lechodesameriques
Brexit, l’épilogue
Louis G.K. Ferrand, Bogotá
A l’image d’un feuilleton, nous essayerons de rendre plus clair le processus de scission du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Les événements antérieurs au 10 décembre 2018 ont déjà été évoqués dans les articles précédents.
10 décembre 2018 : Un sable mouvant parlementaire pour Theresa May
L’accord du divorce pour lequel la première ministre anglaise avait tant bataillé avec l’Union Européenne ces 2 dernières années, n’est pas soumis à Westminster ce 10 décembre malgré l’annonce préalable. Ce changement de date est compris comme une volonté de gagner du temps et de pouvoir assurer à Theresa May la ratification de cet accord par le parlement, ce qui n’était pas certain pour le gouvernement, le 10 décembre.
En effet, cet accord est considéré trop laxiste pour les hard-Brexiters et trop extrémiste pour les pro-Européens. Comme, il n’y a pas de réel groupe parlementaire majoritaire approuvant totalement les politiques futures inclues dans l’accord de scission du Royaume-Uni, le gouvernement ne peut s’assurer une majorité lui permettant de le faire ratifier. Les principaux points de tensions concernent la définition des futurs liens du Royaume avec l’Union sur le plan économique ou diplomatique ainsi que la problématique de la frontière entre les deux Irlandes. Sujet essentiel et non négociable pour les unionistes irlandais qui sont totalement opposés au rétablissement d’une frontière physique, mais également pour les députés de l’UKIP (profondément eurosceptique) qui eux souhaitent ce rétablissement de frontière. Les deux bords de l’opposition se rejoignent contre cet accord.
L’accord de retrait devait à l’origine prévoir, si validé par le Parlement pour cette date, un temps de manœuvre de quatre mois pour le gouvernement afin qu’il puisse régler les différents problèmes d’ajustement qui adviendraient alors pour l’économie britannique lors du divorce. Ceci ne fut donc pas possible.
12 décembre 2018 : Theresa May fait face aux plus fortes critiques de ses opposants Conservateurs
Theresa May est issue du parti des Conservateurs. Le 12 décembre, ce même parti organise un vote interne de défiance vis-à-vis de la première ministre, le but étant pour ses opposants de l’éjecter du parti et ainsi de montrer leur désaccord avec les politiques menées par le gouvernement. Pour Theresa May, c’est évidemment un avertissement de taille de la part des conservateurs les plus hostiles à l’accord sur le Brexit.
Les points de tensions qui provoquent cette crise sont principalement en rapport avec la question de la frontière Irlandaise et le « Back stop » promu par Theresa May. Il s’agit d’une sorte de filet économique permettant d’instaurer une zone économique exclusive entre les deux territoires Irlandais. Cette frontière entre les deux Irlandes est un sujet de crispations majeures entre le gouvernement et les opposants conservateurs car elle est voulue par ce groupe conservateur à l’égale de celle des années 80. Ce qui reviendrait à une situation très propice à des échauffements, point important de la défense du gouvernement pour l’instauration de ce « back stop ».
Le vote de défiance organisé par le propre camp de Theresa May n’aboutira pas car les députés britanniques conservateurs vont finalement majoritairement renouveler leur confiance en la personne de Theresa May à 200 voix contre 117. Considéré au début de la crise comme une marque forte de l’affaiblissement du gouvernement en place et de la première ministre, cette attaque frontale va paradoxalement consolider la position de Theresa May et la conforter dans ces visions. En remportant ce scrutin, Theresa May se voit accorder une position garantie pour une période d’un an pendant laquelle elle est intouchable.
Manifestation contre les accords promut par Theresa May le soir du vote
13 décembre 2018 : les 27 pays membres de l’Union Européenne s’opposent à la redéfinition d’un accord
La première ministre est contrainte par Westminster de retourner à Bruxelles pour redéfinir l’accord dans l’espoir d’obtenir des clauses plus favorables à la constitution d’une majorité « pour ». Mais elle s’est vu opposée à un front commun des 27 pays membres du Conseil européen pour qui cela n’était possible. Les directives européennes évoquent une possible clarification des positions sur le compliqué « Back stop » mais une réouverture des négociations serait impossible.
Les débats au sein du parlement britannique sur le Brexit ne reprendront qu’au début de l’année 2019 car repoussés par le gouvernement. Theresa May annonce également que pour la date du 21 janvier se tiendrait une ratification hypothétique des accords par les parlementaires.
Pendant toute la période des fêtes associée à un vide parlementaire, les positions s’affirment dans les différents camps en vue de la réouverture des discussions prévues début janvier 2019. L’hypothèse du « no-deal » se profile sérieusement et les différents états membres se préparent à une rupture brutale des relations entre le Royaume et l’Union prévue le 29 mars 2019, à minuit.
Mais c’est aussi pendant cette période que de nombreux autres scénarios sont envisagés comme la tenue d’un second référendum.
Manifestations pro-européennes le 1er Janvier 2019
8 et 9 janvier 2019 : la réouverture des débats synonyme d’un étau qui se resserre autour de Theresa May
Avec le retour des députés britanniques sur les bancs de la Chambre des communes, la position de Theresa May et de son accord n’a jamais été aussi intenable. L’accord que Theresa May avait négocié avec l’Union Européenne en novembre ne fédère aucune majorité sympathique au Parlement malgré ses tentatives de séduction répétées. L’enjeu est de taille pour la première ministre ! En obtenant cette majorité, elle se verrait alors assurée par la même occasion d’une majorité au Parlement.
La fragilité de la position de Theresa May est pour les différents observateurs, le reflet de l’hypothèse la plus probable c’est-à-dire un divorce sans accord. Le 9 janvier, les parlementaires britanniques vont dans cette vague de pessimisme envers le gouvernement, renforcer leur autorité par deux amendements. Le premier, une fois ratifié oblige le gouvernement à présenter un plan B dans les trois jours suivants une non validation de l’accord de divorce. De bien mauvais présage pour une hypothétique ratification de l’accord le 15 janvier.
Un second amendement voit également le jour, sur une loi de finance qui sera adoptée par des élus conservateurs et travaillistes. Il prévoit quant à lui, que les mesures fiscales prises par le département du Trésor conséquemment au Brexit devront être soumises au vote préalable du Parlement. Le gouvernement doit se plier à la volonté des parlementaires.
Les parlementaires vont donc avant même le vote de l’accord, assurer une marge de manœuvre à Westminster dans le cas d’un refus. Pour ainsi dire le résultat du vote ne fait plus aucun doute et qu’il sera négatif pour le gouvernement.
15 janvier 2019 : Les accords pour un Brexit « soft » sont fortement rejetés
A l’origine prévu pour le 21 janvier, le vote vis-à-vis des accords de scission du Royaume Uni de l’Union est avancé d’une semaine et se déroule le 15 du même mois. Probablement, le gouvernement voyant le peu de chance d’une validation parlementaire de l’accord décida d’avancer le jour du vote pour ainsi gagner du temps sur la période « d’après » jusqu’au divorce officiel. Le résultat du vote qui avait déjà été anticipé crée pourtant un fort choc par son résultat et accentue l’incertitude sur le sort du Brexit à trois mois de la date butoir du divorce. La forte opposition, 432 voix contre et 202 pour, pour l’accord promu par Theresa May montre que la problématique du Brexit est l’une des crises les plus singulières qu’a traversé le Royaume-Uni moderne.
Le vote qui a lieu à 20h45 va révéler que même dans la coalisation gouvernementale, de nombreux députés vont rejoindre l’opposition par un vote « NO ».
L’explication à une telle opposition serait qu’en essayant de créer un accord le plus équilibré possible entre les opinions des deux camps, Theresa May ait promu un accord en demi-teinte ne satisfaisant aucune majorité parlementaire, même bien au contraire. On remarque que dans la crise que traverse le Royaume Uni, les deux camps formés en 2016 aux visions radicalement opposées, vont se rejoindre le jour du vote. Les deux bords les plus extrêmes de cette crise vont voter pour la même chose, soit « NO ». En effet, les pro-Européens ne veulent pas de séparation et pour les « hard-Brexiters », les accords sont bien trop europhiles. Finalement, la frange la plus modérée qui vota pour l’accord de Theresa May ne compte pas assez d’adhérents pour peser dans la balance.
Comme prévu par l’amendement du 9 janvier dernier, le gouvernement se doit de présenter un « plan B » sous trois jours. Pour ce faire, Theresa May retournera à Bruxelles pour demander une réouverture des négociations, lesquelles seront refusées par le conseil Européen.
En réaction à la défaite de Theresa May lors de ce vote, une motion de censure est déposée dans le respect du parlementarisme britannique par un député travailliste du nom de Jeremy Corbyn et qui doit être débattue le 16 Janvier soit le lendemain. Cette motion de censure pousserait Theresa May à la démission si celle-ci est validée par une majorité au parlement britannique.
16 janvier 2019 : Theresa May est réconfortée dans son rôle de Première Ministre
La motion de censure n’aboutit pas malgré le peu de popularité de Theresa May. Pour la plupart des députés, de nouvelles élections ne feraient que fragiliser la position britannique face aux européens et Theresa May est la personne la plus apte à terminer les négociations commencées en 2016. Cette motion est rejetée par 325 parlementaires contre 306.
Theresa May le 16 janvier 2019 recevant de nouveau la confiance du parlement
Le « plan B » nécessaire au respect de l’amendement du 9 janvier 2019 n’est pas proposé dans les délais prévus mais Theresa May annonce l’ouverture de réunions entre le gouvernement et les principaux mouvements d’oppositions afin de déterminer la future position du gouvernement britannique et la liberté de manœuvre dont Theresa May dispose. Face à l’incertitude générale, les membres européens se préparent à un « NO DEAL ».
29 janvier 2019 : La reprise mitigée du processus de divorce par les parlementaires britanniques
Le gouvernement de Theresa May ne proposant pas d’alternative à l’accord non ratifié, les députés de Westminster tentent de reprendre la main sur des accords entérinés en novembre dernier. La chambre des communes adopte donc deux amendements qui pour le premier, exclut par principe une sortie de l’Union Européenne sans accord mené notamment par un groupe parlementaire de députés travaillistes et le second stipulant qu’aucun accord ne sera ratifié si le « back stop » tant problématique n’y figure pas. Il s’agit là de la preuve concrète du positionnement favorable de Westminster sur le retour d’une frontière solide entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Theresa May s’oppose au second amendement. Elle énonce sa volonté de réouvrir les négociations avec l’union européenne et précise qu’elle est profondément contre la volonté du Parlement de revenir sur le « back stop » entre les deux Irlandes.
La position Européenne est plus radicale sur ce point car aucun des 27 membres n’a envisagé d’aller dans le sens des Britanniques. Pour les représentants de l’Union, le rétablissement d’une frontière physique entre les deux régions d’Irlande serait très préjudiciable au calme social actuel, promu avec l’espace Schengen. Il y a une semaine à Chypre, Le président français énonçait sa volonté de ne pas rouvrir les négociations et de présenter un front européen uni et ferme.
Des futurs possibles pour le Brexit
– Pour éviter un divorce brutal le jour de la date butoir, les parlements européen et britannique doivent valider avant le 29 mars 2019 un accord de sortie et une déclaration politique qui encadreraient les futures négociations.
– Entre le 29 mars 2019 et le 31 décembre 2020, le Royaume-Uni entrerait alors dans une période de transition de deux ans afin d’envisager concrètement les futures relations économiques et diplomatiques entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.
– Si pour diverses raisons, aucun accord n’est signé avant le 29 mars, le scénario du « NO DEAL » deviendrait alors réel et le Royaume-Uni sera considéré comme un Etat tiers dès le 30 mars. Ses relations avec l’Union Européenne seraient égales aux relations que l’Union Européenne entretient aujourd’hui avec l’Australie par exemple.
Reggaeton !
Juan Soto, Bogotá
Il y a quelques jours, la plateforme internet Youtube a publié la liste des 10 vidéoclips avec le plus de vues en 2018. Parmi ces vidéoclips, 8 chansons sont chantées en espagnol et “Te Boté remix”, interprétée par les portoricains Nio Garcia, Darell, Bad Bunny et Ozuna occupe la première place avec près d’un milliard et demi de vues, 400 millions de “J’aime” et plus de 400 000 commentaires.
Même si des chansons comme “La Tortura” de Shakira ou “La Macarena” de Los del Rio, qualifiée selon Forbes comme la sixième chanson la plus célèbre de l’histoire, ont été écoutées partout quand elles sont sorties, c’est avec l’arrivée du Reggaeton que la musique en espagnol a connu son essor dans un monde qui aime de plus en plus le “Fast Food” musical. Mais ce n’est pas seulement à travers la beauté du langage ou à l’accent « séducteur » des interprètes que les chansons de reggaeton sont parmi les plus écoutées actuellement.
Le reggaeton, né à Panama dans les années 70, et adopté par les portoricains dans les années 90, inspiré d’un mélange entre le reggae, le rap et le dance hall, a été considéré pendant longtemps par la plupart des gens comme une musique vulgaire et peu élaborée. On pensait que ce genre interprété par des chanteurs sans aucun type de formation musicale et produit de manière rudimentaire allait disparaitre très rapidement. Cependant, au-delà d’une adaptation dans son contenu, qui devient de moins en moins vulgaire, c’est grâce à sa simplicité musicale que le reggaeton a réussi à s’imposer et à attirer de plus en plus de public.
Tout d’abord, la base utilisée par le reggaeton, un “tresillo 3-3-2”, répété dans toutes les chansons, donne à la musique un rythme contagieux. Le fait que ce rythme n’a jamais changé à la base a fait qu’au cours du temps, à force de l’entendre une et autre fois, le public se soit habitué de plus en plus. Les chansons sont donc devenues plus faciles à assimiler et elles plaisent plus facilement. De plus, le mélange de cette base du reggaeton avec plusieurs styles musicaux peut plaire aux personnes qui sont fans d’autres genres : la bachata, le mambo ou le pop, par exemple. La chanson la plus écoutée de l’histoire de youtube, « Despacito » de Luis Fonsi, qui a presque 6 milliards de vues sur cette plateforme, est un mélange entre du reggaeton et du pop, mais elle incorpore des instruments musicaux populaires comme le cuatro cubain.
La plupart du reggaeton est produit en Colombie et à Puerto Rico. Cependant, selon la plateforme Spotify, seulement 5% des écoutes de reggaeton proviennent de ces deux pays. Cela veut dire que 95% du reggaeton est exporté et que le genre a conquis un marché global. Ce rayonnement mondial du reggaeton est dû aussi, en partie, aux collaborations des interprètes de reggaeton avec d’autres artistes appartenant à un genre musical différent. Justin Bieber, Drake, Becky G : tous ces artistes ont participé à des chansons de reggaeton et plusieurs d’entre eux ont décidé de chanter en espagnol, une langue qui n’est pas la leur. Anitta, la chanteuse brésilienne la plus connue actuellement assure que : « Chanter en espagnol m’a ouvert à plus de gens. Je pense que le langage reste encore une barrière. » La collaboration entre le rappeur américain Drake et le portoricain Bad Bunny, chantée entièrement en espagnol, est la troisième chanson la plus écoutée sur Deezer actuellement.
Le reggaeton a donc réussi à présenter une culture latine qu’une grande partie de la population refuse d’accepter, mais qui existe quand même, dans un monde dominé auparavant par la musique provenant des pays anglo-saxons. Peut-être que le contenu de ses lettres reste simple et parfois vulgaire, que le rythme est monotone et qu’une grande partie des interprètes n’ont pas de formation musicale, mais le reggaeton a le mérite d’avoir fait de l’espagnol la langue avec laquelle tout le monde danse. La preuve : Après le succès de Despacito, certains médias assurent que le nombre de touristes à Porto Rico a augmenté de 45%. Même si ces chiffres ne sont pas encore vérifiés, il est vrai que ce genre est une grande fenêtre qui fait que les gens, même les moins curieux, se demandent, au moins, « Qu’y a-t-il à voir en Amérique latine ? »
Le Dialogue de Trianon
Louis G.K. Ferrand, Bogotá
Le dialogue de Trianon est un forum franco-russe qui a pour but de permettre et de faciliter le dialogue entre les jeunesses russes et françaises, les acteurs économiques ainsi que culturels, mais également les personnalités politiques. L’intérêt pour ses organisateurs est qu’il permet un rapprochement entre les deux pays. Le Dialogue comme forum de coopération a l’avantage majeur pour ses membres de permettre de surmonter les incompréhensions qui existent entre les deux nations et ,qu’en quelque sorte, ces échanges permettent de faire progresser une amitié Franco-Russe plus forte. Le dialogue de Trianon ou forum de coopération franco-russe est né le 29 mai 2017 à Versailles lors d’une visite présidentielle de Vladimir Poutine. C’est pendant celle-ci qu’il rencontra le président Emmanuel Macron. A l’origine une initiative de la France, la Russie a très rapidement accepté d’être partie prenante de cette organisation.
Les objectifs principaux sont donc de permettre aux sociétés civiles Françaises et Russes de s’ouvrir l’une à l’autre et dans ce but, chaque année, les jeunes des différents pays sont invités à s’entretenir et à échanger sur une thématique choisie par un conseil binational de coordination du dialogue. Le thème actuel est celui de la « ville du futur ».
Présidé à part égale par un co-président russe, Anatoly TORKUNOV et un co-président français Pierre MOREL le conseil de coordination du dialogue est composé de trente membres. 15 membres pour chaque nationalité et parmi elle, on y retrouve des personnalités françaises de renom comme Claudie Haigneré ancienne spationaute et actuelle ministre de la recherche ou le directeur général de Total, Patrick Pouyanne. Du côté russe, il y a également des personnalités comme la directrice du musée Pouchkine, Marina D. Lochak ou le directeur du conseil d’administration du groupe ADV (groupe spécialisé dans l’audiovisuel – au chiffre d’affaires de 500 millions de dollars en 2016).
L’objectif majeur est de représenter les différentes composantes de la société civile des deux pays : professeurs, ingénieurs, entrepreneurs, diplomates, artistes et personnalité du monde de la culture…
A la fin de l’année dernière, la crédibilité du dialogue de Trianon a été fortement renforcée par une déclaration commune datée du 27 novembre 2018. Les deux ministres des affaires étrangères Français, Jean Yves le Drian et Russe, Sergeï Lavrov ont réitéré leur attachement à ce forum et leur volonté commune d’accentuer les échanges de toute sorte entre les deux pays.
DOSSIER SPÉCIAL DIXIÈME ANNIVERSAIRE 2009-2018
Dix ans en Amérique : États Unis 
Juliette Hart, Sophie Ehrlich-Adam, élèves au Lycée Rochambeau, Washington DC.
Le vote communautaire dans les élections présidentielles américaines
B. Obama; 8 ans à la présidence des États-Unis, D. Trump, à l’heure actuelle au “midterm” d’un premier mandat
Au cours des dix dernières années, deux présidents ont été élus à la tête des États-Unis. À « gauche », le démocrate Barack Obama, et à « droite », Donald Trump, le candidat du parti républicain lors de l’élection de 2016. Le profil de l’électorat diffère : on constate que 13% des africains américains et 54% des blancs caucasiens ont voté pour B. Obama ; D. Trump a lui recueilli, respectivement 57% et 8% des suffrages de ces deux catégories.
Dans un pays marqué par des clivages raciaux, genrés et politiques, ces deux « head of state » ont dirigé les États-Unis à leur manière, en tenant compte de leurs propres intérêts et de la situation internationale. .
DOSSIER SPÉCIAL DIXIÈME ANNIVERSAIRE 2009-2018
Dix ans en Amérique : États Unis 
Esfandyar Sadrieh, Nayla Osseiran, élèves au Lycée Rochambeau, Washington DC
Injustice raciale: Une épidémie américaine!
Rashon Nelson et Donte Robinson, deux Africains-américains, attendaient dans un Starbucks à Philadelphie quand ils se sont fait arrêter par la police sans raison valide (la police ayant été appelé par un salarié de l’enseigne). Ce n’est pas la première fois que ce type d’incidents se déroule aux États-Unis. En réaction, et face au tollé qu’il a provoqué, Starbucks a décidé de proposer une formation d’une journée à ses vendeurs (l’ensemble des Starbucks restant fermés), pour éviter la répétition d’événements de cette nature.
Racial injustice, an american epidemic! Arrest of Rashon Nelson and Donte Robinson in a Philadelphia located Starbucks
Rashon Nelson and Donte Robinson, who were friends since the 4th grade, were waiting patiently and unnoticeably at Starbucks in Philadelphia for a business meeting. After asking them if they needed help, a worker at the coffee shop called the police when they had not bought anything and they were soonly arrested.
The arrest of these two african american men in a Starbucks located in Philadelphia arose controversy in the United States about racial profiling that has been seen before. Soon after the incident, the company closed 8000 of its stores around the country to train the staff on avoiding racial bias. The white Democratic mayor, Jim Kenney, said what happened at the Starbucks “appears to exemplify what racial discrimination looks like in 2018”. The black police commissioner, Richard Ross, said in a Facebook post that the arresting officers “did absolutely nothing wrong” adding that Nelson and Robinson were disrespectful to the officers.
This event was not the first time an incident of this magnitude has occurred. Racial bias is one the biggest problems in the United States. Many businesses around the states have owned up to having had staff behave inappropriately towards african americans and other races. However, this episode is the first time it had happened in a company of this size in recent years.
The video of the two individuals surfaced around the internet and the event made national headlines. This was another reminder to the people about the discrimination that people of color go through on a daily basis. These kinds of acts occur in many different situations such as the murders of young black males such as Philando Castile by white police officers.
Rashon Nelson and Donte Robinson got into contact with different news outlets such as the Associated Press and they did their first interview since the marking experience. By consequence, this incident became a political scandal.
Robinson was worried about his loved ones and how the afternoon had taken such a drastic turn as he was put in jail. Nelson was worried if he would make it home alive, fear and anxiety were overtaking them as they just faced racial injustice.
This event sparked a change in Starbucks’ company, the hiring standards changed and they realized they needed to diversify the staff in order broaden their horizons and to have the different cultures of the new people influence the staff and influence the stores environments.
The two victims wanted to take advantage of this matter and use their voices to positively impact the community. The men ask aid the city of Philadelphia. To donate 200,000 dollars to a program for high school students seeking to become business entrepreneurs. The two also took part in the training that was provided by Starbucks when dealing with racial biases. Starbucks also offered to help Robinson and Nelson take courses to finish and obtain their Bachelor’s degree.
The city of Philadelphia has also called upon the individuals to take part in programs that promote equality and eliminate racial bias.
This incident is just one of many that affects the United States as a nation , 13,4%, of the population (statistics from the U.S. census) to feel unsafe around law authorities or even in public areas in general. Taking place in such major coffee shop chain, it caused Starbucks and the victims to try to make change. Multiple celebrities spoke up and gave their opinions and publicized this recurring issue of racial bias.
Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018
Dix ans en Amérique : États-Unis 
Apollinaire GIRES, élève de Terminale, Washington D.C.
Et si la société américaine était toujours ségréguée ?
« I have been to the mountaintop ». Ces quelques mots sont issus du dernier discours de Martin Luther King Jr. à Memphis, la veille de son assassinat. Ce « sommet », que le pasteur américain disait avoir aperçu, représente la fin d’une sombre période de l’histoire des États-Unis: la ségrégation. Mais ce phénomène est-il vraiment révolu…?
Un afro-américain utilisant une fontaine assignée aux personnes de couleur durant la ségrégation.
(source: Wikipedia Commons)
En quoi consistait la ségrégation raciale aux États-Unis ?
En 1865, l’Union d’Abraham Lincoln ressort vainqueure de la Guerre de Sécession. Ainsi, l’esclavage est aboli dans l’ensemble du pays. Par ailleurs, pour garantir le bien-être des populations afro-américaines, A. Lincoln décide le déploiement de troupes dans les anciens états confédérés. Commence alors une période prometteuse pour les familles d’anciens esclaves. En effet, celles-ci acquièrent de nouveaux droits et un statut meilleur, ce que souligne l’élection du premier homme noir au Congrès en 1870.
Cependant, en 1877, l’armée se retire des états du Sud. Le siècle qui a suivi a été marqué par les lois de ségrégation surnommées « Lois Jim Crow ». Ces lois étaient supposément fondées sur le principe de « séparés mais égaux », ce qui signifierait que les blancs et les noirs doivent posséder les mêmes droits sans coexister. Néanmoins, dans les faits, les populations noires étaient fortement discriminées. Par exemple, en Alabama, une loi précisait qu’ « aucune personne ou société n’exigera de n’importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d’hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés. »
Bien heureusement, sous la pression des mouvements sociaux de lutte pour les droits civiques, la Cour Suprême américaine finit dans les années 1960 et 1970 par rendre toutes les lois favorisant la ségrégation inapplicables. Sur le papier, blancs et noirs retrouvaient donc enfin le même statut…
Pourquoi, en réalité, la société américaine est encore aujourd’hui ségréguée dans de nombreux domaines.
Le type de ségrégation moderne le plus facilement observable est la fragmentation spatiale. Prenons le cas de la capitale du pays: Washington, DC. Sa population est composée à plus de 47% d’afro-américains, un pourcentage plus important que celui d’habitants blancs. Pourtant, comme le révèle la carte de la répartition des populations dans la ville, ce sont eux qui résident dans les quartiers aisés du Nord-Ouest de la capitale. Les habitants noirs, quant à eux, sont repoussés vers les périphéries et les quartiers les moins aisés, notamment au Sud de la rivière Anacostia. De plus, la gentrification graduelle des quartiers excentrés de la ville ne fait qu’accentuer le repoussement des populations noires sous l’effet de la hausse des loyers… Il existe donc toujours aujourd’hui une ségrégation géographique aux États-Unis.
Carte(Source: Wikipédia): Répartition spatiale des différents groupes ethniques à Washington, DC.
Les afro-américains occupent les espaces en bleu, les populations blanches les zones en rouge.
De plus, les afro-américains et les blancs ne possèdent pas aux États-Unis les mêmes droits dans le domaine de la politique, et notamment sur le plan du droit de vote. Bien-sûr, la loi interdit aujourd’hui catégoriquement la discrimination des populations noires dans tous les secteurs. Cependant, on considère qu’aujourd’hui environ 4 millions de noirs américains en âge de voter ne peuvent pas le faire. Ceci est, entre autres, la conséquence de la « Guerre contre les drogues » entreprise par le gouvernement américain dans les années 1970. En effet, les trafics démantelés concernaient souvent les drogues les moins chères comme le cannabis et le crack qui touchaient plus particulièrement les populations moins aisées afro-américaines. De plus, toujours aujourd’hui, on estime qu’aux États-Unis un noir a treize fois plus de chances d’être arrêté par la police qu’un blanc (selon le Washington Post). Résultat: en 2018, 40% des prisonniers américains sont noirs, alors que les afro-américains de représentent que 13% de la population totale du pays. Or, dans beaucoup d’états américains, les détenus ne peuvent pas voter… Ainsi, en Alabama, au Tennesse ou en Virginie, environ 20% des afro-américains n’ont plus le droit de vote. Ceci peut avoir un fort impact sur les résultats des différentes élections.
Il existe, outre les domaines de la répartition spatiale et des droits juridiques, d’autres secteurs ségrégués. On peut citer par exemple la segmentation ethnique du marché du travail: il est plus difficile pour un afro-américain d’accéder à un poste de cadre que pour un travailleur blanc. Par ailleurs, les populations noires ne sont pas les seules victimes de ces formes de ségrégation modernes. En effet, les populations hispaniques et amérindiennes les vivent également.
Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018
Dix ans en Amérique : États-Unis 
Oriane Badre, Annabelle Piot, Adèle Roulmann, Rita, élèves de Terminale, Washington D.C.
February 14th 2018, Washington DC : Students walk out for their safety
Photos prises lors de la manifestation du 14 février 2018 (Oriane Badre, Annabelle Piot et Adèle Roulmann figurent sur les images de gauche qui ont été diffusées sur les grandes chaînes)
Sources : ABC news et Jim Watson (photographe)
14 Février 2018. 6 minutes. 14 élèves et 3 encadrants morts par balle. 100 tirs en moins de 5 minutes : le school shooting de Parkland. Une fusillade au sein d’une école, une parmi plein d’autres aux Etats-Unis. La vie s’arrête. La rébellion commence.
Le 14 mars 2018, les élèves du Montgomery County, dans l’Etat du Maryland, engagés dans la lutte contre le port d’arme à feu, sortent de classes, dans les rues de la capitale politiques pour manifester de la Maison Blanche jusqu’au Capitole. Nous, auteures de cet article, nous y sommes rendues, ainsi qu’une quarantaine d’autres élèves engagés du Lycée Rochambeau se sont joints à des milliers d’autres élèves pour manifester à Washington DC au total pour des régulations du port d’armes à feu aux États Unis. Nous avons utilisé notre voix, la voix de la nouvelle génération opposée à la vente libre d’armes à feu. Nous avons dit STOP, nous avons dit ENOUGH (ASSEZ).
STOP au fait révoltant que les armes à feu soient davantage protégées que les élèves. STOP au lobbying de la National Riffle Association opposée à toutes formes de régulations du port d’armes à feu aux États Unis. STOP aux mentalités protectrices envers les armes à feu qui sont censées garder le pays en sécurité.
Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018

Dix ans en Amérique : Mexique 
Daniel Kessler & Juan Pablo Rosado, élèves de Terminale, Mexico
La Ferme des Animaux Roses : la bataille contre l’inégalité au Mexique
À cause du harcèlement qui ne cesse d’augmenter, le gouvernement mexicain a mis en place des wagons exclusifs pour les femmes dans le métro afin de réduire le harcèlement sexuel dans les transports publics.
La ferme des animaux d’Orwell montre une société dont le désir de se révolter finit par les condamner. Pour combattre une hausse de harcèlement sexuel dans le métro, le gouvernement a développé en 2004 les “wagons roses” : des wagons exclusifs pour femmes, enfants, personnes âgées et handicapés, dans le métro de la capitale. Ainsi, une multitude de wagons roses furent installés dans 6 différentes lignes du réseau métro mexicain. Cette brusque réponse a été un acte de désespoir pour se révolter contre le harcèlement qui exerce un “régime totalitaire” dans le métro. Le pays est, suivant la métaphore d’Orwell, une ferme oppressée par le règne de son fermier : le harcèlement. Dans cette représentation caricaturiste de la réalité l’auteur nous avertissait que certaines transformations sociales entraînent des conditions encore plus mauvaises qu’auparavant. Dans notre ferme, les wagons roses symbolisent une révolution, l’effort du peuple pour se libérer. La Révolution arrive : c’est la chasse du fermier, la séparation hommes-femmes. Par conséquent, les wagons roses sont une politique de désespoir qui tente d’éliminer la violence sexuelle dans le métro. Or, comme dans le roman, les cochons peuvent profiter de la situation et s’emparer de la ferme ; les wagons roses peuvent ne pas être entièrement efficaces et le harcèlement et la violence menacent de subsister.
Projet d’un vagon rose (vagón rosa) dans la ville de Mexico – photo CC BY
COMMENT EST-CE QUE LE MACHISME EST ARRIVÉ AU MÉTRO ?
Le machisme n’est pas une nouveauté dans le monde. Historiquement les hommes ont toujours traité les femmes injustement. Le machisme est encore une maladie internationale . D’après la Banque Mondiale, 70% des femmes dans le monde ont déjà été victimes d’un acte de violence. Au Mexique, le pays est aujourd’hui en 4ème place pour le risque de violence sexuelle contre les femmes, d’après une étude du Huffington Post. Notre société trouve ses racines du machisme lors de l’évangélisation au XVIème siècle. La religion catholique imposait la prédominance masculine. En exemple, une citation de Saint Paul « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur, parce que le mari est le chef de la femme ». Pour Aída Cerna, membre du Réseau des Réappropriations du Mexique, le machisme s’intègre dans la société Mexicaine dès l’éducation primaire. « L’inégalité entre hommes et femmes est implémentée dès l’éducation primaire. Les stéréotypes d’hommes et femmes sont définis très tôt. De plus, la socialisation Mexicaine montre que les femmes peuvent être harcelées sans conséquence. », selon l’activiste. Le machisme est une réalité quotidienne, » où la violence contre les femmes est quelque chose de normal », ajoute-t-elle. Au lieu de combattre le machisme et le harcèlement, nous nous sommes habitués à la violence. Le harcèlement est donc devenu de plus en plus public : 9 sur 10 femmes utilisant le transport en commun ont déjà vécu du harcèlement sexuel dans la capitale du Mexique. Dans une ville de presque 9 millions d’habitants, les 4.4 millions d’usagers par jour du métro s’entassent dans les wagons dont la capacité supposée ne dépasse pas le million. Ceci facilite davantage la violence sexuelle. Le machisme est donc une dictature dans la société mexicaine que le gouvernement a longtemps ignorée et négligée. Aujourd’hui, la ferme est asservie, elle est enchaînée dans la prison d’un régime machiste. Le désir de révolution est partagé par les milliers de femmes souffrant du harcèlement.
LA SÉPARATION EST- ELLE UNE SOLUTION EFFICACE ?
L´après veille de la révolution entraîne des conséquences diverses. Quelques unes montrant les bienfaits de l’installation des wagons roses, les autres mettant en évidence les origines du problème. D’une part, les wagons roses ont diminué considérablement le risque de harcèlement homme-femme. Il y a eu une réduction de 26% des agressions sexuelles dans le métro grâce aux wagons roses. Aída Cerna nous explique qu’en outre « quand une femme rentre dans un wagon rose elle se sent beaucoup plus sûre. Psychologiquement c’est très positif pour la morale des femmes ». Il est donc évident que les wagons roses produisent des résultats positifs que le peuple, notamment les femmes, approuve. Logiquement, si les hommes et les femmes sont séparés, les hommes auront moins de possibilités d’agresser sexuellement les femmes. Mais les animaux ne peuvent pas ignorer que des menaces persistent. Le harcèlement existe toujours. Cette séparation n’est pas une solution viable à long terme. Les wagons roses ne peuvent pas réaliser un changement structurel de culture, de croyances et de mentalité qui sont si profondément intégrés dans notre société. Les wagons roses n’éduquent pas mais mettent seulement en évidence des fortes inégalités présentes dans notre société.
La séparation a légèrement réduit la violence mais elle n’a pas changé le comportement des hommes ni celui des femmes. Il faudrait donc changer la mentalité de la société, en commençant par l’éducation et la redéfinition des valeurs. Pour Aída Cerna « la séparation dans les transports en commun n’est pas une solution permanente. Quand le comportement des hommes change on retournera à la vie d’une société normale. ». L’espoir existe donc, le Mexique est un pays qui est entrain de se moderniser. Les inégalités dans le travail et la politique se réduisent. Par exemple : en 2003 les femmes ne représentaient que 20% du sénat et de la chambre de députés respectivement. Aujourd’hui les femmes représentent presque 50% du congrès. Il y a du progrès quant à la réduction des écarts d’inégalité et ainsi que celle de la discrimination contre les femmes. L’objectif à atteindre est d’apprendre à l’homme et à la femme comment vivre ensemble dans la société Mexicaine.
Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018
Dix ans en Amérique : Mexique 
Noura Alvarado et Aitana Gudiño, élèves de Terminale, Mexico
Ayotzinapa, le cas qui tourmente tout un pays
Le nouveau président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador ouvre une nouvelle enquête sur le cas des 43 étudiants disparus à Iguala en 2014 dans l´État de Guerrero.
Tout mexicain attend une réponse claire, concise et logique, tout mexicain veut faire justice, tout mexicain souhaite recevoir ce qui n’a pas été accordé lors du mandat du président sortant Enrique Peña Nieto. Pour la journaliste Anabel Hernàndez, auteure de La verdadera noche de Iguala (2016), “aucun pays ne peut continuer sans connaître la vérité à laquelle les victimes et la société ont le droit d’accéder. Les faits passés à Iguala nous obligent à réfléchir sur le moment que le Mexique vit aujourd’hui.”
Les 43 disparus d’Ayotzinapa rejoignaient la manifestation pour commémorer le massacre de Tlatelolco, quartier de la ville de Mexico où de nombreux étudiants furent assassinés par les forces de l´ordre dans le cadre du mouvement étudiant de 1968. Comment la commémoration d’un tel massacre a pu conduire à un nouvel assassinat d’étudiants?
Quatre années se sont écoulées et plusieurs théories ont été proposées sans qu’aucune ne parvienne à convaincre les familles des victimes et le peuple mexicain. Une seule certitude, les autorités mexicaines ont bien joué un rôle aux côtés des trafiquants de drogue dans ce massacre.
Marche pour les 10 mois sans les normaliens de Ayotzinapa, le 26 juillet 2015, photo by PetroHSW / CC BY
« Une commission de la vérité »
Dans son discours d’investiture, le 1er décembre 2018, le nouveau président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador (dit AMLO), a confirmé sa promesse de campagne en annonçant la création d’une « commission de la vérité » pour résoudre le cas des 43 étudiants. Deux jours plus tard, AMLO signe le décret consacrant cette commission d’investigation composée des parents des étudiants, de membres du gouvernement, d’experts et de techniciens. Les différents secrétariats ont 30 jours pour définir le budget alloué afin de pouvoir commencer les enquêtes le plus tôt possible. « Nous n’avons plus confiance en personne, mais nous avons un peu d’espoir que vous soyez davantage humain », lui a dit Maria Martinez, mère d’un des étudiants disparus, selon les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), présents à la signature de l’accord. Serait-ce lui le nouvel “héros” du peuple mexicain, celui qui amènera la réponse que tout le peuple attend et exige?
Campagne d’affichage du gouvernement de l’État de Guerrero en hommage
aux 43 étudiants disparus. #Jusquàlesretrouver
Une version officielle contestée
La commission devra revoir la version officielle qui n’a jamais convaincu le peuple mexicain. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, les étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, qui avaient mobilisé cinq autobus pour aller manifester à Mexico, auraient été attaqués par des officiers de la police municipale d’Iguala, sur ordre du maire, avant d’être livrés au cartel des Guerreros Unidos (guerriers unis), qui les aurait confondus avec un cartel rival et les aurait tués, avant d’incinérer leurs corps dans une décharge. Dès 2015, un groupe d’experts de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a contesté cette version et réclamait que de nouvelles pistes soient explorées. En mars dernier, un rapport du haut commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Zeid Ra’ad al-Hussein, avance que durant l’enquête sur ce massacre des actes de torture ont été « commis, tolérés et couverts » par les autorités mexicaines. Le rapport demande que tous les éléments d’enquête obtenus sous la torture soient considérés comme nuls et retirés du dossier. La nouvelle commission aura pour rôle de répondre aux inquiétudes du peuple mexicain et à la méfiance des observateurs internationaux. La mission s’avère délicate car le cas des 43 disparus cristallise les doutes de toute une nation. Pour cela, la commission s’engage à une transparence totale sur toute avancée de l’enquête.
La nation mexicaine attend que cette initiative du président apporte des réponses et puisse enfin tranquilliser les familles des victimes. Certains restent encore sceptiques sur sa démarche mais si AMLO atteint son objectif, cette quête de vérité représentera surement une des images marquantes de son mandat.