Monsieur Francesco Fontemaggi: Correspondant diplomatique
Washington DC
Propos recueillis le 15 avril 2020
Le 15 avril 2020, nous avons interviewé M.Francesco Fontemaggi, correspondant au département d’état de l’AFP, sur son parcours de journaliste et sur l’actualité. L’entretien a été constructif. Il nous a apporté des réponses aux questions que nous nous posions sur le métier de journaliste. Il s’est montré professionnel, attaché à son travail et à l’éthique qui correspond à sa formation de journaliste.
“Rencontrer des personnes dans des situations aussi différentes”
Son intérêt pour le journalisme est venu de sa famille. Sa mère, journaliste italienne, a commencé sa carrière à Rome avant de s’installer à Paris puis en Égypte. Vivant avec elle, il découvre jeune la mobilité internationale. En classe de Seconde,alors qu’il vit en Égypte, il comprend qu’il veut reprendre le flambeau. Après son bac, il entre à Sciences-Po puis dans une école de journalisme.
Au premier abord même s’il nous apparaît discret et réservé, il nous explique qu’il aime le contact humain. Il se définit lui même comme quelqu’un de curieux et attiré par l’actualité. Il affectionne en particulier “être sur le terrain”. M. Fontemaggi précise que l’intérêt de ce métier est de “rencontrer des personnes dans des situations aussi différentes”. Il sait que dans une vie ordinaire il n’aurait très certainement pas été amené à les rencontrer. Cela le fascine.
“Etre journaliste :c’est changer de métier tous les 3 à 5 ans”
Son expérience professionnelle est très longue et variée: six ans en Afrique; d’abord au Rwanda dix ans après le génocide, au Congo puis au Kenya et au Gabon. Il s’ensuit neuf ans à Paris, d’abord à la rubrique économie internationale au moment de la crise de la dette et de l’euro au début des années 2010, puis chef adjoint du service chargé de suivre les attentats de 2015. La violence de l’actualité fait basculer son intérêt sur les attentats. Il dit d’ailleurs qu’ “ ils font partie des événements les plus marquants” de sa carrière. En tant que journaliste à l’AFP, M. Fontemaggi a le sentiment d’avoir un parcours varié à la fois grâce à sa mobilité et ses différents emplois. Il prend le temps de définir sa profession. “Etre journaliste dans un média comme l’AFP, c’est changer de métier tous les 3 à 5 ans”.
Politique américaine et Covid-19
Nous poursuivons l’interview en l’interrogeant sur le poste qu’il occupe depuis trois ans. À Washington, M.Fontemaggi est correspondant diplomatique accrédité au département d’État. Cela lui permet de suivre la politique étrangère du Président américain Donald Trump ; sujet qui le passionne.
En effet , il s’intéresse au système politique américain bien différent du modèle français. Il découvre ici la liberté d’expression à “ l’américaine”. Ce premier amendement inclus dans la Déclaration des Droits des Etats-Unis, lui permet de se questionner , lors de ses Tweets , sur la fermeture des frontières, le système de santé ou encore le fonctionnement des institutions américaines dans une actualité exceptionnelle.
En tant que journaliste responsable, il profite de ce moment privilégié qu’il nous accorde, pour nous expliquer que le Covid 19 ne bouleverse pas son activité. Comme tout bon journaliste, il continue à vérifier ses sources. Ses briefings sont maintenus mais ils se déroulent désormais par téléphone. A l’inverse des journalistes sur le terrain ou de l’audiovisuel, il est beaucoup plus protégé. Pourtant, cela ne simplifie pas son travail.
Fake news
En grand professionnel , ce correspondant prend le temps de nous expliquer le Fact checking. Il rappelle qu’avec l’apparition des médias sociaux, il est plus que nécessaire de vérifier et croiser ses sources avant de les publier. C’est essentiel car il engage sa responsabilité de rédacteur de dépêches c’est-à – dire de journaliste qui informe les journaux abonnés à l’AFP. Ces derniers vont ensuite diffuser ses informations. Il se doit, par conséquent, d’être attentif et précis dans ses dépêches. Il dit d’ailleurs quand on l’interroge “ je n’aime pas l’expression d’objectivité ,je préfère parler de factuel”. Il insiste sur le fait que le journaliste d’agence ne doit jamais exprimer son opinion lorsqu’il informe. Il est un transmetteur de nouvelles. L’analyse et l’enquête doivent être méthodiques de la part du journaliste, s’appuyer sur des experts et des analystes pour permettre aux lecteurs de se faire une opinion.
Cependant, durant l’interview, il nous fait part de son sentiment par rapport à la politique du président Trump. Il nous explique que, même quand le Président prend des décisions justifiées, sa communication est tellement confuse et les divisions politiques tellement exacerbées, les critiques fusent ou les décisions ne sont pas comprises.
Journaliste: lanceur d’alerte
O n peut conclure en disant que Mr Fontemaggi possède un rôle très important en tant que lanceur d’alerte rapportant le plus fidèlement possible l’actualité. A notre époque, où les fake news ainsi que les théories du complot se répandent tous les jours, ce 4eme pouvoir devient de plus en plus pertinent et utile à la société.
Remerciements
Nous tenons à remercier Mr Fontemaggi d’avoir accepté de nous rejoindre dans cette conversation très intéressante portant sur le métier fabuleux de journaliste. Il nous a permis d’éclaircir nos interrogations sur cette profession en répondant chaleureusement sans avoir censuré aucune de nos questions.