Le statut DACA supprimé par l’administration Trump!
Noor-Elise Kamaruzzaman, Lycée Rochambeau, Washington DC.
Le 5 septembre 2017, le procureur général des États-Unis Jeff Sessions et le président Donald Trump annoncèrent que le statut DACA (« Deferred Action for Childhood Arrivals » ; en français, Action Différée pour les Arrivées d’Enfants) était en cours d’annulation. Ainsi, tout nouveau demandeur du statut est refusé et les bénéficiaires actuels ne peuvent plus le renouveler. Le Congrès américain a jusqu’au mois de mars pour se décider sur un remplacement, après quoi, si aucune solution est trouvée, la déportation de près de 800 000 individus sera ordonnée.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Cette annonce provoqua des vagues de surprise et de manifestations. En effet, le statut DACA fut appliqué en juin 2012 par l’administration d’Obama en réponse à la polémique concernant le traitement de l’immigration illégale (qui touche notamment les états du Texas et de la Californie). Le président Obama proposa donc ce statut aux enfants d’immigrés illégaux, leur garantissant la protection de la déportation et un permis de travail, car s’ils sont arrivés en territoire américain, ce ne fut pas de leur plein gré.
Pourquoi alors éliminer ce dispositif ? Les raisons sont multiples. L’actuel président Trump conteste beaucoup d’éléments relevant de « l’héritage » de l’administration Obama. Jeff Sessions, lors de l’annonce, déclara que les bénéficiaires du DACA sont des transgresseurs de la loi. Leur présence affecterait négativement les salaires et les emplois des citoyens américains et nuirait à l’économie américaine ; de plus, ce statut ne ferait qu’augmenter le nombre de mineurs non accompagnés arrivant aux États-Unis. Donald Trump lui-même affirme que selon la plupart des « meilleurs experts en la matière », le statut DACA est anticonstitutionnel.
Cependant, ces allégations sont discutées. La majorité des économistes maintient que le statut DACA bénéficie à l’économie américaine. En effet, le statut DACA encourage les bénéficiaires à poursuivre une éducation supérieure, leur donnant accès à des emplois plus qualifiés. De plus, on estime qu’ils sont entre 50 000 et 70 000 à avoir officiellement postulé pour obtenir un emploi. Tout ceci entraîne une augmentation de la consommation et de la demande de biens et services américaines. Point positif pour l’économie.
De plus, l’idée que les citoyens américains se fassent voler leur emploi et soient les victimes de ce système, est incertaine. Les bénéficiaires du DACA peuvent directement ou indirectement créer des emplois : par exemple, soit en créant leur propre entreprise (nécessitant ainsi de la main-d’œuvre ou des services locaux), soit en augmentant la demande de biens et de services dans le commerce (nécessitant ainsi l’augmentation de la main-d’œuvre dans ces magasins). Donc, l’impact négatif du DACA est discutable.
A présent, le président Trump se dit prêt à écouter les arguments des uns et des autres, même les Démocrates, avant de prendre une décision et de présenter un nouveau texte ; cependant, les négociations sont bloquées, et le président requiert des conditions qui restreindraient l’immigration légale et illégale. Le sort des enfants d’immigrés illégaux reste incertain.