Les conflits en Amérique
Éditorial Mai 2018.
Le conflit menace-t-il le lien social ? Le conflit traduit-il une volonté de changement ou plutôt un refus d’aller de l’avant ? L’Amérique d’aujourd’hui nous propose de nombreux exemples qui permettent de nourrir la réflexion.
Des scandales de corruption ont suscité de vastes mouvements de protestations populaires et mis à mal certains dirigeants politiques, fragilisant le lien entre les citoyens et leurs dirigeants. Sans doute un mal pour un bien. N’est-ce pas en effet le signe d’une maturité politique et d’un progrès de la démocratie ? Le message envoyé pour les dirigeants à venir est clair : Il faut en finir avec les pratiques du passé. Plus jamais ça. A l’inverse, faut-il se réjouir que dans certains pays, aucun scandale de corruption n’ait été mis à jour ?
Ailleurs, entre Pacifique et Caraïbes, des peuples manifestent dans la douleur et dans le sang pour réclamer des élections libres et démocratiques, ou fuient les dictatures, les guérillas, les mafias liées au trafic de drogues, en alimentant des flux migratoires.
Des murs s’érigent pour se protéger de ces mêmes flux migratoires, sur un continent où l’immense majorité de la population est issue de l’immigration. Les clivages se creusent, les protestations alimentent la colère, l’indignation, la rancœur.
Du Nord au Sud, des minorités ethniques se battent pour défendre leurs droits et leur identité, des mouvements essaient de protéger l’environnement menacé un peu partout, les femmes et communautés LGBTI mènent des combats pour l’égalité…
Les conflits politiques, les mouvements sociaux sont là pour nous rappeler que les acquis de la démocratie, les libertés, les droits individuels et collectifs, ne sont jamais définitivement acquis, qu’ils doivent être constamment défendus et réaffirmés, que d’autres restent à conquérir. Ainsi va l’Amérique.
Par Jean-Michel LEMEILLEUR, Bogotá