Dossier spécial dixième anniversaire 2009-2018
Dix ans en Amérique : Colombie 
Natalia Ortiz Betancourt, élève de Première, Bogotá
Crónica de una crisis anunciada
Chronique d’une crise annoncée
Selon les chiffres du service de l’immigration colombien, 935 593 Vénézuéliens sont aujourd’hui dans le pays. Cette migration en provenance du Venezuela a augmenté considérablement les dernières années de la présidence d’Hugo Chavez. A partir de 2005, 18 000 travailleurs dans le secteur pétrolier ont été licencié, et la politique de forte redistribution de la richesse aux pauvres, a fait que dans ces deux cas, la classe moyenne et la classe aisée ont été les plus affectées. C’est à ce moment-là que la présence de vénézuéliens en Colombie a commencé à grandir.
Mais aujourd’hui, la majorité des personnes touchées sont issues de la classe moyenne et la classe défavorisée: crise économique, instabilité politique, pénurie de produits de base et hyperinflation ont poussé le peuple à migrer vers les pays voisins, provoquant une émigration massive.
L’inflation au Venezuela pourrait atteindre 1 000 000% à la fin de 2018. Un kilo de viande coûte 9 500 000 bolivars sur un marché de Caracas, alors que le salaire minimum est de 3 000 000 de bolivars, soit environ 0,89 USD.
C’est pourquoi, cette crise Vénézuélienne oblige des milliers de citoyens à partir à la recherche de nouveaux horizons et, à trouver en Colombie une première destination ou un pont pour aller s’installer dans d’autres pays. Mais à cause de cela, aujourd’hui, la Colombie souffre des conséquences tant économiques que sociales.
Le nombre de Vénézuéliens à la recherche de travail est en hausse chaque jour, de sorte que l’offre des citoyens vénézuéliens sur le marché légal ainsi qu’illégal se répercute sur la société Colombienne. L’une des premières conséquences est la détérioration des salaires des Colombiens, en particulier dans les tâches agricoles et dans les zones frontalières. Une autre conséquence de cette immigration massive est la détérioration de la sécurité des citoyens.
En effet, la pression sur le système de santé s’accroît. Nombre de migrants arrivent dans des conditions déplorables, souffrant de malnutrition, principalement chez les enfants. Par ailleurs, des maladies telles que le paludisme, la dengue, la tuberculose, la leishmaniose et la rougeole ont déjà fait leur apparition dans les zones frontalières du pays. Ces maladies, dont beaucoup sont épidémiques représentent un risque pour la population colombienne mais aussi, engendre une hausse des dépenses et une détérioration des services.
Mais même si cette immigration vénézuélienne à des conséquences sur le plan social et économique, une grande partie de la population colombienne refuse l’idée de fermer la frontière ou l’idée de renvoyer les migrants chez eux. Les colombiens se souviennent que dans un passé récent, le Venezuela avait aussi ouvert ses portes aux migrants colombiens, aux prises avec la guerre civile et la misère. Le fait que les migrants n’aient pas d’emplois, ni de nourriture ni des médicaments, n’est pas raison pour les marginaliser. Au contraire, un récent sondage (source: Reportero24) indique que la population souhaite majoritairement que le gouvernement colombien mette en œuvre un plan d’aide spécifique pour les vénézuéliens, et pour un tiers des sondés, un programme d’aide humanitaire. Ces deux dispositifs ont déjà été engagés par les pouvoirs publics.