Combien coûte un prisonnier aux États-Unis?
Mathieu Prat, Lycée Rochambeau, Washington DC.
D’après le Bureau des Statistiques Judiciaires, 2.20 millions d’adultes étaient incarcérés dans les prisons fédérales et d’états aux États-Unis en 2013. Le pays représente 5% de la population mondiale, mais 20% de la population carcérale mondiale. De plus, 4 751 400 adultes sont en liberté conditionnelle. Ce nombre astronomique pose la question du coût d’un tel système, et aussi des raisons d’un recours si fréquent à l’incarcération…
D’après le Registre Fédéral Américain en 2015, chaque prisonnier dans une institution fédérale coûte 31.997.65$ par an, soit 87.61$ par jour. On peut alors estimer qu’environ 80 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour l’entretien des prisonniers ! (Rapport: Increases in Spending on Corrections Far Outpace Education, Département de l’éducation Américaine).
Mais, cela ne représente qu’une partie du coût global, car il faut aussi payer les salaires des gardiens de prison, les prix administratifs, les prix de construction et de rénovation…
Mais, il faudrait tenir compte d’une autre dimension du système carcéral américain.
Les prisons aux États-Unis génèrent des recettes, des revenus, pour le gouvernement et pour l’économie, notamment à travers les activités de production réalisées par les prisonniers ; le “marché de la sécurité” représente aussi un chiffre d’affaires élevé : il s’agit par exemple de la production de portes sécurisées, de bracelets GPS, et tous les produits et services liés à la sécurité dans les unités carcérales et à la surveillance des prisonniers ; c’est une vraie économie liée à l’univers carcéral qui s’est développée aux États-Unis. On peut aussi citer la taxe imposée sur les prisonniers pendant la durée de leur incarcération. En Floride, par exemple, chaque jour passé en prison fédérale peut coûter 50$ au prisonnier. Cet impôt sera prélevé si un juge le décide ou si le prisonnier choisit d’intenter un procès contre le département de la Justice sans obtenir gain de cause.
Mais dans de nombreux États, les entreprises utilisent les prisonniers comme de la main-d’œuvre. Au moins 37 États ont légalisé le travail des prisonniers pour des firmes privées. Boeing, IBM, Motorola, Microsoft, AT&T, Dell et d’autres sociétés encore y ont recours. Entre 1980 et 1994, la richesse créée par la main-d’œuvre incarcérée serait passée de $392 million par an à $1.31 milliards. Les avantages liés à l’utilisation des prisonniers sont évidents : ponctualité et faible coût, car la plupart au salaire minimum fédéral, et parfois en dessous, comme au Colorado, où ils perçoivent $2 de l’heure (Centre de recherche de globalization, Vicky Pelaez, 2016).
Mais cependant, l’administration actuelle estime que budget global alloué au système pénitentiaire est trop élevé. C’est pourquoi le président Donald Trump, veut réduire ses coûts : en 2018, $700 millions d’économie sont prévues notamment dans le cadre du “State Criminal Alien Assistance Program”, qui couvrent les frais d’emprisonnements d’immigrés clandestins…