QUE RESTE-T-IL DE LA VAGUE SOUVERAINISTE AU QUÉBEC ?

Rostom Seif, Montréal  

Alors que l’on fête, le 24 juillet prochain, les 50 ans de la fameuse visite du général Charles de Gaulle à Montréal avec son célèbre «Vive le Québec libre !» ayant galvanisé les foules, le débat autour de l’indépendance du Québec risque fortement de refaire surface au cours des mois qui vont suivre.

Bien qu’affichant un fort recul sur la scène politique québécoise, au vu d’un sondage CROP rendu public le 22 septembre 2016 révélant que la souveraineté ne recueillait plus que 36% d’appui, le rêve de l’indépendance n’est pas tout à fait mort pour autant. Certes, il est indéniable que la foi souverainiste affiche un déclin alarmant, notamment auprès des jeunes : 7 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans répondant non à la question «Voulez-vous que le Québec devienne indépendant ?». Même cas de figure auprès des indépendantistes québécois, à peine la moitié d’entre eux gardent l’espoir d’assister un jour à la création d’un État indépendant, suscitant une désillusion toujours plus grande. Ces données statistiques traduisent une certaine démobilisation au sein du camp du Oui, témoigne Youri Rivest, vice-président de la firme CROP «Le défi du camp du Oui, ce n’est pas tant de convaincre de la capacité du Québec d’être un pays indépendant, mais de dire : On va le faire. On va arrêter de perdre». Celui-ci estime, qu’à l’heure actuelle, il est avant tout primordial de rendre «pertinent», «actuel» et «tangible» le projet indépendantiste.

PHOTO: BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Néanmoins, malgré ces résultats assez pessimistes, il n’en demeure pas moins que ce même sondage CROP nous apprend qu’une part non négligeable de la population québécoise (47%) considèrent que le Québec a la capacité de devenir un pays indépendant, ce qui nous renvoie inéluctablement au discours actuel sur l’état des finances publiques du Québec. D’autant plus, les décennies passées nous ont prouvé à maintes reprises qu’il serait irraisonnable de tirer des conclusions hâtives et catégoriques pour le long terme. En effet, lors des dernières décennies, bien des hommes politiques ainsi que de nombreux analystes ont fait part de la mort annoncée du mouvement souverainiste québécois, qui est, à leurs yeux, en voie d’être totalement marginalisé. L’exemple du premier ministre Pierre Trudeau s’avère particulièrement révélateur, celui-ci ayant annoncé, lors de l’été 1976, que «Le séparatisme est mort». Inutile de répliquer que ce dernier avait définitivement tort, le Parti québécois ayant remporté les élections trois mois plus tard en obtenant 41,37% des voix, faisant ainsi élire 71 députés. René Lévesque lui-même, qui dirigeait alors le parti, n’en croyait pas ses yeux, déclarant «Je n’ai jamais pensé que je pourrais être aussi fier des Québécois que ce soir».

Ce même élan funeste refit surface dans les années 1990. Au cours des mois précédant le référendum de 1995 sur l’indépendance du Québec, plusieurs analystes, parmi eux ceux du quotidien La Presse, cherchaient à nous convaincre que les chances pour le Oui de remporter le référendum sont pratiquement nulles, se situant aux alentours de 40% des voix. Dès lors, la question qui accaparait tous les esprits était : Le oui va-t-il atteindre cette limite fixée par les analystes et les journalistes ? Et puis vint le grand jour du référendum, tenu le 30 octobre 1995. À la surprise générale, bien qu’ayant perdu, le Oui a obtenu 49,4% des voix et environ 60% du vote francophone. Les souverainistes ont donc frôlé la victoire, offrant par là-même une sérieuse preuve de leur vaste capacité de mobilisation populaire. Par conséquent, la tendance actuelle ne devrait pas nous induire à croire en la théorie déterministe affirmant la mort du mouvement souverainiste, celle-ci ayant été infirmée récemment par la Grande-Bretagne qui décida de sortir de l’Union Européenne. Qui l’eut cru ? Tout est donc exposé au changement, même ce qui paraît ancré à tout jamais.

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