores environments.

 

The two victims wanted to take advantage of this matter and use their voices to positively impact the community. The men ask aid the city of Philadelphia. To donate 200,000 dollars to a program for high school students seeking to become business entrepreneurs. The two also took part in the training that was provided by Starbucks when dealing with racial biases. Starbucks also offered to help Robinson and Nelson take courses to finish and obtain their Bachelor’s degree.

The city of Philadelphia has also called upon the individuals to take part in programs that promote equality and eliminate racial bias.

 

This incident is just one of many that affects the United States as a nation , 13,4%, of the population (statistics from the U.S. census) to feel unsafe around law authorities or even in public areas in general. Taking place in such major coffee shop chain, it caused Starbucks and the victims to try to make change. Multiple celebrities spoke up and gave their opinions and publicized this recurring issue of racial bias.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : États-Unis 

 

Apollinaire GIRES, élève de Terminale, Washington D.C.

 

Et si la société américaine était toujours ségréguée ?

 

« I have been to the mountaintop ». Ces quelques mots sont issus du dernier discours de Martin Luther King Jr. à Memphis, la veille de son assassinat. Ce « sommet », que le pasteur américain disait avoir aperçu, représente la fin d’une sombre période de l’histoire des États-Unis: la ségrégation. Mais ce phénomène est-il vraiment révolu…?

Un afro-américain utilisant une fontaine assignée aux personnes de couleur durant la ségrégation.

(source: Wikipedia Commons)

 

En quoi consistait la ségrégation raciale aux États-Unis ?

 

En 1865, l’Union d’Abraham Lincoln ressort vainqueure de la Guerre de Sécession. Ainsi, l’esclavage est aboli dans l’ensemble du pays. Par ailleurs, pour garantir le bien-être des populations afro-américaines, A. Lincoln décide le déploiement de troupes dans les anciens états confédérés. Commence alors une période prometteuse pour les familles d’anciens esclaves. En effet, celles-ci acquièrent de nouveaux droits et un statut meilleur, ce que souligne l’élection du premier homme noir au Congrès en 1870.

Cependant, en 1877, l’armée se retire des états du Sud. Le siècle qui a suivi a été marqué par les lois de ségrégation surnommées « Lois Jim Crow ». Ces lois étaient supposément fondées sur le principe de « séparés mais égaux », ce qui signifierait que les blancs et les noirs doivent posséder les mêmes droits sans coexister. Néanmoins, dans les faits, les populations noires étaient fortement discriminées. Par exemple, en Alabama, une loi précisait qu’ « aucune personne ou société n’exigera de n’importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d’hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés. »

Bien heureusement, sous la pression des mouvements sociaux de lutte pour les droits civiques, la Cour Suprême américaine finit dans les années 1960 et 1970 par rendre toutes les lois favorisant la ségrégation inapplicables. Sur le papier, blancs et noirs retrouvaient donc enfin le même statut…

 

Pourquoi, en réalité, la société américaine est encore aujourd’hui ségréguée dans de nombreux domaines.

 

Le type de ségrégation moderne le plus facilement observable est la fragmentation spatiale. Prenons le cas de la capitale du pays: Washington, DC. Sa population est composée à plus de 47% d’afro-américains, un pourcentage plus important que celui d’habitants blancs. Pourtant, comme le révèle la carte de la répartition des populations dans la ville, ce sont eux qui résident dans les quartiers aisés du Nord-Ouest de la capitale. Les habitants noirs, quant à eux, sont repoussés vers les périphéries et les quartiers les moins aisés, notamment au Sud de la rivière Anacostia. De plus, la gentrification graduelle des quartiers excentrés de la ville ne fait qu’accentuer le repoussement des populations noires sous l’effet de la hausse des loyers… Il existe donc toujours aujourd’hui une ségrégation géographique aux États-Unis.

 

Carte(Source: Wikipédia): Répartition spatiale des différents groupes ethniques à Washington, DC.    

Les afro-américains occupent les    espaces en bleu, les  populations blanches les zones en  rouge.

 

 

De plus, les afro-américains et les blancs ne possèdent pas aux États-Unis les mêmes droits dans le domaine de la politique, et notamment sur le plan du droit de vote. Bien-sûr, la loi interdit aujourd’hui catégoriquement la discrimination des populations noires dans tous les secteurs. Cependant, on considère qu’aujourd’hui environ 4 millions de noirs américains en âge de voter ne peuvent pas le faire. Ceci est, entre autres, la conséquence de la « Guerre contre les drogues » entreprise par le gouvernement américain dans les années 1970. En effet, les trafics démantelés concernaient souvent les drogues les moins chères comme le cannabis et le crack qui touchaient plus particulièrement les populations moins aisées afro-américaines. De plus, toujours aujourd’hui, on estime qu’aux États-Unis un noir a treize fois plus de chances d’être arrêté par la police qu’un blanc (selon le Washington Post). Résultat: en 2018, 40% des prisonniers américains sont noirs, alors que les afro-américains de représentent que 13% de la population totale du pays. Or, dans beaucoup d’états américains, les détenus ne peuvent pas voter… Ainsi, en Alabama, au Tennesse ou en Virginie, environ 20% des afro-américains n’ont plus le droit de vote. Ceci peut avoir un fort impact sur les résultats des différentes élections.

 

Il existe, outre les domaines de la répartition spatiale et des droits juridiques, d’autres secteurs ségrégués. On peut citer par exemple la segmentation ethnique du marché du travail: il est plus difficile pour un afro-américain d’accéder à un poste de cadre que pour un travailleur blanc. Par ailleurs, les populations noires ne sont pas les seules victimes de ces formes de ségrégation modernes. En effet, les populations hispaniques et amérindiennes les vivent également.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : États-Unis  

 

Oriane Badre, Annabelle Piot, Adèle Roulmann, Rita, élèves de Terminale, Washington D.C.

 

February 14th 2018, Washington DC : Students walk out for their safety

Photos prises lors de la manifestation du 14 février 2018 (Oriane Badre, Annabelle Piot et Adèle Roulmann figurent sur les images de gauche qui ont été diffusées sur les grandes chaînes)

Sources : ABC news et Jim Watson (photographe)

 

14 Février 2018. 6 minutes. 14 élèves et 3 encadrants morts par balle. 100 tirs en moins de 5 minutes : le school shooting de Parkland. Une fusillade au sein d’une école, une parmi plein d’autres aux Etats-Unis. La vie s’arrête. La rébellion commence.

Le 14 mars 2018, les élèves du Montgomery County, dans l’Etat du Maryland, engagés dans la lutte contre le port d’arme à feu, sortent de classes, dans les rues de la capitale politiques  pour manifester de la Maison Blanche jusqu’au Capitole. Nous, auteures de cet article, nous y sommes rendues, ainsi qu’une quarantaine d’autres élèves engagés du Lycée Rochambeau se sont joints à des milliers d’autres élèves  pour manifester à Washington DC au total pour des régulations du port d’armes à feu aux États Unis. Nous avons utilisé notre voix, la voix de la nouvelle génération opposée à la vente libre d’armes à feu. Nous avons dit STOP, nous avons dit ENOUGH (ASSEZ).

STOP au fait révoltant que les armes à feu soient davantage protégées que les élèves. STOP au lobbying de la National Riffle Association opposée à toutes formes de régulations du port d’armes à feu aux États Unis. STOP aux mentalités protectrices envers les armes à feu qui sont censées garder le pays en sécurité.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Mexique  

 

Noura Alvarado et Aitana Gudiño, élèves de Terminale, Mexico

 

Ayotzinapa, le cas qui tourmente tout un pays

Le nouveau président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador ouvre une nouvelle enquête sur le cas des 43 étudiants disparus à Iguala en 2014 dans l´État de Guerrero.

 

Tout mexicain attend une réponse claire, concise et logique, tout mexicain veut faire justice, tout mexicain souhaite recevoir ce qui n’a pas été accordé lors du mandat du président sortant Enrique Peña Nieto. Pour la journaliste Anabel Hernàndez, auteure de La verdadera noche de Iguala (2016), aucun pays ne peut continuer sans connaître la vérité à laquelle les victimes et la société ont le droit d’accéder. Les faits passés à Iguala nous obligent à réfléchir sur le moment que le Mexique vit aujourd’hui.”

Les 43 disparus d’Ayotzinapa rejoignaient la manifestation pour commémorer le massacre de Tlatelolco, quartier de la ville de Mexico où de nombreux étudiants furent assassinés par les forces de l´ordre dans le cadre du mouvement étudiant de 1968. Comment la commémoration d’un tel massacre a pu conduire à un nouvel assassinat d’étudiants?

Quatre années se sont écoulées et plusieurs théories ont été proposées sans qu’aucune ne parvienne à convaincre les familles des victimes et le peuple mexicain. Une seule certitude, les autorités mexicaines ont bien joué un rôle aux côtés des trafiquants de drogue dans ce massacre.

Marche pour les 10 mois sans les normaliens de Ayotzinapa, le 26 juillet 2015, photo by PetroHSW / CC BY

 

« Une commission de la vérité »

Dans son discours d’investiture, le 1er décembre 2018, le nouveau président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador (dit AMLO), a confirmé sa promesse de campagne en annonçant la création d’une « commission de la vérité » pour résoudre le cas des 43 étudiants. Deux jours plus tard, AMLO signe le décret consacrant cette commission d’investigation composée des parents des étudiants, de membres du gouvernement, d’experts et de techniciens. Les différents secrétariats ont 30 jours pour définir le budget alloué afin de pouvoir commencer les enquêtes le plus tôt possible. « Nous n’avons plus confiance en personne, mais nous avons un peu d’espoir que vous soyez davantage humain », lui a dit Maria Martinez, mère d’un des étudiants disparus, selon les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), présents à la signature de l’accord. Serait-ce lui le nouvel “héros” du peuple mexicain, celui qui amènera la réponse que tout le peuple attend et exige?

                           Campagne d’affichage du gouvernement de l’État de Guerrero en hommage

                            aux 43 étudiants disparus. #Jusquàlesretrouver

 

Une version officielle contestée

La commission devra revoir la version officielle qui n’a jamais convaincu le peuple mexicain. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, les étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, qui avaient mobilisé cinq autobus pour aller manifester à Mexico, auraient été attaqués par des officiers de la police municipale d’Iguala, sur ordre du maire, avant d’être livrés au cartel des Guerreros Unidos (guerriers unis), qui les aurait confondus avec un cartel rival et les aurait tués, avant d’incinérer leurs corps dans une décharge. Dès 2015, un groupe d’experts de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a contesté cette version et réclamait que de nouvelles pistes soient explorées. En mars dernier, un rapport du  haut commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Zeid Ra’ad al-Hussein, avance que durant l’enquête sur ce massacre des actes de torture ont été « commis, tolérés et couverts » par les autorités mexicaines. Le rapport demande que tous les éléments d’enquête obtenus sous la torture soient considérés comme nuls et retirés du dossier. La nouvelle commission aura pour rôle de répondre aux inquiétudes du peuple mexicain et à la méfiance des observateurs internationaux. La mission s’avère délicate car le cas des 43 disparus cristallise les doutes de toute une nation. Pour cela, la commission s’engage à une transparence totale sur toute avancée de l’enquête.

La nation mexicaine attend que cette initiative du président apporte des réponses et puisse enfin tranquilliser les familles des victimes. Certains restent encore sceptiques sur sa démarche mais  si AMLO atteint son objectif, cette quête de vérité représentera surement une des images marquantes de son mandat.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Mexique 

 

Valentina Facey et  Marcela Sofia Florin, élèves de Terminale, Mexico

 

Au Chiapas, une culture qui cherche à se préserver

La déforestation incontrôlée menace les communautés indigènes du Chiapas qui tentent de se regrouper pour y faire face.

Situé au sud-est du Mexique, à la frontière avec le Guatemala, le Chiapas est un des États les plus pauvres du pays mais reste doté de très grandes richesses naturelles. Pour Alejandro Hernandez, coordinateur des forêts méso-américaines du Mexique, le Chiapas est le deuxième État qui dispose de la plus grande superficie forestière du pays. Deux de ses forêts les plus remarquables sont la réserve El triunfo, reconnue en 2015 par la BBC Earth comme « la forêt la plus magique du monde », et au cœur de la jungle de Lacandon, la réserve de Montes Azules, 331 200 hectares de terre maya, la biosphère la plus riche d’Amérique centrale, selon l’UNESCO. Mais ces espaces sont menacés comme l’attestent de nombreux groupes civils de la région qui dénoncent le pillage des actifs naturels de leurs terres et le harcèlement de l’armée mexicaine contre les communautés indigènes pour protéger les multinationales engagées dans des projets d’extraction des richesses naturelles.

                                  La forêt du Chiapas dans la jungle de Lacandon, photo CC BY

 

Une déforestation qui menace les communautés indigènes

Le Chiapas aurait perdu 55% de ses forêts, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) américaine The Nature Conservancy. Pour Marco Antonio Lara Ramirez, directeur commercial de l’ONG mexicaine Ambio, c’est « entre 30.000 et 45.000 hectares de forêts qui sont déboisés chaque année ». La déforestation s’est accentuée au début des années 2000 quand le président mexicain Vincente Fox lance le plan Puebla Panama, un projet de développement censé lutter contre la pauvreté, mais qui favorisa l’exploitation des matières premières de la région en encourageant l’implantation de multinationales. Depuis, l’exploitation des terres pour l’élevage, avec plus de 6.2% des surfaces du Chiapas qui y sont consacrées, selon l’institut statistique mexicain l’INEGI, n’a cessé d’accentuer le problème de la déforestation.

 

Dans la réserve de Montes Azules, plus de quarante-cinq communautés indiennes y résident. Et pour les ethnies Chiapanèques comme les Lacandones, les Choles et les Tzeltates, les forêts ont un rôle crucial dans leur identité culturelle. La déforestation provoque ainsi le départ des ethnies vers les villes afin d’y trouver de nouvelles ressources et cet exode menace ces différentes communautés.  Ainsi, la ville de San Cristóbal de Las Casas, capitale culturelle du Chiapas, connait une croissance de sa population de plus de 4% par an, selon l’INEGI, croissance due en grande partie à l’arrivée des migrations indigènes subies, estime l’institut mexicain de statistiques. Martha, qui travaille dans l’hacienda Don Juan de la ville nous explique que « les communautés indigènes comme le peuple des Lavandins vivent en pleine forêt tropicale, une forêt devenue constitutive de leurs traditions car elle fut le seul moyen au XVIème siècle de fuir les incursions militaires et religieuses des Espagnols. » La conservation de la forêt est devenue selon elle « indispensable pour conserver le patrimoine culturel du Chiapas ».

 

Le réveil des peuples indigènes

La désignation pour la première fois d’une candidate indienne à la présidentielle de 2018, par le Conseil indigène de gouvernement du Chiapas, réunissant des représentants de 58 peuples indiens, et de  l’Armée zapatiste, montre la montée en puissance de leurs revendications. La porte-parole María de Jesús Patricio, guérisseuse traditionnelle, connue sous le nom de Marichuy, a pu ainsi lors de débats nationaux plaider la cause des peuples indigènes. La prise de la ville de San Cristóbal, lors de la révolte de l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) en 1994, avait constitué un sursaut des communautés indigènes et avait permis un premier pas vers la reconnaissance des richesses naturelles de leur région. En octobre 2018, des indigènes, étudiants et membres de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) ont défilé dans les villes de San Cristóbal et de Tuxtla Gutièrez pour s’opposer aux projets hydroélectriques, pétroliers et miniers qui menacent les terres et la vie sociale et culturelle du territoire. « Les gens craignent pour leur intégrité en raison de l’historique des menaces et des expulsions qui se sont produits dans la région, notamment parce que les actions de l’armée ont été caractérisées par du harcèlement, des meurtres, des incendies de maisons et des expulsions », explique Claudia Ramos, membre de l’association civile Otros Mundos, dans une interview pour le média en ligne Sin embargo.

                                   Indiens du Chenalhó au Chiapas, photo by Diego Cue / CC BY

Des projets alternatifs

Nombre d’acteurs nationaux préconisent, face à l’extraction des richesses naturelles des multinationales, de développer le secteur du tourisme pour mettre en valeur les zones forestières. Il s’agit par exemple de restaurer les haciendas et les sites archéologiques comme ceux de Palenque, Bonanpak, Yaxchilan. Le dernier projet en date, le train Maya, proposé par le nouveau président Andrés Manuel López Obrador, a pour objectif de faciliter le transit d’un site archéologique ou naturel à l’autre. Mais ces initiatives ne font pas l’unanimité. Ces modèles sont souvent critiqués par des associations locales car ils induisent des répercutions sur la biosphère et favorisent aussi l’homogénéisation de l’identité indienne-paysanne. Les réponses sont donc encore à trouver et c’est par l’association des différentes communautés indigènes et leur capacité à proposer de nouvelles voies de développement possibles que le Chiapas pourra conserver sa véritable identité.

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

   Dix ans en Amérique : Mexique 

 

Chloé Palacios et Natalia Martinez, élèves de Terminale, Mexico

 

La mort, synonyme de censure

Au Mexique, les assassinats de journalistes deviennent monnaie courante et ces crimes restent en grande majorité impunis.

 

Le lundi 15 mai 2017, à midi, Javier Valdez Cárdenas est assassiné devant les locaux de son journal Ríodoce, à Culiacán, dans l’État de Sinaloa. Il couvrait notamment la guerre de succession au sein du cartel de Sinaloa depuis l’extradition vers les États-Unis en janvier 2017  du narcotrafiquant Joaquín Guzmán, dit El Chapo. Au Mexique, la lutte contre les cartels cause la mort de deux à trois personnes par jour. Considérée comme la capitale du narcotrafic, Culiacán est l’une des villes les plus dangereuses du pays pour les journalistes qui constituent une cible privilégiée pour les narcotrafiquants.

Javier Valdez savait ce qu’il faisait et était conscient d’être en danger mais souhaitait poursuivre son travail d’investigation, relate la femme du journaliste à la suite de son assassinat. Dans Ríodoce, il racontait en détail la vie au sein du Cartel de Sinaloa, les conflits internes, les luttes de pouvoir et les rapports que les membres du clan pouvaient entretenir avec les hommes politiques. Son but tout au long de sa vie professionnelle fut d’exposer les événements qui menaçaient la vie des habitants de Culiacan. Cette lutte lui coûta finalement la sienne. Cette menace pèse aujourd’hui sur nombreux journalistes mexicains qui ne répondent pas à l’appel de l’autocensure des narcotrafiquants.

 

                                                     Javier Valdez Cárdenas devant son café préféré à Culiacan, État de Sinaloa.

 

Un métier menacé

Avec 11 journalistes tués, le Mexique est devenu en 2017 le deuxième pays, derrière la Syrie, le plus meurtrier au monde pour les journalistes, selon Reporters sans frontières qui le positionne à la 147e place de son classement mondial de la liberté de la presse. Au cours du mandat du précédent président mexicain Enrique Peña Nieto (2012-2018), plus de 1 986 agressions sur des journalistes et 43 assassinats ont été enregistrés dans le pays, selon le dernier rapport de l’organisation non gouvernementale britannique Article 19 qui souligne que très peu de cas ont été résolus. Les aspirants à la profession se font de plus en plus rares et le journalisme d’investigation tombe en déclin. Pour la photographe Jacky Muniello, qui travaille depuis de nombreuses années au cœur de la société mexicaine, “les reportages et le journalisme sont des activités qui nécessitent du courage et de la détermination. Les photographes de presse doivent être des personnes dévouées et passionnées pour réussir à témoigner sur toutes ces fusillades. »

Écrire, « une offrande pour commémorer les victimes »

Les groupes criminels exercent au Mexique une pression telle qu’il est difficile aujourd’hui de suivre l’exemple de Javier Valdez. Les journalistes risquent leur vie mais aussi celles de leurs proches. Écrire sur les narcotrafiquants  devient si dangereux que nombreux journalistes s’autocensurent ou abandonnent la profession. Dans une interview pour le quotidien numérique espagnol Público, le co-fondateur de Ríodoce, Ismaël Bójorquez, reconnait que même si son hebdomadaire publie plus facilement que ses pairs, cela ne représente que 10% de ce qu’ils savent car ils connaissent les limites et les conséquences d’un tel acte. Les menaces ne viennent pas seulement du cartel visé par l’article mais aussi des clans rivaux qui se sentent menacés par la  “publicité” que l’on peut faire à leurs adversaires dans la lutte de pouvoir pour contrôler la ville. Cependant, les journalistes de Ríodoce continuent leur travail car ils considèrent que maintenant, informer ce n’est pas seulement un engagement envers la société mexicaine, mais aussi vis à vis de Javier et des dizaines de journalistes qui sont tués chaque année au Mexique comme Miroslava Breach, le 23 mars 2017, ou Leobardo Vázquez Atzin, le 21 mars 2018. Pour Ismaël Bojórquez, chaque article publié devient alors « une offrande pour commémorer les victimes qui ne cherchaient qu’à dévoiler la vérité de ce qui se passe tous les jours dans leur ville ». Les professionnels de l’information continuent ainsi de se battre au Mexique pour que le journalisme d’investigation ne symbolise plus une nouvelle peine de mort.

 

Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

  Dix ans en Amérique : Mexique 

 

Alan Jacques, élève de Terminale, Guadalajara

 

Le poids du Tourisme au Mexique

Au Mexique l’industrie du Tourisme représente  9% du PIB et  8% de la totalité des Emplois.

 

Le Mexique entre dans l’histoire.

Selon United Nations World Tourism Organization (UNWTO), en 2017 le Mexique a battu tous les records en se plaçant à la 7eme place des pays les plus visités au Monde avec un chiffre approximatif de 39 Millions de touristes internationaux juste derrière  l’Italie qui reste à la 6eme place, et la France est en tête avec 47 millions.

 

Dans le rapport de SECTUR ( Secretaría de Turismo Mexicano ), grâce aux changements d’administrations gouvernementales, les chiffres du tourisme ont connu une augmentation de 60% entre 2012 et 2017. On remarque que le tourisme depuis l’Europe vers le Mexique a augmenté de 34% dans les 5 dernières années et le volume de touristes depuis l’Amérique du Sud vers le Mexique a connu une augmentation de 97% et quant aux touristes venant d’Asie on observe une augmentation de 127%.

Cette évolution est remarquable, le Mexique possède tous les facteurs pour être dans le top 3 des pays les plus visités grâce à ses plages, sa culture gastronomique reconnue, l’histoire unique de ses “Pueblos Magicos” parmi tant d’autres centres d’intérêts. Malheureusement, les mauvaises décisions administratives ne lui ont pas toujours donné sa juste valeur.

Même si, depuis 5 ans, on observe un changement positif dans les infrastructures d’accueil car l’administration mexicaine sait que le tourisme est un marché à fort potentiel.

Avec la promesse du nouveau président élu, Andres Manuel Lopez Obrador, de ne pas donner suite au nouveau projet de l’aéroport de la ville de Mexico, le tourisme au Mexique ferait un énorme pas en arrière.

Il faudra conserver les acquis et maintenir les industries pour que le Mexique continue à attirer les visiteurs et devienne un pays phare dans ce secteur.

 

« Entrées précédentes Derniers articles »