ENTRETIEN AVEC PAULINE SIMONET , correspondante de France24 à Washington
Propos recueillis par Ramata Keita, Rokia Konate, Mathilde Owusu-Ansah, Washington D.C
« SI JE N’AVAIS PAS ÉTÉ JOURNALISTE, JE NE SERAIS PAS CAPABLE D’ÉCOUTER »
Durant l’interview, elle nous a fait part de son parcours de journaliste ainsi que ses réflexions personnelles sur l’actualité. Lors de cette rencontre, Mme Simonet était ouverte, vive et articulée dans ses réponses. De questions en réponses, un climat de confiance s’est installé et nous avons pu discuter dans un environnement confortable.
En toute confidentialité, Mme Simonet affirme avoir choisi le journalisme dans le but de connaître et chercher la vérité.
L’événement déclencheur de sa passion s’est déroulé au Congo, après avoir assisté à l’éruption volcanique du Nyiragongo où elle était la seule journaliste française sur place.
“Cette expérience marquante m’a fait prendre conscience du métier que je voulais exercer”.
Rapporté par Ramata Keïta
LE DIFFICILE MÉTIER DE REPORTER
Ouverture d’esprit et objectivité sont les caractéristiques de tout journaliste habile en face de n’importe quelle circonstance. Remplie de détermination, Pauline Simonet parcourt le monde afin de comprendre comment certains
individus virent dans l’extrême droite ou ont des convictions différentes de la plupart des individus. En exerçant sa fonction, le filtre est l’unique issue qui fait en sorte d’avoir le recul, et par conséquent les émotions sont sous contrôle. Avec cette méthode, elle a pu écouter et interviewer stoïquement celui qui a tué un nombre important des membres de sa famille pendant le génocide du Rwanda. Cette interview est également l’une des expériences la
plus marquante de sa carrière de journaliste, car par déduction, elle s’est rendue compte qu’elle était en face du meurtrier de sa famille. Pendant cet instant exceptionnel, elle eut les réponses aux questions qu’elle n’osait pas poser à sa mère ou à sa famille touchée par le génocide.
Rapporté par Rokia Konaté et Ramata Keïta
L’EFFET DU JOURNALISTE SUR LE MONDE
En 2002, pendant qu’elle était correspondante à RFI au Rwanda, Mme Simonet a fait un reportage sur les témoignages des femmes d’Afrique noire qui émigrent vers l’Europe. Ces histoires sont celles que des milliers de femmes ont vécu, mais qui sont rarement représentées dans les médias. Le journalisme est supposé nous confronter à notre ignorance ou biais, mais aussi à nous informer sur l’actualité mondiale. Cela ne se produit pas si on n’est pas prêt à être inconfortable ou à sortir de notre zone de confort.
Lors de l’interview, Madame Simonet nous a expliqué que son travail a changé le regard qu’elle porte sur le monde : « Lorsque j’étais au Rwanda pour parler des victimes et des rescapés de génocide, parfois, c’est dur, et dans
l’empathie, on a envie d’écouter. Parfois, il y a des reportages où on ne partage pas forcément les mêmes avis. J’ai dû faire des reportages avec des gens de l’extrême droite, des gens racistes et c’est ce qui change la perspective du monde et le regard que tu portes sur les gens. On passe un moment à comprendre des gens qui ont une vision du monde complètement différente». Nous pouvons dire que pour travailler dans le journalisme, il faut être ouvert aux autres perspectives pour reporter et informer le public.
Rapporté par Mathilde Owusu-Ansah et Ramata Keïta
LE RÔLE DU JOURNALISME DANS UNE PANDÉMIE
En pleine pandémie de COVID-19, le métier de journaliste est celui qui permet de relater les faits comme les chiffres
du nombre de personnes contaminées. Elle a des conséquences majeures qui débouchent sur une crise sociale. Néanmoins ce métier est tel un instrument de la démocratie.
Il se trouve en difficulté, notamment avec la
disparition de la petite presse. Aujourd’hui, nous observons une crise de la démocratie et par ricochet, un déficit de la liberté d’expression attribuable à une interdiction : on ne peut plus tenir des rassemblements de plus de 10 personnes. D’où la raison de faire appel à la vigilance pour conserver la presse. Ce dernier est indispensable pour couvrir la crise et protéger la démocratie. C’est un lanceur d’alerte. Cette pandémie risque de faire reculer la démocratie partout dans le monde, et encore plus dans les endroits oú elle est en danger, notamment en Afrique. Les journalistes sont des lanceurs d’alerte qui doivent nous en informer car les Africains souhaitent se démocratiser. Ils veulent obtenir un accès à la liberté d’expression.
La corruption est l’un des maux de la politique. Elle s’ accompagne d’une tension ethnique et économique parfois. Tous ont contribué au génocide rwandais de 1994.
Ce quatrième pouvoir a décidément une lourde responsabilité. Il nous tient informé sur des sujets variés et nous rappelle les valeurs citoyennes. Certains paient le prix du sang pour nous tenir informer.
Charge à nous d’être vigilant!
Rapporté par Rokia Konaté
Washington, le 19 mai 2020