Richard Latendresse : un journaliste international en confinement

 

Hannah  Hall,  LilyClaire Bolan-Campbell,  Charlotte  Bastien,  et  Elias  Paris,  Washington DC 

Portrait d’un journaliste 

Richard Latendresse lors de la visioconférence du 16 avril 2020

Nous  lisons  leurs  articles  tous  les  jours,  leur  parole  nous  ouvre  sur  le  monde  et  nous  informe  sur tout  ce  qu’il  s’y  passe,  pour  le  meilleur  et  pour  le  pire.  Pourtant,  nous  ne  savons  rien  d’eux.  Qui  sont  les journalistes ? Ils ont le devoir d’être impartiaux … et si on leur demandait leur avis, pour une fois ?

 

La vie d’un journaliste en temps de confinement

Pour Richard Latendresse, suivre l’actualité à toute heure est une seconde nature, une véritable vocation qui s’est développée avec l’expérience et le temps et qui fait partie de lui, y compris d’un point de vue non professionnel. Il
commence sa journée par la lecture des informations du jour. Il appelle des collègues au sein de l’administration
Trump et des collègues qui travaillent sur les dossiers du moment. Vers midi, il se déplace vers la Maison Blanche. Il y reste jusqu’à 20h. Récemment, avec le bouleversement que crée la pandémie du coronavirus, la Maison Blanche a limité le nombre de journalistes à 1 5 par jour, au lieu de 30 à 40 habituellement. Les journalistes organisent donc une rotation et travaillent à travers leur réseau de communication, ainsi que des studios installés chez eux pour faire les bulletins d’information. Cette situation est contre nature pour Richard Latendresse et ses “vieux réflexes de journaliste de terrain”. Par ailleurs, il nous dévoile un autre effet du confinement – quelque peu surprenant – Trump, ayant perdu sa tribune habituelle, faute de pouvoir rassembler ses supporters, se tourne davantage vers les journalistes comme moyen de se faire entendre.

Ce n’est pas le premier retournement de situation dont Richard Latendresse est témoin : journaliste à la Maison Blanche depuis la fin de l’administration Bush, il a vécu de nombreux changements, notamment entre les administrations Obama et Trump. En particulier sous l’administration actuelle, les questions des journalistes sont souvent entendues comme des attaques, et sont ainsi souvent évitées ou font l’objet de réponses vagues, à la différence d’Obama, qui parlait à la presse moins souvent, mais apportait des réponses plus complètes.
Pendant le mandat de Trump, les journalistes se rassemblent autour de son hélicoptère, certes presque tous les jours, mais dans le bruit et le chaos ! Il nous décrit son cabinet comme celui “d’un seul homme, tout tourne autour de lui”.

Une carrière internationale

Richard Latendresse a couvert plusieurs événements en-dehors des Etats-Unis et du Canada, comme le renversement du régime Saddam Hussein, le conflit en Afghanistan, ou encore les tensions sociales et politiques en Haïti (dont il obtint un retour positif de la part de la communauté Haïtienne après le tremblement de terre) et la guerre civile en Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine , Serbie, Croatie, Slovénie, Monténégro, Macédoine).

Mr. Latendresse nous a livré son point de vue en tant que journaliste canadien témoin du conflit dans la région des  Balkans dans les années 1990. D’après lui, le conflit peut être caractérisé de guerre civile du fait de la violence exercée contre les civils, lors de cette guerre dont l’horreur ne s’est pas limitée à l’annexion des territoires. Il y a eu une véritable transformation politique et militaire dans le territoire durant la guerre car la Yougoslavie a “[écrasé] les
pulsions nationalistes” pendant plusieurs années jusqu’au commencement de la guerre civile. Cependant, quand le pays a éclaté, les populations se sont divisées (ex: armée Yougoslave contrôlée par le côté Serbe et l’expulsion de populations ethniques par les Croates) et le conflit s’est exacerbé. Il avait alors constaté la radicalisation musulmane  de la population bosniaque dans les Balkans qui n’était pas encore prise en compte par l’OTAN dans les années 1990 et qui s’est amplifiée avec le temps, l’influence et le financement du Moyen-Orient dans les années suivantes.

Les Fake News, un fléau international

E n tant que journaliste international qui couvre notamment la scène politique américaine et la Maison Blanche, Richard Latendresse doit faire face aux rumeurs et aux fake news qui circulent dans les médias. C’est pour cela qu’il filtre toutes ces informations afin d’en vérifier la fiabilité. Il cible les sources d’information qui sont crédibles, celles qui le sont un peu moins et celles qui méritent plus de recherches, afin de les distinguer les unes des autres.
Son premier réflexe est alors de consulter les plus grands médias comme, par exemple le New York Times ou ABC
News comme repères pour croiser ses sources.

Professionnellement, Richard Latendresse a appris à cerner ces sources d’informations et les compare régulièrement
pour repérer des informations ou des irrégularités dans l’information. En ce qui concerne les médias sociaux, Richard Latendresse ne les considère pas comme des sources crédibles d’information en raison de la multiplication de fausses informations en permanence sur ces plateformes. Il résume ainsi l’évolution de l’information : premièrement avec le journalisme de presse écrite; ensuite avec l’arrivée des chaînes d’information câblées qui avaient “semé le trouble dans l’information” à cause de la nature du métier de commentateur de l’actualité qui exprime une information qui est rarement neutre et qui renvoie la plupart du temps à la spéculation ou l’opinion,
accordant donc beaucoup d’espace et d’importance aux opinions qui sont basées sur des “impulsions et rien de concret”. Cependant avec l’arrivée des médias sociaux ‘’le fléau des fléaux’’ selon lui, cette spéculation s’est multipliée et la circulation de fausses informations est devenue plus importante.

Cette manipulation prend plusieurs formes et concerne plusieurs acteurs qui peuvent être de simples individus ou
même des pays ou des organes nationaux de propagande. La naissance des médias sociaux et leur omniprésence dans le monde d’aujourd’hui représente un bouleversement dans la manière dont les journalistes traitent leurs informations.
Son conseil ? Il faut être prudent avec les réseaux sociaux. Seul Twitter trouve grâce à ses yeux et il reconnaît son utilité pour les journalistes, c’est même devenu un outil indispensable.

Une passion communicative

“On me paie pour faire ce que j’aurais fait gratuitement, c’est à dire lire, écrire, interroger, me questionner, découvrir… et cela peut se trouver dans tous les domaines” conclut Richard Latendresse, tellement passionné par son métier qu’il est devenu comme une seconde nature.
Intarissable sur notre monde actuel, la politique et la diplomatie, les médias et l’information, le message fondamental qu’il souhaite nous adresser, en tant qu’élèves, repose sur l’importance de l’éducation et de rester informé :

“L’apprentissage fait partie de qui vous êtes comme individu, comme femme et comme homme, pour le restant de votre vie.”

 

Ce portrait a été réalisé à partir d’une interview menée dans le cadre de l’étude de l’information et des médias. Nous voulons remercier nos professeurs Magali Viens Kolb, enseignante de la spécialité Histoire/Géographie – géopolitique – sciences politiques et Amélie Gouyette, professeure documentaliste, et surtout Monsieur Latendresse, pour cette opportunité fascinante.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s